LES ARÈNES D'OOBIOCHE
Un Fan-Roman de l'Univers de Perry Rhodan
André BORIE (08/2002)


CHAPITRE IV
Section D

Melbar Kasom observa attentivement pour la nième fois le cul de basse fosse où lui et ses amis avaient été enfermés en compagnie d'une cinquantaine de prisonniers de diverses races, en majorité des Terraniens. À croire que les humains étaient considérés comme des champions dès lors qu'il s'agissait de s'étriper !
À son arrivée, le groupe constitué par la vingtaine de passagers du Pierre-Le-Grand destinés aux jeux du cirque, avait été entouré par ses compagnons de misère, avides de nouvelles et, peut-être, d'espoir. Le géant n'avait guère pu les renseigner. Il s'était contenté de les exhorter à ne pas perdre le moral, leur assurant que toute situation, si critique soit-elle, leur laisserait forcément une chance de s'en sortir à un moment ou un autre. Affirmation qui fut loin de déclencher l'enthousiasme parmi les involontaires candidats au massacre !
Pendant trois jours, les gladiateurs des temps modernes eurent amplement le loisir de songer à leur condition inconfortable de futures victimes. Mais les deux adaptés, le mercenaire carsacien et les quatre officiers de l'O.M.U. avaient un caractère bien trempé. Ce qui était aussi le cas des gardes et du Delhiant, à présent qu'il avait expliqué les raisons de ses actes. Ils attendirent donc avec une relative sérénité le moment qui les verrait pénétrer dans l'arène. Parmi les autres captifs, certains semblaient supporter leur sort avec stoïcisme, voire indifférence, toutefois une dizaine d'entre eux passaient leur temps à se lamenter, ce qui leur valut les foudres de Carlot Dobart :
– Arrêtez un peu de gémir ! Si vous continuez comme cela, vous avez perdu d'avance ! Autant vous suicider tout de suite pour gagner du temps !
– Vous êtes nouveau ici, vous ne savez donc pas ce qui vous attend ! Nous, nous avons été témoins des jeux précédents, pour notre mise en condition ! Et je peux vous dire que face à un brécosaure ou à une hydre de Tallens vous n'aurez pas la moindre chance ! Et surtout vous avec votre abatis en moins ! En plus, ces saletés d'animaux prennent un malin plaisir à faire durer le combat, vous déchiquetant petit à petit à coups de griffes ou de crocs, avant de commencer à vous manger, souvent encore vivant ! s'exclama d'une voix hystérique un Franc-Passeur à la tignasse rousse et hirsute.
– Quel est ton clan ? lui demanda Ryk, changeant de conversation pour tenter de le calmer.
– Je fais, pardon, je faisais partie du clan de Zulgar.
– Comment as-tu abouti ici ?
– J'étais capitaine du Zulgar XIX, mais j'ai été exilé par le Patriarche parce que j'avais essayé de garder pour moi quelques pièces archéologiques que nous avions récupérées sur un navire ferrolien.
– Récupéré ! C'est la nouvelle signification de piraté, utilisée par les Francs-Passeurs ? laissa tomber Aurel Gonal, l'ex-chef mécanicien du vaisseau-prison, avec un petit rire de mépris.
Le marchant galactique regarda le grand Arkonide à la chevelure blanche, estima du coin de l'œil sa carrure et choisit prudemment de ne pas répondre à l'affront qui lui était fait. Il haussa les épaules et poursuivit :
– Le clan m'a abandonné sur une planète habitée par des primitifs qui, m'ayant vu descendre du Zulgar XIX, m'ont pris pour un dieu. Pendant plusieurs années, j'ai donc vécu comme un coq en pâte, vénéré par l'ensemble des membres de la tribu qui m'avait adopté. Cependant, malgré tous les plaisirs que je pouvais tirer de cette situation, la civilisation n'a pas tardé à me manquer, et lorsqu'un astronef est venu se poser sur ce monde, je me suis précipité vers lui. Pour mon malheur, il s'agissait de négriers venus se “ ravitailler ” en esclaves. Mon histoire les a fait bien rire, et ils m'ont vendu sur Oobioche ! J'ai déjà participé à une séance dans l'arène et j'ai réussi à m'en sortir par miracle, mais je sais bien que le propre des miracles, c'est de ne pas se renouveler !
La discussion fut interrompue par l'ouverture de la grille massive qui fermait leur prison, puis par l'entrée de plusieurs gardes armés de radiants et de fouets électriques. Derrière eux, un des organisateurs des jeux du cirque dont ils avaient fait la connaissance à leur descente du Pierre-Le-Grand. L'homme, un Terranien maigre aux cheveux en brosse teints en violet, s'adressa aux captifs :
– Bonjour messieurs ! C'est demain le grand jour pour vous ! Je vais donc vous donner le programme des réjouissances afin que vous sachiez ce qui vous attend, et que vous puissiez vous préparer en conséquence !