'Haine' de classe
Enregistrement : Audiocite.net
Publication : 2009-07-31
Lu par Christophe
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'Haine' de classe
La tension sociale est évidente dans le contexte de crise économique qui entraîne encore plus de suppressions d'emplois et aggravation du nombre de délocalisations. Si le langage des observateurs sur la situation reste toujours prisonnier du marxisme du 19è siècle, l'état de l'économie n'est plus le même qu'alors.
Pour se situer au seul niveau social, des amortisseurs existent maintenant qu'il n'y avait pas en 1850 ni même en 1929. La vie des travailleurs n'a rien de comparable en Europe à ce qu'elle était alors. On a pourtant l'impression que la « lutte des classes » est devenue aujourd'hui une « haine des classes » qui s'impose à ceux qui sont touchés le plus durement par le chômage.
La tradition ouvrière a préservé l'outil de travail dans ses luttes, quoiqu'il y ait eu des exceptions remarquées. Mais la dureté de certaines actions récentes, le chantage, les séquestrations de dirigeants deviennent monnaie courante et font tache d'huile. Il n'y a pas de résignation comme cela était après la crise de 1929, dont John Steinbeck nous a donné des descriptions saisissantes.
Il y a actuellement un refus des salariés d'assumer les conséquences de la crise à la place des responsables, ceux qui, pour s'enrichir plus et plus vite, ont pris les risques avec l'argent des autres, en évitant de risquer de se ruiner eux-mêmes…
S'il n'y a pas encore, apparemment, de menace d'explosion populaire, il apparaît un ferme rejet des capitalistes gestionnaires et des technocrates qui manipulent l'économie avec cynisme et mépris des autres… Ceux qui ont en main les leviers économiques et qui agissent seulement dans leur propre intérêt, au détriment de l'intérêt général, sachant que l'Etat viendra, en cas de besoin, à leur rescousse pour éviter le chaos de la faillite des entreprises qu'ils dirigent !
Le refus de cette « superclasse » à renoncer à des bonus mirifiques, en pleine déconfiture des banques qu'elle avait entraînées à la ruine, sa prétention à se doter de nouveaux avantages, à retrouver ceux dont elle bénéficiait antérieurement, à peine sortie, grâce à l'Etat, de la faillite… la morgue avec laquelle elle pose dans l'égoïsme corporatif de ceux qui ne risquent rien et veulent tout… cela entraîne une réaction de haine de ceux qui supportent avec la perte de leur emploi la conséquence des actes de ces responsables qui se refusent à se considérer coupables !...
Il y a le comportement amoral d'un certain patronat et l'affichage cynique du manque de solidarité avec la progression ces dernières années des rémunérations des « grands » patrons… Les bonus, les parachutes dorés, les retraites chapeau repartent à nouveau, alors que les rémunérations des employés sont bloquées, que l'on licencie et que l'on menace de délocaliser… en raison de la crise.
Quand les décisions sont justes il est raisonnable que les responsables en soient bénéficiaires à condition de ne pas oublier ceux qui ont exécuté le travail… Quand les décisions n'ont servi qu'à flatter la mégalomanie d'un PDG qui n'a pris aucun risque personnel et qui a fait se fracasser une entreprise avec ses salariés… peut-on encore et pendant combien de temps admettre qu'il en tire bénéfice malgré tout en faisant payer les pots cassés par les seuls employés ?...
La rage des salariés ne s'exprime que dans le cadre des plans sociaux. Elle n'a pas été reprise par des groupuscules doctrinaires la traduisant en attentats comme ce fut le cas dans des périodes pourtant de croissance avec Action Directe en France, ou la Fraction Armée Rouge en Allemagne ou les équivalents de droite et de gauche en Italie. Les syndicats, malgré leur faiblesse, ont su maintenir les actions dans la cadre des entreprises sans récupération idéologique externe.
Si la crise ne donne pas lieu à expression politique dans un contexte de désorientation et de désillusion qui encourage au désengagement collectif, il faudra rester attentif aux séquelles de la fracture sociale qui se manifeste de plus en plus entre les « décideurs » et ceux qui subissent leurs décisions.
Il n'y a plus d'idéologie politique crédible. Il ne faudra pas qu'en sortie de crise on en soit resté encore à l'immobilisme idéologique datant de deux siècles. Quel néo-Marx, quel néo-Keynes pourront faire l'analyse de ce passage dramatique et en tirer un projet de société adapté au 21è siècle, fécond en applications politiques ?...
Socialisme… Social-démocratie… ou Charte sociale contraignante qui prévoie un progrès social pour tous, équilibrant des bénéfices justes pour des dirigeants responsables mais les encadrant sans sacrifier les salariés ?...
Peu importe le nom qui en sortira à la fin, mais les notions de responsabilité et de solidarité devront être derrière l'idéologie nouvelle, garantie par un Etat fort pouvant appliquer les sanctions nécessaires en cas de dérapage !...
Difficile ?...
Indispensable pour créer une dynamique de consensus ne refusant pas les reformes nécessaires, car on est au 21è siècle…
Il faut dépasser les analyses de 1850 et tenir compte de tout ce qui a transformé le monde depuis… et oublier les idéologues qui n'ont rien appris depuis Marx revu par Lénine et Staline et qui rêvent encore avec les anarchistes de supprimer le salariat comme solution aux problèmes de société !
Raymond BELTRAN
Le 25 juillet 2009
La tension sociale est évidente dans le contexte de crise économique qui entraîne encore plus de suppressions d'emplois et aggravation du nombre de délocalisations. Si le langage des observateurs sur la situation reste toujours prisonnier du marxisme du 19è siècle, l'état de l'économie n'est plus le même qu'alors.
Pour se situer au seul niveau social, des amortisseurs existent maintenant qu'il n'y avait pas en 1850 ni même en 1929. La vie des travailleurs n'a rien de comparable en Europe à ce qu'elle était alors. On a pourtant l'impression que la « lutte des classes » est devenue aujourd'hui une « haine des classes » qui s'impose à ceux qui sont touchés le plus durement par le chômage.
La tradition ouvrière a préservé l'outil de travail dans ses luttes, quoiqu'il y ait eu des exceptions remarquées. Mais la dureté de certaines actions récentes, le chantage, les séquestrations de dirigeants deviennent monnaie courante et font tache d'huile. Il n'y a pas de résignation comme cela était après la crise de 1929, dont John Steinbeck nous a donné des descriptions saisissantes.
Il y a actuellement un refus des salariés d'assumer les conséquences de la crise à la place des responsables, ceux qui, pour s'enrichir plus et plus vite, ont pris les risques avec l'argent des autres, en évitant de risquer de se ruiner eux-mêmes…
S'il n'y a pas encore, apparemment, de menace d'explosion populaire, il apparaît un ferme rejet des capitalistes gestionnaires et des technocrates qui manipulent l'économie avec cynisme et mépris des autres… Ceux qui ont en main les leviers économiques et qui agissent seulement dans leur propre intérêt, au détriment de l'intérêt général, sachant que l'Etat viendra, en cas de besoin, à leur rescousse pour éviter le chaos de la faillite des entreprises qu'ils dirigent !
Le refus de cette « superclasse » à renoncer à des bonus mirifiques, en pleine déconfiture des banques qu'elle avait entraînées à la ruine, sa prétention à se doter de nouveaux avantages, à retrouver ceux dont elle bénéficiait antérieurement, à peine sortie, grâce à l'Etat, de la faillite… la morgue avec laquelle elle pose dans l'égoïsme corporatif de ceux qui ne risquent rien et veulent tout… cela entraîne une réaction de haine de ceux qui supportent avec la perte de leur emploi la conséquence des actes de ces responsables qui se refusent à se considérer coupables !...
Il y a le comportement amoral d'un certain patronat et l'affichage cynique du manque de solidarité avec la progression ces dernières années des rémunérations des « grands » patrons… Les bonus, les parachutes dorés, les retraites chapeau repartent à nouveau, alors que les rémunérations des employés sont bloquées, que l'on licencie et que l'on menace de délocaliser… en raison de la crise.
Quand les décisions sont justes il est raisonnable que les responsables en soient bénéficiaires à condition de ne pas oublier ceux qui ont exécuté le travail… Quand les décisions n'ont servi qu'à flatter la mégalomanie d'un PDG qui n'a pris aucun risque personnel et qui a fait se fracasser une entreprise avec ses salariés… peut-on encore et pendant combien de temps admettre qu'il en tire bénéfice malgré tout en faisant payer les pots cassés par les seuls employés ?...
La rage des salariés ne s'exprime que dans le cadre des plans sociaux. Elle n'a pas été reprise par des groupuscules doctrinaires la traduisant en attentats comme ce fut le cas dans des périodes pourtant de croissance avec Action Directe en France, ou la Fraction Armée Rouge en Allemagne ou les équivalents de droite et de gauche en Italie. Les syndicats, malgré leur faiblesse, ont su maintenir les actions dans la cadre des entreprises sans récupération idéologique externe.
Si la crise ne donne pas lieu à expression politique dans un contexte de désorientation et de désillusion qui encourage au désengagement collectif, il faudra rester attentif aux séquelles de la fracture sociale qui se manifeste de plus en plus entre les « décideurs » et ceux qui subissent leurs décisions.
Il n'y a plus d'idéologie politique crédible. Il ne faudra pas qu'en sortie de crise on en soit resté encore à l'immobilisme idéologique datant de deux siècles. Quel néo-Marx, quel néo-Keynes pourront faire l'analyse de ce passage dramatique et en tirer un projet de société adapté au 21è siècle, fécond en applications politiques ?...
Socialisme… Social-démocratie… ou Charte sociale contraignante qui prévoie un progrès social pour tous, équilibrant des bénéfices justes pour des dirigeants responsables mais les encadrant sans sacrifier les salariés ?...
Peu importe le nom qui en sortira à la fin, mais les notions de responsabilité et de solidarité devront être derrière l'idéologie nouvelle, garantie par un Etat fort pouvant appliquer les sanctions nécessaires en cas de dérapage !...
Difficile ?...
Indispensable pour créer une dynamique de consensus ne refusant pas les reformes nécessaires, car on est au 21è siècle…
Il faut dépasser les analyses de 1850 et tenir compte de tout ce qui a transformé le monde depuis… et oublier les idéologues qui n'ont rien appris depuis Marx revu par Lénine et Staline et qui rêvent encore avec les anarchistes de supprimer le salariat comme solution aux problèmes de société !
Raymond BELTRAN
Le 25 juillet 2009
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