Un conte serbe sur le destin par Charles Simond (1837-1916) extrait du recueil Contes d'Orient et d'Occident paru en 1889.

« - Iliya, joie de mes yeux, tu pars pour l'armée, et ta pauvre vieille mère n'a rien à te donner que ce florin. Pauvre cher cœur, c'est mon offrande à moi ; il m'a été offert par le père de mon mari, par ton grand'père, quand ton père vint demander ma main. Ton père lui-même l'a emporté trois fois à la guerre, et trois fois il me l'a rapporté. Il a eu bien des malheurs, ton pauvre père ; bien souvent l'argent lui a fait défaut, mais jamais il n'a pu se résoudre à faire abandon de mon cadeau de noces. Garde-le, mon fils, et ne t'en sépare point, quel que soit ton sort ; quand même tu serais dans le plus cruel dénuement, fais comme ton père, ne le dépense point; et même, à ces heures difficiles, songe que la nuit porte conseil, que la journée de demain ne ressemble pas toujours à celle de la veille, et conserve ton florin. »

Source: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62259657/f186