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Illustration: En Ribouldinguant (Part.3) - Alphonse Allais

En Ribouldinguant (Part.3)

(Version Intégrale)

Enregistrement : Audiocite.net
Publication : 2019-12-19

Lu par Alain Bernard
Livre audio de 58min
Fichier mp3 de 62,1 Mo

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Une pincée d'aventures récentes Est-ce que — là, franchement ! — ça ne vous ennuierait pas trop que je vous conte mon après-midi de dimanche dernier ? — Au contraire ! vous récriez-vous gentiment. Je ne vois, dans votre charmante protestation, qu'une aimable courtoisie ; je semble la tenir pour argent comptant... et je marche. Le matin, j'avais reçu un mot d'une préalable petite bonne amie à moi, désormais en province, épisodiquement à Paris, et pour laquelle je conservais je ne sais quelle tendresse inaltérable. (Inaltérable est excessif, on le verra tout à l'heure.) [1] « Forcée de partir lundi au lieu de mardi, si tu veux nous voir, viens dimanche après-midi, foire au pain d'épices. Y serai avec ma soeur. Bien le divin tonnerre si on ne se rencontre pas ! » Étrange rendez-vous, ne manquai-je pas d'observer ; mais je suis fait à ces façons, toujours d'imprévu. Je déjeunai chez Léon Gandillot. (Tous les dimanches que je suis à Paris, je prends mon repas du dimanche matin chez le jeune et déjà célèbre auteur dramatique.) Je sortis de chez cet homme de théâtre sur le coup de deux heures. Rue des Martyrs, pas un sapin ! Faubourg Montmartre, pas un sapin ! Aux boulevards, pas un sapin ! Ah ! c'était gai ! Et l'Heure, qui n'a pas besoin de voiture pour marcher, elle, s'avançait à grands pas. Quand je dis pas un sapin, entendons-nous. Il en passait des tas, mais tous lotis de leurs voyageurs. Alors, c'est comme s'il n'en eût point passé. Soudain... Un peu avant la Porte-Saint-Denis, stoppa un fiacre découvert qui se dégorgea de son client. Le jaguar le plus déterminé de la jungle ne se fût point approché en moins de temps (qu'il n'en faut pour l'écrire) que je ne le fis. Trop tard, hélas ! Une vieille petite bonne femme, pleine de respectabilité et sur la robe de soie de laquelle s'allongeait une chaîne d'or du bon vieux temps, indiquait déjà sa destination au cocher. J'entendis qu'elle allait boulevard de Charonne. Justement, ma direction ! — Pardon, madame, fis-je, la face emmiellée de mon plus lâche sourire, est-ce que... Et je lui expliquai la situation. — Mais, comment donc ! acquiesça l'exquise créature. Je m'installai. La petite vieille était loquace. Elle allait voir sa fille et son gendre, récemment installés dans une des meilleures maisons du boulevard de Charonne, maison dans laquelle ils avaient fichtre bien fait trente mille francs de frais. Nous étions arrivés. Je voulus payer, ainsi qu'il sied au paladin français. Mais la petite vieille s'y refusa avec une obstination comique et des raisonnements que je ne m'expliquais point. Ma foi, n'est-ce pas ?... Et elle entra dans la maison de sa fille et de son gendre. Une grande stupeur m'envahit, dès lors. Cette maison, c'était une maison, — quels termes emploierais-je, grand Dieu ! — c'était une maison de rapid flirt, comme on dit à Francisco. Je n'en dirai point le numéro, parce que ce serait de cette publicité gratuite dont l'abus déterminerait la mort des quotidiens ; mais je puis vous affirmer que c'était un rude numéro. J'en ai encore plein les yeux ! Cinq minutes et je me trouvais place du Trône. Bientôt, je rencontrai ma jeune amie, qui descendait, toute rose, des Montagnes-Russes. Nous n'avions pas cheminé plus d'un hectomètre qu'elle me déclarait que si j'étais venu là pour la raser avec mes observations idiotes, je pouvais parfaitement retourner à l'endroit d'où je venais. Et puis, voilà ! Ce à quoi je répondis, sans plus tarder, qu'elle avait toujours été et qu'elle ne serait jamais qu'une petite grue ; que, d'ailleurs, j'avais depuis longtemps copieusement soupé de sa fiole. Et puis, voilà ! Et nous nous quittâmes sur un froid coup de chapeau de moi, accueilli par un formidable haussement d'épaules de sa part. Pas plus de voitures pour s'en aller que je n'en avais trouvé pour venir. Au reste, un peu énervé et ne sachant que faire de ma vesprée, je n'étais pas fâché de marcher un peu. Je dégringolai à pied le boulevard Voltaire, le joyeux et bien parisien boulevard Voltaire. Arrivé place de la République, j'aperçus un de ces grands omnibus qui vous mènent de certains points déterminés à la gare Saint-Lazare, ou de la gare Saint-Lazare à ces mêmes points déterminés. Jamais je ne m'étais servi de ce mode de locomotion. Il y avait donc là une occasion unique de débuter dans la carrière, puisque je devais dîner le soir à Maisons-Laffitte. Je m'installai sur l'impériale. Mais voilà-t-il pas... Tais-toi, ma rancune. Voilà-t-il pas que, boulevard des Italiens, j'aperçus des gens que j'avais intérêt à rencontrer. J'émis la peu farouche prétention de descendre. — Pardon, fit le conducteur, vous n'avez pas le droit de descendre avant la gare Saint-Lazare. — Je n'ai pas le droit de descendre ? Je n'ai pas le droit de descendre où je veux ? — Non, monsieur. — Eh bien ! nous allons voir ça ! J'allais employer la violence quand je fus séduit par l'étrangeté de la situation. Un citoyen français, libre, innocent, ayant payé sa place, n'aurait pas le droit de descendre d'une voiture publique, à tel moment qu'il lui plairait ! — Non, monsieur. Tous les voyageurs me donnaient tort et semblaient prendre en pitié ma déplorable ignorance. Un vieux monsieur, officier de la Légion d'honneur, me demanda : — Vous êtes étranger, sans doute ? — Mon Dieu, monsieur, je suis étranger sans l'être, étant né dans le Calvados de parents français. Le vieux monsieur mit une infinie bienveillance à m'expliquer le monopole de la Compagnie des Omnibus et une foule de patati et de patata, le tout dans une langue et avec des idées d'esclave qui accepte le monopole du même dos que les nègres de la Jamaïque acceptent les coups de matraque. Comme, après tout, je m'en fichais, je pris mon parti de l'aventure, décidé à m'amuser de la fiole de ce vieillard décoré mais servile. — Moi, monsieur, m'écriai-je, je suis un homme libre, et je ne me laisse pas épater par l'oeil des barbares ! Il ne comprenait pas bien. Je repris : — Alors, vous, monsieur, vous êtes de ceux qui sanctionnent le monopole par la voie de la séquestration ambulante ?... Car, je suis séquestré ! Ambulatoirement, j'en conviens, mais enfin, je suis séquestré ! Je ne sais pas ce qui passa dans la tête de mon bonhomme, à ce moment. Il se leva, fit signe au conducteur de me laisser descendre, ajoutant : — Je prends ça sur moi. C'était peut-être une grosse légume. Pauvre garçon OU LA VIE PAS DRÔLE — Y a qu'à moi que ça arrive, ces machines-là ! Mon respect bien connu pour la vérité m'oblige à confirmer l'exactitude du dire de mon ami. Des catastrophes ? Non, pas des catastrophes ; mais un bombardement sans cesse ni trêve de petites mistoufles comiques, pittoresques et jusqu'alors invues. Il a fini par en prendre son parti, le pauvre mésaventurier, et lui-même nous compte ses plus récentes histoires avec un bon sourire ahuri, mais résigné. — Y qu'à moi que ça arrive, ces machines-là ! conclut-il sagement. Ça m'est toujours une bonne fortune de le rencontrer, certain que ma soif de nouveau trouvera son compte — un peu cruel, peut-être — au récit d'infortunes inédites. — Quoi de nouveau, mon vieux ? fais-je hypocritement. Toujours content ? — Content ?... Tu te moques de moi, dis ? Content ! Enfin, je me fais une raison ! Et toi ? — Parfaitement heureux, merci, plus heureux même que je mérite. — Ça ne se mérite pas, le bonheur... malheureusement !... Car ça commencerait bien à être mon tour. — Encore embêté ? — Bien sûr !... Imagine-toi que j'ai couché au poste, lundi dernier. — Couché au poste, toi ! le plus tranquille des hommes ! — Parfaitement ! Moi, le plus tranquille des hommes !... j'ai couché au poste ! — Et pour quelle cause ? — Pour cause de soûlographie. — Pour cause de soûlographie, toi ! Le plus sobre des hommes ! — Parfaitement ! Moi, le plus sobre des hommes ! Couché au poste !... Pour cause de soûlographie ! — Mais, enfin... — Oh ! ça n'est pas bien compliqué, va !... Lundi dernier, je rencontre rue Royale, vers six heures, Cap (Martin), le cousin du Captain. Il me fait entrer à l'Irish Bar, et commande un gin-soda. Moi, qui ai la profonde horreur de toutes ces saloperies anglo-saxonnes, je demande un simple vermout-cassis. Une heure après, j'étais couché, ivre-mort, au poste de l'Opéra. — Ivre-mort ? Avec un vermout-cassis ? — Parfaitement !... Y a qu'à moi que ça arrive, ces machines-là ! Voici ce qui s'est passé : Tu sais que chez Reynolds, on sert le gin dans de grandes carafes qu'on pose devant le client... Moi, prenant ça pour de l'eau, j'ai gorgé mon vermout de ce spiritueux. — Tu ne t'es pas aperçu en buvant ? — Si... Je me disais : « Voilà un vermouth-cassis qui a un drôle de goût !... ça doit être un vermout-cassis américain !... Tu vois ça d'ici !... En sortant, je me suis mis à sauter sur les bancs du boulevard, à embrasser les bonnes femmes dans les kiosques à journaux, et à raconter aux sergots que j'avais connu Henri Brisson à la tête d'une maison mal famée de Châtellerault ! Tu devines bien qu'à ce train je n'ai pas moisi à l'air libre ! — Mon pauvre vieux ! — Y a qu'à moi que ça arrive, ces machines-là !... Et la semaine dernière, donc ! — Quoi encore ? — Je me commande un complet chez un petit tailleur qu'on m'avait recommandé... Un complet à carreaux épatant ! J'étrenne mon costume par une pluie torrentielle, sans parapluie, bien entendu (y a qu'à moi que ça arrive, ces machines-la !). Bon ! je vais me sécher à la Bibliothèque nationale, près d'un poêle. Voilà-t-il pas que mon complet, en séchant, se rétrécit, se rétrécit, au point que je semblais m'être vêtu avec le costume volé d'un petit garçon d'une douzaine d'années ! — Ça, ça peut arriver à tout le monde. — Oui, mais ce qui ne peut arriver qu'à moi, c'est le raisonnement que m'a tenu le tailleur quand je suis allé lui faire des reproches. Comme cet industriel le prenait de haut, assurant que les water-proofs n'étaient pas sa spécialité et que, moi, je lui disais simplement et souriant : « Pardon, monsieur, votre marchandise a perdu, sous l'averse, environ vingt pour cent de sa superficie, il serait de toute justice que vous tinssiez compte de cet incontestable déchet, » il me répondit, avec un toupet d'enfer : « Pardon, monsieur, si ma marchandise, au lieu de rétrécir, s'était allongée et élargie, seriez-vous venu de votre plein gré m'apporter une somme proportionnelle et supplémentaire ? » Qu'est-ce que tu veux objecter à ça ? — Rien, mon pauvre ami. — Je te le disais bien, mon vieux, y a qu'à moi que ça arrive, ces machines-là ! — Et du côté du coeur, au moins, es-tu plus heureux ? — Ah ! oui, parlons-en, il est chouette, mon coeur !... Jeudi dernier, je vais dîner dans la famille Crauck, et je tombe éperdument amoureux d'Odile, l'aînée des jeunes filles... — Je la connais, la petite Crauck (Odile), charmante ! — Éperdument amoureux ! Le lendemain je la rencontre dans une soirée, et je lui annonce ma visite pour le lendemain. Elle semble un peu étonnée et me demande la cause de cette démarche... Tu sais comme on est bête quand on est amoureux ? — Je sais. — Alors, je lui dis : « Mademoiselle, c'est que j'ai laissé quelque chose chez vous. — Quoi donc ? demanda-t-elle. — Mon coeur ! Ça n'était pas, évidemment, très spirituel, mais quand on est sincère... — Et que t'a-t-elle répondu ? — Jamais tu ne t'en douterais, et si froidement : « Monsieur, a-t-elle dit, je n'ai pas trouvé l'objet dont vous parlez, mais ce soir, en rentrant, je dirai à la bonne de regarder... Il est peut-être dans les balayures ! » — Mon pauvre garçon ! — Y a qu'à moi que ça arrive, ces machines-là ! Patriotisme économique Lettre à Paul Déroulède Mon cher Paul. Vous permettez, n'est-ce pas, que je vous appelle Mon cher Paul, bien que je n'aie jamais eu l'honneur de vous être présenté, pas plus que vous n'eûtes l'avantage de faire ma connaissance ? Je vous ai rencontré plusieurs fois, drapé d'espérance (laissez-moi poétiser ainsi votre longue redingote verte). Les pans de cette redingote claquaient au vent, tel un drapeau, et vous me plûtes. Et puis, qu'importent les présentations ? Entre certaines natures, on se comprend tout de suite ; on essuie une larme furtive, on réprime un geste d'espérance et on s'appelle Mon cher Paul. Comme vous, mon cher Paul, je n'ai rien oublié. Comme vous, je ronge le frein de l'espoir. J'ai les yeux constamment tournés vers l'Est, au point que cela est très ennuyeux quand je dîne en ville. Si la maîtresse de maison n'a pas eu la bonne idée de me donner une place exposée à l'Est, je me sens extrêmement gêné. Passe encore si la place est au Nord ou au Midi ; j'en suis quitte pour diriger mes yeux à droite ou à gauche. Mais quand on me place en plein Ouest, me voilà contraint de regarder derrière moi, comme si mes voisins me dégoûtaient ! Ah ! c'est une virile altitude que d'avoir les yeux tournés vers l'Est, mais c'est bien gênant, des fois ! Enfin, et pour que vous n'ayez aucun doute à mon égard, j'ajouterai que, selon la prescription du grand Patriote, je n'EN parle jamais, mais j'Y pense toujours. Cela posé, entrons dans le vif de la question. Vous devez bien comprendre, mon cher Paul, qu'avec le caractère ci-dessus décrit, j'ai la plus vive impatience de voir Français et Allemands se ruer, s'étriper, s'égueuler comme il sied à la dignité nationale de deux grands peuples voisins. Il n'y a qu'une chose qui m'embête dans la guerre, c'est sa cherté vraiment incroyable. On n'a pas idée des milliards dépensés depuis vingt-cinq ans, à nourrir, à armer, à équiper les militaires, à construire des casernes, à blinder des forts, à brûler des poudres avec ou sans fumée. Tenez, moi qui vous parle, j'ai vu dernièrement, à Toulon, un canon de marine dont chaque coup représente la modique somme de 1,800 fr. (dix-huit cents francs). Il faut que le peuple français soit un miché bougrement sérieux pour se payer de pareils coups. Vous l'avouerai-je, mon cher Paul, ces dépenses me déchirent le coeur ! Pauvre France, j'aimerais tant la voir riche et victorieuse à la fois ! Et l'idée m'est venue d'utiliser la science moderne pour faire la guerre dans des conditions plus économiques. Pourquoi employer la poudre sans fumée, qui coûte un prix fou, quand on a le microbe pour rien ? Intelligent comme je vous sais, vous avez déjà compris. On licencierait l'armée, on ferait des casinos dans les casernes, on vendrait les canons à la ferraille. On liquiderait, quoi ! Au lieu de tout cet attirail coûteux et tumultueux, on installerait discrètement de petits laboratoires ou l'on cultiverait les microbes les plus virulents, les plus pathogènes, dans des milieux appropriés. À nous les bacilles virgule, à nous les microbes point d'exclamation, sans oublier les spirilles de la fièvre récurrente ! Et allez donc !... Le jour où l'Allemagne nous embêtera, au lieu de lui déclarer la guerre, on lui déclarera le choléra, ou la variole, ou toutes ces maladies à la fois. Le ministère de la guerre sera remplacé, bien entendu, par le ministère des maladies infectieuses. Comme ce sera simple ! Des gens sûrs se répandront sur tous les points de la nation abhorrée et distribueront, aux meilleurs endroits, le contenu de leurs tubes. Ce procédé, mon cher Paul, a l'avantage de s'adresser à toutes les classes de la société, à tous les âges, à tous les sexes. L'ancienne guerre était une bonne chose, mais un peu spéciale, malheureusement : car on n'avait l'occasion que de tuer des hommes de vingt à quarante-cinq ans. Les gens à qui cela suffit sont de bien étranges patriotes. Moi, je hais les Allemands ; mais je les hais tous, tous, tous ! Je hais la petite Bavaroise de huit mois et demi, le centenaire Poméranien, la vieille dame de Francfort-sur-le-Mein et le galopin de Koenigsberg. Avec mon système, tous y passeront. Quel rêve ! Voyez-vous enfin les chères soeurs reconquises ? Peut-être que, grâce à mes microbes, les chères soeurs seront dénudées de leurs habitants ? Qu'importe ! Le résultat important sera obtenu : On n'EN parlera jamais et on n'Y pensera plus ! Enchanté, mon cher Paul, d'avoir fait votre connaissance, et bien du mieux chez vous. Six histoires dans le même cornet OU TOUJOURS LE SOURIRE SUR LES LÈVRES Moeurs américaines. Dans le parc de Rouse's point. Le soir, assez tard. On entend au loin les accords entraînants de Washington Post. (Washington Post est une new dance qui fera fureur à Paris cet hiver, vous pouvez m'en croire. Pour s'en procurer la musique avec les instructions, s'adresser à mon vieux camarade Whaley Royce, 158, Yonge street, Toronto. Les personnes qui voudraient éviter les frais de poste toujours coûteux, peuvent aller se procurer elles-mêmes ce morceau. En ce cas, ne pas quitter Toronto sans jeter un coup d'oeil sur les chutes d'eau du Niagara, un assez curieux phénomène naturel situé non loin de là.) Fermons la parenthèse. — Et vous, miss, vous ne dansez pas, ce soir ? — Non, pas ce soir. — Pourquoi cela, miss ? — Parce que j'ai des chaussettes et pas de pantalon. — Quelle blague ! — Voyez plutôt, répondit-elle en souriant. ⁂ Toulouse-Lautrec, le jeune peintre bien connu, a prêté un pantalon à M. Pascalis, le monarchiste célèbre, momentanément gêné. Bien que le sol fût totalement anhydre et Phoebus aveuglant, Pascalis a relevé le bas du pantalon. — Pourquoi ? fis-je. — Pour qu'on ne s'aperçoive pas qu'il est trop court, répondit-il en souriant. ⁂ Sa femme est gentille comme tout et, pourtant, il la trompe avec une grande bringue d'Anglaise, miss Aline, pas jolie pour un sou, mais dont le nom seul indique assez l'irréductible tendance à la luxure et à la sensualité. (Miss Aline pourrait arborer la devise de sa vieille homonyme romaine, Lassata non satiata, en supprimant, toutefois, lassata, car, au contraire, ça la repose, elle.) Il a pu découcher, l'autre jour (l'autre nuit serait plus exact, mais le temps me manque pour rectifier). Sous le fallacieux prétexte qu'il est vélocipédiste territorial, il a prétendu devoir assister à une manoeuvre de nuit du côté de Vaujours, blague infecte dans laquelle sa pauvre petite femme a coupé comme dans du beurre. Inutile de révéler en quoi consistèrent ces manoeuvres de nuit dont la rue Bernouilli fut le théâtre. (Elle en a vu bien d'autres, la rue Bernouilli.) Et, au retour, la petite femme : — Ça s'est bien passé ? — On ne peut mieux. — Ton pneu ne s'est pas dégonflé ? — Si, huit fois ! répondit-il en souriant. ⁂ Lune de miel. — Dis-moi, ma chérie, à quel moment t'es-tu aperçue, pour la première fois, que tu m'aimais ? — C'est quand je me suis sentie toute chagrine chaque fois qu'on te traitait d'idiot devant moi, répondit-elle en souriant. ⁂ Autre lune de miel. Lui, ardent et tendre. Elle, bébête. Elle. — Alors, c'est bien vrai ? Son petit Jujules aime bien sa petite Nini ? Lui. — Mais oui, je t'aime bien ! — Beaucoup, beaucoup ? — Beaucoup, beaucoup ! — Encore plus beaucoup que ça ? — Encore plus beaucoup que ça ! — Alors, comme quoi qu'il l'aime, sa petite Nini ? — Comme un carme ! répondit-il en souriant. ⁂ Parisienne à bord. Après un flirt assez écourté, elle a consenti à le venir voir en sa cabine, — Tiens, vous ne tirez pas le rideau sur votre hublot. — À quoi bon ! Ce hublot donne sur la mer immense. Nous sommes à pas mal de milles de la plus prochaine terre. Dieu seul nous voit, et ce ne serait pas un pauvre petit rideau qui arrêterait le regard du Tout-Puissant. Après cette tirade, il enlaça la jeune personne. Mais elle : — Non, je vous en prie, tirez le rideau. — Pourquoi ? — Quelquefois qu'il passerait des canotiers ! répondit-elle en souriant. L'oiseuse correspondance Du flot montant de ma quotidienne correspondance, j'écume les suivantes communications tendant à démontrer que le record de la candeur est plus imbattable qu'on ne saurait croire. J'ai adopté, pour la reproduction des susdites, la manière monomorphe, afin d'épargner quelque fatigue au lecteur surmené. (Depuis longtemps, j'ai remarqué que la semaine de Pâques surmène le lecteur plus qu'il ne convient.) Première lettre : « Cher monsieur, « Permettrez-vous à un de vos nombreux lecteurs et admirateurs de vous fournir un sujet pour l'un de vos prochains articles ? « Voici : « Il s'agit d'un jeune commis israélite, nommé Caen, qui entre dans la maison Duseigneur (confections en tous genres). « Il fait l'affaire du patron qui l'associe, et de la fille du patron qu'il épouse. « Aussitôt, il devient gros comme le bras, M. Caen-Duseigneur. « Dieu bénit leur union, et une petite fille arrive qu'on dénomme Rachel. « Et, alors, cette petite fille s'appelle Rachel Caen-Duseigneur. « Vous le voyez, cher monsieur, ce thème est un peu mince, mais avec votre esprit et votre fantaisie, vous ne pouvez manquer d'en faire un de ces petits chefs-d'oeuvre dont vous êtes coutumier. « Agréez, etc. « L'aumônier de la tour Eiffel. Deuxième lettre : « Cher monsieur, « Permettrez-vous à deux de vos nombreux lecteurs et admirateurs de vous fournir un sujet pour l'un de vos prochains articles ? « Voici : « Il s'agit de deux messieurs qui voyagent sur le rapide de Paris au Havre : un monsieur malingre et menu, un gros individu robuste et corpulent. « Pour tuer le temps, le gros individu robuste et corpulent pose des devinettes au petit monsieur malingre et menu. « Malgré mille efforts, ce dernier n'arrive pas, et finalement : « — Voyons, fait-il timidement, mettez-moi sur la voie. « Le gros individu ne fait ni une, ni deux, et, prenant au pied de la lettre la proposition du petit monsieur, il le jette par la portière, sur les rails, brutalement. « Vous le voyez, cher monsieur, ce thème est un peu mince, mais avec votre esprit et votre fantaisie, vous ne pouvez manquer d'en faire un de ces petits chefs-d'oeuvre dont vous êtes coutumier. « Agréez, etc. « Sinon Evero et Ben Trovato. » Troisième lettre : « Cher monsieur, « Permettrez-vous à un de vos nombreux lecteurs et admirateurs de vous fournir un sujet pour l'un de vos prochains articles ? « Voici : « Il s'agit de jeunes gens qui arrivent au café. « Ils commandent deux verres de chartreuse. « — De la jaune ou de la verte ? demande le garçon. « — De la violette ! répond froidement l'un des jeunes gens. « — De la violette ? s'effare le garçon. Mais il n'y a pas de chartreuse violette ! « — Eh bien ! et la chartreuse de Parme, donc ? « Le garçon arbore une tête qui montre combien embryonnaire est son stendhalisme ! « Vous le voyez, cher monsieur, ce thème est un peu mince, mais avec votre esprit et votre fantaisie, vous ne pouvez manquer d'en faire un de ces petits chefs-d'oeuvre dont vous êtes coutumier. « Agréez, etc. « Un lecteur qui trouve énormément de chic à Got. » Quatrième lettre : « Cher monsieur, « Permettez-vous à une de vos nombreuses lectrices et admiratrices de vous fournir un sujet pour l'un de vos prochains articles ? « Voici : « Il s'agit d'un jeune homme dont les trois seuls vrais frissons dans la vie consistent : « 1° En une invétérée passion pour sa bonne amie qu'on appelle Tonton ; « 2° En un culte fervent pour l'oeuvre de M. Taine dont il possède, au meilleur de sa bibliothèque, tous les ouvrages ; « 3° En un attachement presque maternel pour un jeune thon qu'il élève dans un aquarium avec des soins touchants. « Or, un jour, ce jeune homme est forcé de s'absenter pendant quelques semaines pour (... trop long). « Quand il revient, un de ses amis l'attend à la gare, avec des yeux de funérailles. « — Mon pauvre vieux, dit cet homme triste, tu vas trouver ta maison bien vide... « — Pourquoi donc ? « — Gustave a profité de ton absence pour s'introduire chez toi et t'enlever Tonton, ton Taine et ton thon. « Vous le voyez, cher monsieur, le thème est un peu mince, mais avec votre esprit et votre fantaisie, vous ne pouvez manquer d'en faire un de ces petits chefs-d'oeuvre dont vous êtes coutumier. « Agréez, etc. « Une gardeuse de hannetons. » Je passe sous silence, entre autres correspondances, une lettre roulant entièrement sur les localités de la banlieue de Paris, et dans laquelle on se demande, non sans angoisses, ce que les bougies valent. « D'ailleurs, ajoute mon correspondant, est-on bien fixé sur la question de savoir si Levallois paierait... » Charmant, n'est-ce pas ? Dans un autre ordre d'idées, j'ai également reçu une lettre de M. Pierre Louys, un jeune littérateur de beaucoup de talent, qui veut bien m'informer du brevet qu'il vient de prendre pour se garantir la propriété de sa nouvelle invention, le Tabac sans fumée. La chose vaut la peine qu'on en reparle. J'y reviendrai, comme dit Sarcey, dans une de mes prochaines causeries. Un bien brave homme C'était un homme bon, mais bon dans toute l'énergie du terme. Je dirais presque qu'il était bon comme la lune, si la mansuétude de ce pâle satellite ne se panachait d'une candeur — pour ne dire plus — bien en passe de devenir légendaire. Il était aussi bon que la lune, mais plus intelligent. Chose étrange, les somptueuses catastrophes le remuaient moins profondément que les petites misères courantes. Le rapide de Nice aurait rencontré l'express du Havre, au grand écrabouillement de tous ces messieurs et dames, que notre ami se fût moins ému qu'au spectacle champs-élyséens de chèvres traînant, en leur minuscule voiture, une potée de trop lourds gosses. En ce dernier cas, et avec un air de rien, il poussait, de sa canne ou de son parapluie, le petit attelage, soulageant ainsi les maigres biques de quelques kilogrammètres. À Yves Guédon, l'infatigable apôtre des voitures automobiles, qui lui disait : — Vous devez être content ! Avec la nouvelle locomotion, les canassons pourront se reposer ! — Oui, répondit-il, mais tout cet infortuné pétrole qu'il faudra brûler ! Et tout ce malheureux coke ! Un individu qui chérit à ce point les chèvres des Champs-Élysées et la gazoline ne peut demeurer indifférent, vous le devinez sans peine, au sort des pêcheurs à la ligne. Il n'osait plus passer sur les quais, tellement la contemplation de ces pauvres êtres l'affligeait au plus creux du coeur. Au fond, il en voulait beaucoup aux poissons de ne pas mettre plus d'entrain à mordre à la ligne des pêcheurs parisiens. Il aimait mieux les pêcheurs que les poissons, voilà tout. Un beau jour, n'y pouvant tenir, il alla trouver le Captain Cap. — Captain, j'ai un gros service à vous demander ? — C'est déjà fait, répondit Cap avec sa bonne grâce coutumière. — Prêtez-moi un scaphandre ! — Mousse, clama Cap de sa voix de commandement, apporte un scaphandre à monsieur. (Le Captain Cap, qui fut longtemps président du conseil d'administration de la Société métropolitaine des scaphandriers du Cantal, détient encore un grand nombre de scaphandres, provenant sans doute de détournements.) Et depuis ce moment, chaque matin, notre ami se rend aux Halles, acquiert une forte provision de poissons de toutes sortes, qu'il insère en un vaste bac, lesté de pierres. Il revêt son scaphandre, et le voilà parti, passant sa journée à accrocher des carpes, des tanches, des brochets aux hameçons des pêcheurs étonnés et ravis. Parfois, à l'idée du plaisir qu'il cause là-haut, des larmes de bonheur lui viennent aux yeux. Il s'essuie avec son mouchoir, sans réfléchir qu'on n'a pas besoin d'essuyer ses yeux quand on est au fond de l'eau. L'autre jour, il connut le désappointement de ne trouver aux Halles aucune sorte de poisson ni d'eau douce, ni d'eau de mer. Il en fut réduit à accrocher aux lignes de ses amis des sardines à l'huile et des harengs saurs, et détermina ainsi une pêche qui plongea tous les ichthyographes du quai de la Mégisserie dans une vive stupeur. Une sale blague Ce que je vais vous conter l), mes bons petits lecteurs chéris, n'est peut-être pas d'une cocasserie excessive. Qu'importe, si c'est une bonne action, et c'en est une ! Vous permettrez bien à l'étincelant humoriste que je suis de se taire un jour pour donner la parole à l'honnête homme dont il a la prétention de me doubler. Ma nature frivole, et parfois facétieuse, m'a conduit à commettre un désastre irréparable peut-être. Fasse le Ciel que l'immense publicité donnée à ce récit en amortisse les déplorables effets ! C'était hier. J'avais pris, à la gare Saint-Lazare, un train qui devait me descendre à Maisons-Laffitte. Notre compartiment s'emplit à vue d'oeil. On allait partir, quand, à la dernière minute, monta une petite femme blonde assez fraîche et d'allure comiquement cavalière. Son regard tournant, tel le feu du phare de la Hève, inspecta les personnes et finit par s'arrêter sur moi. Elle me sourit d'un petit air aimable, comme une vieille connaissance qu'on est enchanté de rencontrer. Moi, ma foi, je lui adressai mon plus gracieux sourire et la saluai poliment. Mais j'avais beau chercher au plus creux de ma mémoire, je ne la reconnaissais pas du tout, mais, là, pas du tout. Et puis, par-dessus les genoux d'un gros monsieur, elle me tendit sa potelée petite main : — Comment ça va ? s'informa-t-elle. J'étais perplexe. Ma mémoire me trahissait-elle, ou bien si c'était une bonne femme qui me prenait pour un autre ? À tout hasard, je lui répondis que j'allais pas trop mal. — Et vous-même ? ajoutai-je. — Assez bien... Vous avez un peu maigri. — Peines de coeur, beaucoup. Ma maîtresse, tout le temps, dans les bras d'un autre. — Et le papa ? — Pas plus mal, merci. — Et la maman ? — Pas plus mal, non plus, merci. — Et vos petites nièces, ça doit être des grandes filles, maintenant ? Là, je fus fixé ! c'est la bonne femme qui se trompait. J'ai deux petits neveux, très gentils, André et Jacques ; mais encore pas l'ombre d'une nièce. Une fois avérée l'erreur de la dame, je fus tout à fait à mon aise et je répondis avec un incroyable sang-froid : — Mes petites nièces vont très bien. L'amputation a très bien réussi. — L'amputation !... Quelle amputation ? — Comment, vous ne savez pas ? On a coupé la jambe gauche à l'aînée, et le bras droit à la petite. — Oh ! les pauvres mignonnes ! Et comment cela est-il arrivé ? — À la suite d'un coup de grisou survenu dans leur pension, une pension bien mal surveillée, entre parenthèses. À mon tour, et avec une habileté diabolique, je m'enquis de la santé des siens. Toute sa famille y passa : une tante catarrheuse, un père paralytique, une belle-soeur poussive, etc. — Et vous allez sans doute à Évreux ? poursuivit-elle. — Oh ! non, madame ; je n'ai jamais refichu les pieds à Évreux depuis mon affaire. Le ton de réelle affliction sur lequel je prononçai mon affaire lui jeta un froid, mais un froid fortement mêlé de curiosité. — Vous avez eu... une affaire ? — Comment, madame, vous ne savez pas ? — Mais non. — Les journaux de Paris en ont pourtant assez parlé ! Une pause. — Eh bien ! madame, je puis vous le dire, à vous qui êtes une personne discrète... J'ai été condamné à six mois de prison pour détournement de mineure, proxénétisme, escroquerie, chantage, recel et gabegie. · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · — Maisons-Laffitte ! cria l'employé de la gare. Avant de débarquer, je tendis gracieusement ma main à la grosse dame, et d'un petit air dégagé : — Entre nous, n'est-ce pas ? Je n'avais pas mis le pied sur la terre ferme que j'étais désespéré de ma lugubre plaisanterie. À l'heure qu'il est, tout Évreux sait qu'un de ses fils a failli à l'honneur. Peut-être, des familles pleurent, des fiancées sanglotent, des pères se sont pendus dans leur grenier. J'en adjure les directeurs des feuilles locales ! Qu'ils fassent tirer (à mon compte) 10,000 (dix mille) numéros supplémentaires de leur journal relatant cette confession, et qu'ils les fassent répandre à profusion dans les grandes et petites artères d'Évreux. Que le jeune Ébroïcien, si légèrement compromis, puisse rentrer, par la grande porte, dans l'estime de ses concitoyens. Et alors, seulement, je pourrai dormir tranquille. Thérapeutique décorative et peinture sanitaire J'ai raconté, dans le temps — le souvenir n'en est-il pas encore tout frissonnant au coeur de tous ? — l'histoire de mon ami, ce peintre qui ne voulait pas boire du vin rouge en mangeant des oeufs brouillés, parce que ça lui faisait un sale ton dans l'estomac. Le même, mettant à la poste une grosse lettre suffisamment et polychromiquement affranchie, ajoutait un superflu timbre de quinze centimes pour faire un rappel de bleu. Le brave garçon ! Je l'ai revu l'autre jour, j'ai dîné avec lui en compagnie d'une jolie petite bonne amie qu'il détient depuis quelques jours, une drôle de mignonne et menue femmelette qui l'adore. J'ai pu constater qu'il est toujours dévoré par la folie du ton. Et j'ai appris une histoire qui m'a amusé, telle une baleine. Sa petite bonne amie, à la suite d'un chaud et froid, contracte naguère un fort rhume. (Pourquoi le chaud et froid est-il si pernicieux, alors que le froid et chaud ne cause même pas à l'organisme des dégâts insignifiants ? Loufoquerie de la nature !) — Ça ne sera rien que ça, dit le Dr Pelet (leur médecin). Badigeonnez-vous avec de la teinture d'iode. Tenez-vous bien au chaud. Prenez quelques pastilles X... (case à louer), et puis voilà ! Ce soir-là, mon ami et sa jeune compagne rentrèrent de bonne heure (minuit et demi), non sans avoir fait l'emplette d'une bouteille de teinture d'iode. — Avec un pinceau ? demanda la pharmacien. À la seule pensée d'acheter un pinceau chez un pharmacien, le peintre et son amie moururent de rire. La délicieuse enfant se mit au lit et — pâle martyre — offrit sa jeune gorge aux affres du badigeonnage. — Ah ! ça, c'est épatant ! s'écria l'artiste. — Quoi donc ? s'informa la victime. — Tu n'as pas idée ce que ça fait joli, cet iode brun sur ta peau rose ! C'est épatant ! Ce qu'on ferait une jolie étoffe avec ces deux tons-là !... Ça ne te fait rien qu'au lieu d'un badigeonnage amorphe, je représente un chrysanthème ? — Mais, comment donc ! — Là... voilà !... La tige, maintenant. — Oh ! là, là ! tu me chatouilles ! — C'est que j'emploie le petit bout du pinceau... C'est épatant !... Tiens, lève-toi et va te voir dans la glace. La pauvre petite concubine se leva sans enthousiasme, mais heureuse tout de même de faire plaisir à son ami. — Oh ! oui, c'est épatant ! — Tiens, je vais encore t'en faire un. Ne bouge pas, ne bouge donc pas ! — Mais tu me chatouilles, mon pauvre chéri ! — Il faut savoir souffrir pour l'art. Et le voilà parti, perdant toute notion de l'actuel, à décorer la petite, comme Gérôme fait de ses statues. Autour de ses bras et de ses jambes, il fit grimper des liserons, des clématites, des volubilis. ... Je donnerais volontiers plus de détails, mais voilà qu'il est cinq heures et j'ai promis d'être à six heures justes à un rendez-vous que je ne manquerais pas pour un boulet de canon. Abrégeons. La jeune badigeonnée passa ce qu'on appelle une mauvaise nuit. Pas une partie de son corps qui ne fût la proie d'une intolérable cuisson ! — Je ne peux pas dormir ! gémissait-elle. Et mon ami lui répondit : — Oui, c'est bête ce que j'ai fait là !... Demain, au lieu de chrysanthèmes, je te peindrai des pavots ! · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · Quelques jours plus tard je le rencontrai. Chargé d'une brassée de fleurs acquises au marché Saint-Pierre, il remontait chez lui, tout en haut de la rue Lepic. — Et ça va toujours bien ? dis-je. — Tout à fait bien. Et toi ? — Triomphalement ! — C'est vrai. Tu as une mine superbe, avec un air de ne pas t'embêter autrement dans la vie. — Pas lieu de m'embêter en ce moment. Si ça pouvait durer !... Et ta petite compagne ? — Tout à fait mieux. — Tu ne te livres plus à la peinture à l'iode sur son jeune corps ? — Oh ! oui, c'est vrai !... Je ne pensais plus qu'elle t'avait raconté cette histoire... Eh bien ! mon vieux, c'est épatant, ce que c'est devenu ! La teinture d'iode s'est évaporée, mais les endroits où j'avais peint les fleurs sont restés d'un rose vif et chaud qui s'enlève si joliment sur le rose pâle de sa peau ! Tu n'as pas idée, mon garçon, de ce que c'est exquis ! Et d'un délicat ! et d'un distingué ! Si Jansen voyait ça... — Quel Jansen ? — Le tapissier de la rue Royale, qui vend de si jolis meubles anglais, Si Jansen voyait ça, il en deviendrait fou et me commanderait, sur l'heure, une étoffe dans ces deux tons-là pour chambre de jeune fille... Tiens, viens la voir ! — Mais... sa pudeur ? fis-je avec le doux sourire du sceptique endurci. — Sa pudeur ? Et mon ami prononça ce mot pudeur sur un ton correspondant exactement à mes idées. (Je n'insiste pas, dans la crainte de désobliger quelques bourgeois du Marais, à l'estime desquels j'ai la faiblesse de tenir.) Son atelier se compose d'un ancien immense grenier, éclairé par un vitrage grand comme le Champ de Mars, et dans le coin duquel (grenier) s'aménage la chambre du jeune peintre et de sa petite amie. — Comme ça sent le goudron, ici ! reniflai-je en entrant. — Oh ! ne fais pas attention ! C'est Alice qui se sert pour sa toilette de l'eau de chez Boboeuf, très délicieuse mais qui sent un peu le goudron. — Ah ! — Oui ! Un grand ennui venait de se peindre sur la figure de mon ami. Évidemment, il regrettait de m'avoir amené. Mais pourquoi ce regret ? — Comment, bondis-je soudain, c'est de toi ce tableau ? Et je désignais une toile en train sur un chevalet. — Mais oui, c'est de moi. — De toi ! cette peinture qui se passe dans la cave d'un nègre ! De toi, que je connus affolé de lumière et de clarté ! De toi, cette chose innommablement brune ! De toi, à qui le seul mot bitume levait le coeur ! — Oui, mon pauvre ami, de moi ! Un jour, peut-être, tu sauras et alors tu me serreras la main très fort et tu auras grand'peine à retenir tes larmes !... Mais assez causé de ce triste sujet, et viens voir l'adorable corps illustré de la jeune Alice. · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · (Passage supprimé par la Censure.) · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · — Mais, nom d'un chien ! m'impatientai-je, me diras-tu d'où vient cette évolution brusque et en pis de ta manière ? — Soit !... Alors, jure-moi de n'en rien dire à âme qui vive ! — Mon ouïe est un sépulcre où tout s'engouffre et meurt ! — Tiens, un joli vers... Eh bien ! voici : Tu as remarqué, en entrant, comme ça sentait le goudron ? — Délicieusement !... Et ce parfum m'évoque toute une enfance flâneuse, traînée sur les quais de mon vieux Honfleur natal et à jamais chéri. — Eh bien ! c'est ma peinture qui sent ça ! — Ta peinture ?... Tu fais de la peinture au goudron ? — Parfaitement ! Le manager... Comment prononces-tu ça en anglais ? — Le ménédjeuhr. — C'est bien ça... Le... machin d'un hôtel de Menton, où il ne vient que des Anglais tuberculeux, m'a commandé douze panneaux décoratifs, à condition qu'ils seraient peints à base de goudron, rapport aux émanations bienfaisantes de ce produit... Une idée à lui ! — Et tu as accepté cet odieux compromis ? — Les temps sont durs, tu sais. — À qui le dis-tu ! — Cette petite Alice, sans être coûteuse, a ses exigences. Ce matin encore, elle m'a demandé 12 fr. 50 pour des bottines. — Bigre ! — Oh ! ça n'est rien, ça ! Mais reconnais toi-même que le goudron n'est pas beaucoup fait pour éclaircir une palette. À Monsieur Roudil, officier de paix des voitures Certes, je hais la délation... (Je n'ai même pas approuvé le mouvement d'indignation, pourtant bien justifié, de Mme Aubert, quand — dans Pension de Famille, la follement amusante pièce de notre vieux Donnay — cette personne annonce à M. Assand qu'il est cocu comme un prince.) Certes, dis-je, je hais la délation ; mais je ne puis m'empêcher de signaler à votre justice l'indigne conduite d'un de vos justiciables, le cocher qui mène le fiacre 6969. C'était pas plus tard qu'hier soir. Il pouvait être dans les dix heures, dix heures et demie. Je sortais d'un théâtre où je m'étais terriblement rasé, bien résolu à ne plus y remettre les pieds avant deux ou trois ans. Sans plus tarder, nous nous rencontrâmes, pif à pif, une jeune femme et moi. Moi, vous savez qui je suis. La jeune femme, vous l'ignorez (quoique avec les femmes on n'ait jamais que des quasi-certitudes à cet égard). Aussi, permettez-moi de vous l'indiquer à grands traits. Je la connus alors que, toute jeunette, elle jouait des petits rôles aux Bouffes-Parisiens, direction Ulgade. À différentes reprises, elle consentit à m'accorder ses suprêmes faveurs. Brave petite ! Et d'une inconscience si exquise ! Laissez-moi à ce propos, mon cher Roudil, vous raconter un détail qui me revient en mémoire et qui n'a d'ailleurs aucun rapport, même lointain, avec ma réclamation ; mais la table n'est pas louée, n'est-ce pas ? Un soir, elle me dit sur un petit ton d'indignation : — Il y a vraiment des gens qui ne doutent de rien. — Des gens qui se sont fait un front qui ne sait plus rougir ! — Parfaitement ! — Des gens qui ont bu toute honte ! — Parfaitement !... Imagine-toi que j'ai reçu, avant-hier, une lettre d'un bonhomme qui demeure dans l'avenue du Bois-de-Boulogne et qui me disait que, si je voulais aller le voir, il y avait 25 louis à ma disposition. — Et qu'as-tu répondu à ce goujat ? — Ma foi !... j'y suis allée... Tu sais... 25 louis !... Revenons, mon cher Roudil, à nos moutons. (Le mot moutons n'est pas pris ici dans le sens que votre administration lui attribue d'ordinaire.) La jeune femme en question — et cela continue à n'avoir aucun rapport avec ma réclamation — quitta bientôt la carrière théâtrale pour épouser un vieux gentilhomme breton, le baron Kelkun de Kelkeparr, dont le manoir est sis non loin d'Audierne. Arrivons au fait et passons rapidement sur les effusions. — Prenons une voiture fermée, mon chéri... — Pourquoi cela, puisque ton mari n'est pas à Paris ? — Oui, mais toutes les rues de Paris sont pleines de gens d'Audierne (sic). Comme, ce soir-là, le temps était à la pluie, il ne passait sur le boulevard que des voitures découvertes. Enfin, en voilà une fermée. — Cocher ! — Voilà ! — À l'heure !... Place du Trône... Inutile de galoper, on n'est pas pressé. Vous avez deviné, n'est-ce pas, vieux détective, que je n'avais rien à accomplir place du Trône, mais que je séligeais ladite destination pour ce qu'elle me procurait cette voie de discrétion sépulcrale — à l'heure qu'il était — le boulevard Voltaire ? Et nous voilà partis. Gustave Flaubert, avec sa grande autorité et son immense talent, n'osa point insister sur ce qui se passait dans le fiacre de Madame Bovary. Moi, je suis un type dans le genre de Flaubert, et vous n'en saurez point davantage. Mais ce que vous ne devez pas ignorer, monsieur Roudil, c'est ce qui advint quand, revenus de la place du Trône et la jeune femme en allée, je réglai mon fiacre devant la caserne du Prince-Eugène, qu'on appelle maintenant caserne du Château-d'Eau parce qu'elle se trouve place de la République. Je remis ma pièce de cinq francs au cocher. Ce dernier la contempla à la lueur de sa lanterne, s'assurant qu'elle n'était point de provenance moldo-valaque ou qu'elle n'arrivait pas de ces républiques hispano-américaines mal cotées, en ce moment, sur le marché des pièces de cent sous en argent. Ayant constaté que mon dollar était un honnête Louis-Philippe, il le mit dans sa poche, disant goguenard : — Ça fait le compte. — Comment, ça fait le compte ! — Bien sûr que ça fait le compte ! — Comment cela ? — Eh ben oui !... quarante sous de sapin... — Et puis ? — Et trois francs de chambre. Alors, enveloppant sa maigre rosse d'un vigoureux coup de fouet, il piqua des deux et disparut à l'horizon. Vous savez, mon cher Roudil, ce qui vous reste a faire. Une vraie poire Tout à coup, ce gros petit bonhomme joufflu qui n'avait pas desserré les lèvres depuis une heure qu'il était devant moi, poursuivit ainsi, à voix haute, son histoire commencée, sans doute, intérieurement : — Vous comprenez bien que ça ne pouvait pas durer comme ça plus longtemps ! Et comme il me regardait, je crus qu'il était de la plus élémentaire courtoisie de sembler m'intéresser : — Ça ne pouvait pas durer plus longtemps comme ça ? m'enquis-je non sans sollicitude. — Non, mille fois non ! Et à ma place vous en eussiez fait tout autant. — Je ne sais pas trop ! fis-je par esprit de taquinerie et aussi pour pousser mon interlocuteur à de plus précises confidences. — Vous auriez agi, riposta le gros petit bonhomme joufflu, comme vous auriez cru devoir agir, et moi j'ai agi comme j'ai cru devoir agir... Et la preuve que j'eus raison d'agir ainsi, c'est que je m'en trouve admirablement, de cette détermination, aussi bien au point de vue physique qu'au point de vue moral... Tenez, je suis, à l'heure qu'il est, un gros petit bonhomme joufflu, n'est-ce pas ?... Eh bien ! l'année dernière, à la même époque, j'étais un mince petit bonhomme sec. — Et au moral, donnez aussi une comparaison. — Mon âme, l'année dernière, ma pauvre âme, n'était pas à prendre avec des pincettes... Aujourd'hui, on en mangerait sur la tête d'un teigneux. — Alors, vous avez bien fait d'agir ainsi. — Je suis heureux d'avoir l'approbation d'un homme d'esprit comme vous. (Devant cette petite déclaration flatteuse, mais si juste, je crus un instant que le petit gros homme joufflu était au courant de ma personnalité. Légère erreur, vite reconnue.) J'avais fini par m'intéresser aux événements passés sous silence par mon voisin. Tel le lecteur tant passionné par un feuilleton de rencontre qu'il en recherche le début sans tarder. Mon bonhomme ne se fit pas autrement tirer l'oreille et tomba bientôt dans mon habile panneau (Pleyel). — Dès mon arrivée à Paris, dit-il, lesté d'un joli petit patrimoine assez rondelet, je fus tout de suite remarquable par le grand nombre de mes amis et de mes maîtresses... Avez-vous jamais vu une pelletée de neige fondre sous le soleil de messidor ? — Je n'oserais l'affirmer. — C'est fâcheux, car vous auriez ainsi une idée de la rapidité avec laquelle se volatilisèrent mes ors et mes argents au double jeu de l'amour et de l'amitié. Un beau jour, mon notaire, qui est un réputé farceur, m'écrivit que j'avais encore, au sein de sa caisse, une belle pièce de 72 francs et quelque chose : le tout à ma disposition... Voyez-vous ma tête d'ici ? — Comme si j'y étais ! — Eh bien ! vous vous trompez du tout au tout, car, en post-scriptum, mon joyeux tabellion m'annonçait que ma vieille horreur de tante Blanche venait de claquer, m'instituant son seul héritier, pour embêter les autres. Joie de mes amis ! Délire de mes maîtresses ! Cette joie, ce délire me parurent provenir de mobiles louches. Était-ce bien pour moi que ces gens se réjouissaient ? Serait-ce pas uniquement pour eux ? Un léger examen me confirma dans la probabilité numéro deux. Et c'est alors que je pris la virile attitude dont il a été question plus haut. — Ah ! nous y voilà ! — Je fis mon compte. J'avais vingt-sept amis et dix-huit maîtresses, tous, en apparence, plus charmants, plus dévoués, plus désintéressés les uns que les autres. Dès que j'entrais quelque part : « Tiens ! voilà Émile ! Viens que je t'embrasse, mon petit Mimile ! Bonjour, Émile ! » Et c'étaient des poignées de mains, et des bécots, comme s'il en pleuvait ! Je m'amusai à établir le prix de revient de ces marques d'affection : une poignée de main me revenait, l'une dans l'autre, à 2 fr. 75 ; un bécot, à 11 fr. 30. Ça n'a l'air de rien ; mais, à la fin de l'année, avec ce train de maison, on n'a même plus de quoi donner 3 francs à son facteur... Enrayons ! fis-je d'une voix forte. Et à partir de ce moment, tous les jours que Dieu fit (et il en a fait, le bougre ! comme dit Narcisse Lebeau), je saquai tantôt un ami, tantôt une maîtresse. — Et allez donc ! — Oh ! je n'agissais pas a l'aveuglette. Je m'étais mis en tête de ne conserver de cette tourbe qu'un ami et une amie, le meilleur et la meilleure ; j'employai le procédé dit sélection par élimination. Vous saisissez ? — Comme un huissier. — Chaque jour, c'était la plus fripouille de mes camarades ou la plus rosse de mes bonnes amies que j'exécutais froidement... Si bien qu'au bout de quarante-trois jours je n'avais plus à mon actif qu'un bonhomme et qu'une bonne femme, mais, ces deux-là, la crème des crèmes ! Un garçon fidèle, incapable d'une trahison, m'adorant, et toujours prêt à se fiche à l'eau pour moi ! Une fille exquise, folle de moi, ignorante des questions d'argent : en un mot, m'aimant pour moi-même ! — Deux perles, quoi ! — Deux perles du plus pur Orient ! Alors, je les pris avec moi, et nous vivons, tous les trois, dans ma petite propriété, comme de véritables coqs en plâtre. — Mais au moins, votre ami s'entend-il bien avec votre petite camarade ? — Dans la perfection !... Encore pas plus tard qu'hier, je les ai trouvés couchés ensemble.


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