Le Repas
Enregistrement : Audiocite.net
Publication : 2020-08-07
Lu par Daniel Luttringer
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Extrait du recueil Les quatre Saisons de Stuart Merrill Stuart (1863-1915).
Voici, amie, sur la table de sapin blanc
Qu’égaie un pot rustique de roses et de lis,
La jatte pleine de lait et la miche de pain bis
Et la corbeille toute lourde d’amandes et de cerises
Où notre faim mordra bientôt à pleines dents.
C’est l’heure gaie du repas où nous nous volons, comme des enfants,
De bouche à bouche, de bons baisers avec les fruits,
Et c’est l’heure grave du silence des alouettes
Où les cloches, de bourg à bourg, sonnent ensemble midi.
Viens ! J’entends dans la chambre haute ton rire de fillette
Répondre au roucoulement tendre des tourterelles
Qui se rengorgent de désir dans leur cage d’osier.
Viens ! nous nous aimons et la saison est belle.
La porte s’est ouverte sans bruit sur le jardin
Où l’on entend, de corolle à corolle, bruire les abeilles
Comme des âmes butinant le miel béni du Bien.
Une bergeronnette chante sous les capucines vermeilles,
Aiguë et douce, la joie des jours dans les futaies
Et la paix des nuits, au nid, de soleil à soleil ;
Des fleurs, je crois, vont éclore en nos cœurs,
Et nos paroles seront des oiseaux de bonheur
Qui crieront à plein vol la gloire de cet été.
Je fermerai légèrement les volets verts
Pour que le soleil où la poussière s’irise
Ne blesse pas tes yeux, amie sage
Dont le regard me fait rêver à toute la mer !
La mer ! L’entends-tu par-delà le village
Et ses toits roses qui fument, et l’église grise,
Tonner, monotone comme un ancien remords,
Sur la plage où, l’hiver, s’échouèrent tant de morts ?
Mais non ! Nous avons oublié jusqu’au nom de l’hiver,
Ô mon amie aimée qui a tant souffert
Avant d’apprendre à rire dans l’asile de mes bras,
Et à laisser, au long des heures, danser tes pas !
Oh ! tes pieds dans l’escalier, et le bruit de ta robe,
Et cette chanson fleurie au bord de tes lèvres,
Et soudain la porte qui cède, ton geste qui se dérobe,
Et ton baiser livré dans une si jolie fièvre !
Amie, je veux oublier que l’on pleure sur la route
Et que les cloches tout à l’heure sonneront, graves, le glas
Pour une âme qui peut-être n’est pas encore absoute.
Je veux ravir au temps cette minute de bonheur
Et croire que toute la terre est heureuse comme nous.
Viens donc, puisque midi sonne parmi les fleurs,
T’attarder, en faisant ta voix lente et tes regards doux,
À cette table aussi sainte que celle où jadis
Jésus se donna aux hommes.
Avec des roses et des lis,
Voici la jatte de lait et la miche de pain bis
Et la corbeille toute lourde d’amandes et de cerises.
Source: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54865r/f57
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Cet enregistrement est mis à disposition sous un contrat Creative Commons BY (attribution) SA (Partage dans les mêmes conditions).
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Commentaires :
Message de Claryssandre
Oups ! Désolée d'avoir mal orthographié votre prénom chère Lili !
Oups ! Désolée d'avoir mal orthographié votre prénom chère Lili !
Message de Claryssandre
Chers Lily et Daniel, pardonnez moi de m'immiscer
dans votre échange mais je ne peux résister... Si jeune et surprenante Lily, chaque fois que je vous lis je suis estourbie, ébahie, béate d'admiration et de surprise ! Quelle maîtrise du français ! Le vocabulaire et la syntaxe certes, mais, mieux que tout, vous avez le don de la "musicalité" des mots, la fluidité du style qui en découle... La fraîcheur en prime ! C'est si rare et donc précieux. C'est un plaisir de vous écouter mais également de vous lire. Vous êtes la preuve que "la valeur n'attend point le nombre des années" ! Bonne journée à vous deux, à tous !
Chers Lily et Daniel, pardonnez moi de m'immiscer
dans votre échange mais je ne peux résister... Si jeune et surprenante Lily, chaque fois que je vous lis je suis estourbie, ébahie, béate d'admiration et de surprise ! Quelle maîtrise du français ! Le vocabulaire et la syntaxe certes, mais, mieux que tout, vous avez le don de la "musicalité" des mots, la fluidité du style qui en découle... La fraîcheur en prime ! C'est si rare et donc précieux. C'est un plaisir de vous écouter mais également de vous lire. Vous êtes la preuve que "la valeur n'attend point le nombre des années" ! Bonne journée à vous deux, à tous !
Message de Daniel Luttringer
Tu es, lili, la fraîcheur incarnée, et par ces temps de canicule, une bénédiction ! Merci à toi.
Tu es, lili, la fraîcheur incarnée, et par ces temps de canicule, une bénédiction ! Merci à toi.
Message de lili
Merci beaucoup Daniel Luttringer pour cette exquise lecture, qui m'a tout de suite donné envie de boire la jatte pleine de lait, de manger la miche de pain bis et la corbeille toute lourde d'amandes et de cerises ! Et mon repas n'eut pas lieu à ma table, dans mon assiette et mon verre, mais dans votre voix ! Je vous souhaite une agréable journée enluminée d'un soleil que je vous aurai chaleureusement envoyé ! lili (✿•‿•)
Merci beaucoup Daniel Luttringer pour cette exquise lecture, qui m'a tout de suite donné envie de boire la jatte pleine de lait, de manger la miche de pain bis et la corbeille toute lourde d'amandes et de cerises ! Et mon repas n'eut pas lieu à ma table, dans mon assiette et mon verre, mais dans votre voix ! Je vous souhaite une agréable journée enluminée d'un soleil que je vous aurai chaleureusement envoyé ! lili (✿•‿•)
Message de Daniel Luttringer
Votre commentaire est en lui-même une poésie, Chrismarie ! Merci à vous.
Votre commentaire est en lui-même une poésie, Chrismarie ! Merci à vous.
Message de Chrismarie
J'aime, oh oui j'aime beaucoup cette simplicité champêtre ou un nouveau Daniel nous ouvre une porte. Une campagne verdoyante pleine de fleurs et de fruits et qui dans l'heure anéantit la sécheresse. Celle d'une nature qui, tout autour de nous, se meure d'inquiétude. Alors revient sur nos tables la couleur de ce pain bis et l'odeur du four à pain qui veille depuis tant de siècles. Et ce cœur, inlassablement, qui frémit aux moindres exigences de sa propre nature. Quel bonheur, Daniel de vous retrouver! Cette poésie est pleine de rosée et nous désaltérera cette journée…..
J'aime, oh oui j'aime beaucoup cette simplicité champêtre ou un nouveau Daniel nous ouvre une porte. Une campagne verdoyante pleine de fleurs et de fruits et qui dans l'heure anéantit la sécheresse. Celle d'une nature qui, tout autour de nous, se meure d'inquiétude. Alors revient sur nos tables la couleur de ce pain bis et l'odeur du four à pain qui veille depuis tant de siècles. Et ce cœur, inlassablement, qui frémit aux moindres exigences de sa propre nature. Quel bonheur, Daniel de vous retrouver! Cette poésie est pleine de rosée et nous désaltérera cette journée…..
Message de Daniel Luttringer
Une fois n'est pas coutume, une petite incursion dans cette poésie délicatement champêtre...! Merci, Claude.
Une fois n'est pas coutume, une petite incursion dans cette poésie délicatement champêtre...! Merci, Claude.
Message de claude Fée
Magique !
Magique !
Chère Claryssandre, tout d'abord merci infiniment pour vos si aimables et chaleureuses éloges ! J'en ai été très touchée et comme vous, j'en suis restée "estourbie" ! Grâce à vous, mon vocabulaire s'enrichit de ce nouveau mot ! Il n'y a eu, non pas une, mais mille fées de la gentillesse qui se sont penchées sur votre berceau !
Merci beaucoup Claryssandre et Daniel pour ce si bon "repas" partagé, composé de vos succulentes paroles ! lili (✿•‿•)