L’Ame et la Danse
Enregistrement : Audiocite.net
Publication : 2023-08-17
Lu par Christiane-Jehanne
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Dialogues entre Socrate, Eryximaque, Phèdre.
Et, enfin, Athikté... la sublime.
Le corps et l'esprit
La danse, le mouvement, l'énergie, la philosophie de la Danse
Texte absolument merveilleux.
Extraits :
... « SOCRATE
Par les dieux, les claires danseuses !... Quelle vive et gracieuse introduction des plus parfaites pensées !... Leurs mains parlent, et leurs pieds semblent écrire. Quelle précision dans ces êtres qui s'étudient à user si heureusement de leurs forces moelleuses !... Toutes mes difficultés me désertent, et il n'est point à présent de problème qui m'exerce, tant j'obéis avec bonheur à la mobilité de ces figures ! Ici, la certitude est un jeu ; on dirait que la connaissance a trouvé son acte, et que l'intelligence tout à coup consent aux grâces spontanées... Regardez celle-ci !... la plus mince et la plus absorbée dans la justesse pure... Qui donc est-elle ?... Elle est délicieusement dure, et inexprimablement souple... Elle cède, elle emprunte elle restitue si exactement la cadence, que si je ferme les yeux, je la vois exactement par l'ouïe. Je la suis, et je la retrouve, et je ne puis jamais la perdre ; et si, les oreilles bouchées, je la regarde, tant elle est rythme et musique qu'il m'est impossible de ne pas entendre les cithares.
PHÈDRE
C'est Rhodopis, je crois, celle-ci qui t'enchante.
SOCRATE
De Rhodopis, alors, l'oreille est merveilleusement liée à la cheville... Qu'elle est juste !... Le vieux Temps en est tout rajeuni !
ÉRYXIMAQUE
Mais non, Phèdre !... Rhodopis est l'autre, qui est si douce, et si aisée à caresser indéfiniment de l'oeil.
SOCRATE
Mais alors, qui donc est le mince monstre de souplesse ?
ÉRYXIMAQUE
Rhodonia.
SOCRATE
De Rhodonia, l'oreille est merveilleusement liée à la cheville. »
...
« SOCRATE
Eh bien, ne te semble-t-il pas, Éryximaque, et à toi, mon cher Phèdre, que cette créature qui vibre là-bas, et qui s'agite adorablement dans nos regards, cette ardente Athikté qui se divise et se rassemble, qui s'élève et qui s'abaisse, qui s'ouvre et se referme si promptement, et qui paraît appartenir à d'autres constellations que les nôtres, — a l'air de vivre, tout à fait à l'aise, dans un élément comparable au feu, — dans une essence très subtile de musique et de mouvement, où elle respire une énergie inépuisable, cependant qu'elle participe de tout son être, à la pure et immédiate violence de l'extrême félicité ? — Que si nous comparons notre condition pesante et sérieuse, à cet état d'étincelante salamandre, ne vous semble-t-il pas que nos actes ordinaires, engendrés successivement par nos besoins, et que nos gestes et nos mouvements accidentels, soient comme des matériaux grossiers, comme une impure matière de durée, — tandis que cette exaltation et cette vibration de la vie, tandis que cette suprématie de la tension, et ce ravissement dans le plus agile que l'on puisse obtenir de soi-même, ont les vertus et les puissances de la flamme ; et que les hontes, les ennuis, les niaiseries, et les aliments monotones de l'existence s'y consument, faisant briller à nos yeux ce qu'il y a de divin dans une mortelle ?
PHÈDRE
Admirable Socrate, regarde vite à quel point tu dis vrai !... Regarde la palpitante ! On croirait que la danse lui sort du corps comme une flamme ! »
L'Ame et la Danse
L'Âme et la Danse 1921 (free.fr)
Source: https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99%C3%82me_et_la_Danse
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