Agent de L'O.M.U.(5B)
Enregistrement : Éditions de l'À Venir
Publication : 2009-03-30
Genre: Science fiction
Lu par Christian Martin, Christophe, Ezwa, Fred, Kaael, Ka00, Mario Fecteau
Illustration: Dimitri RASTORGOUEFF
Livre audio de 30min
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Chapitre 5B
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Adaptation audio d'un roman fanique d'André Borie se déroulant dans l'univers de Perry Rhodan. "Les Antis font des leurs et Masas Pavel, agent de l'O.M.U., sous les ordres du Lord-Amiral Atlan, est envoyée sur le terrain pour libérer Goral Toseff."
Musiques & paroles de Christian Martin / NewPort Orchestra
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Adaptation audio d'un roman fanique d'André Borie se déroulant dans l'univers de Perry Rhodan. "Les Antis font des leurs et Masas Pavel, agent de l'O.M.U., sous les ordres du Lord-Amiral Atlan, est envoyée sur le terrain pour libérer Goral Toseff."
Musiques & paroles de Christian Martin / NewPort Orchestra
AGENT DE L'O.M.U.
Un roman fanique d'André Borie
CHAPITRE V : UN HONORABLE CORRESPONDANT
Section 5B
Depuis plus de cinq heures, Masas et ses compagnons attendaient vainement une réponse au signal expédié à l'aide du bracelet de la jeune femme.
– Défaitiste, hein ? grommela Corton en jetant un regard torve à son ami.
Le pilote tordit sa bouche en une grimace comique, mais ne dit pas un mot. Goral s'enquit :
– Crois-tu que nous ayons encore une chance d'avoir une réponse ?
– Honnêtement, je ne crois pas.
– Alors ?
– On va quitter ce ravissant champ de cailloux, et aller faire un tour vers la civilisation. Quand on aura trouvé une ville, il sera toujours temps d'envisager un plan pour quitter Coriolan V.
– Ouais. Je suppose qu'il n'y a pas d'autre solution.
Se partageant le matériel qu'ils jugeaient indispensable, ils se harnachèrent et mirent leurs propulseurs anti-g en marche. Puis, suivant le relief du sol à deux mètres d'altitude, ils se dirigèrent vers l'agglomération lointaine qu'ils avaient aperçue avant de poser la navette, dans la zone montagneuse où ils l'avaient dissimulée.
Ils progressaient avec prudence depuis une bonne heure quand Masas, qui menait la petite troupe, interrompit leur vol d'un geste de la main. Stev la rejoignit.
– Qu'est-ce qu'il y a ?
Elle pointa le doigt en direction d'un corps de bâtiment lové au fond d'une vallée recouverte d'un tapis herbeux de teinte bleu clair.
– On devrait pouvoir y trouver des vêtements plus appropriés et plus discrets que nos combinaisons spatiales.
– Et tu comptes les payer comment ? s'informa le pilote d'un ton sarcastique.
Sans lui répondre, elle se contenta de tirer à moitié le radiant-psi de sa ceinture.
– Évidemment, si tu emploies les grands moyens, concéda le jeune homme.
Masas lui grimaça un sourire, avant d'ajouter, l'air beaucoup plus sérieux :
– Je me suis aperçue tout à l'heure que nous n'avions pas de recharges pour cet engin. Quand je m'en suis servie, lorsque j'ai interrogé le petit cavernicole sur Osilax, je n'ai pas pensé à vérifier sa charge. Mais de toute façon, je n'ai pas supposé un seul instant que tu n'en possédais pas d'autres.
– Déjà bien beau que j'ai eu un radiant-psi à bord du Coeur de Fomalhaut, bougonna Stev, avant d'ajouter en s'énervant quelque peu :
– Je savais bien que la vie des indigènes de cette foutue planète ne présentait aucun intérêt, mais il a fallu que tu perdes ton temps et une partie de l'énergie du radiant.
– Ca suffit ! ! Ce n'est de toute manière pas avec un radiant-psi, même à pleine charge, que nous pourrons quitter Coriolan V.
– C'est vrai, excuse-moi.
L'air soudain penaud de Stev amena un bref sourire amusé sur les lèvres de Masas. Corton s'enquit :
– Et s'il s'agit d'une ferme indigène ?
– On ira chercher plus loin.
– Effectivement, ma question était idiote.
– Mais non, mais non, persifla le pilote, content de rendre la monnaie de sa pièce à son ami.
Avec précaution, se servant du relief tourmenté pour effectuer une approche discrète, les quatre compagnons se rapprochèrent de l'habitation qui, ils s'en aperçurent en arrivant à proximité, était construite en bois. Un filet de fumée s'échappait d'une cheminée, rappelant aux naufragés que le climat de Coriolan était assez rude, et que lorsqu'ils se seraient débarrassés de leur combinaison isotherme, ils auraient intérêt à posséder des vêtements chauds.
Les alentours étant déserts, ils purent atteindre la porte d'entrée sans déclencher la moindre réaction de la part des habitants. Le radiant-psi pointé devant elle, Masas cogna du poing contre l'huis. Un bruit de pas se fit entendre, et après le son caractéristique d'un verrou que l'on manipule, la porte s'ouvrit sur une petite fille dont les yeux s'écarquillèrent à la vue des quatre visiteurs.
Prestement, la Carsacienne pivota d'un quart de tour et glissa discrètement le radiant dans sa poche.
– Bonjour Madame, bonjour Messieurs.
La petite voix flûtée ne manifestait pas la moindre inquiétude.
– Bonjour petite, est-ce que tes parents sont là ?
– Ma mère seulement. Mon père et mes frères sont en train de réunir le troupeau de zorkils.
– Est-ce que nous pouvons voir ta mère ?
La gamine se retourna et cria :
– Maman ! Il y a une dame et des messieurs qui viennent te voir.
– C'est à quel sujet ?
Tournant la tête, les quatre arrivants aperçurent le mufle légèrement évasé d'un désintégrateur dirigé vers eux. L'arme était tenue d'une main ferme par une grande femme osseuse au regard suspicieux.
– Ne bougez pas ! !
L'avertissement jaillit, interrompant net le pas en retrait que tentait de faire Corton. Conscients que l'index de la femme était crispé sur la détente, ils écartèrent les bras du corps, mettant en évidence leurs mains vides. Le canon du désintégrateur s'abaissa légèrement, rendant l'atmosphère, qui était devenue bien pesante d'un coup, un peu moins tendue.
– D'où venez-vous ?
– Notre vaisseau a fait naufrage, et nous avons échoué à quelques kilomètres de votre ferme.
– C'est vous que les adeptes de Bâalol recherchent ?
La question directe fit l'effet d'une décharge électrique sur les trois hommes et la jeune femme.
Un silence embarrassé suivit, que rompit Masas, décidée à suivre son intuition qui lui disait qu'elle n'avait sans doute pas affaire à une ennemie :
– Et si c'était le cas ?
Une lueur amusée apparut dans les yeux pers de la fermière.
– On peut considérer votre question comme une réponse positive.
Et elle abaissa son arme, la laissant pendre à bout de bras. Avec un soupir de soulagement, les nouveaux venus se décontractèrent, et reprirent une position moins crispée.
– Entrez vite !
La mère et la fillette se reculèrent, cédant la place à leurs invités. Ceux-ci ne se firent pas prier à deux fois pour obtempérer !
La porte d'entrée soigneusement refermée derrière eux, ils pénétrèrent à la suite de leur hôtesse dans un vestibule donnant sur une grande pièce, meublée d'une table rectangulaire, de plusieurs chaises de fabrication visiblement artisanale et de deux fauteuils avachis. Dans un angle se trouvait un buffet massif, à proximité d'un guéridon surmonté d'un écran tridi encore allumé et où pérorait un homme en uniforme chamarré. Une énorme cheminée trônait contre le mur du fond, plusieurs bûches rougeoyantes se chargeant de chauffer la salle.
La fermière posa son arme sur un râtelier fixé contre l'un des murs, et supportant déjà un radiant antédiluvien.
– Ca fonctionne encore, ces engins-là ? interrogea Stev.
– Si vous en doutez, je peux faire un essai sur vous, rétorqua la femme avec un sourire moqueur.
– Merci, je vous crois sur parole.
Masas interrompit leur échange :
– Quand vous aurez fini d'échanger des amabilités sur les possibilités de ce radiant, j'aimerai bien savoir pourquoi vous nous accueillez avec autant de sympathie alors que vous avez été informée que nous étions recherchés.
– Être recherchés par les Antis, c'est plutôt un brevet de bonne conduite pour nous ! Ces fichus prêtres nous pourrissent la vie depuis qu'ils ont converti le gouverneur de Coriolan V à leur religion hégémonique. Tous les habitants du système sont plus ou moins devenus leurs esclaves.
– Comment est-ce possible ? Je pensais au contraire que les Mondes Indépendants n'acceptaient aucune ingérence, d'où qu'elle vienne. Les dirigeants de l'Empire Solaire en savent d'ailleurs quelque chose !
– C'était comme cela avant.
– Avant ?
– Avant la venue du Grand Prêtre Shorgâal et de sa nuée de moines soldats. Il a su s'attirer les faveurs du Gouverneur, pourtant un brave type aimé de toute la population, et du jour au lendemain, changement complet de décor : ses administrés n'étaient plus bons qu'à servir tous ces suppôts de Bâalol, avec le risque d'être déportés dans un bagne de l'espace en cas de manquement.
Goral émit un sifflement étonné :
– Cela corrobore ce que j'avais appris sur Tarsus, et je dirai même que ça complète ce que je compte révéler au Lord-Amiral, car nous ignorions jusqu'à ce jour que les Antis avaient noyauté certains des Mondes Indépendants.
– En tout cas, cela prouve que ces êtres n'hésitent à se servir de leurs pouvoirs psi pour transformer en pantins dociles les dirigeants des planètes convoitées.
Le court silence qui suivit cette déclaration permit d'entendre le discours de l'homme de la tridi :
–... rappelons que nous ignorons le nombre des trafiquants de sirtil, mais que leur capture n'est plus qu'une question d'heures... Notre gouvernement se montrera impitoyable dans sa répression à l'encontre de tels malfaiteurs, et agira de même contre ceux qui seraient tentés de leur porter assistance.
Corton désigna l'écran :
– C'est de nous que parle cette gravure de mode ?
– Oui. et c'est comme cela depuis bientôt trois heures, acquiesça la fermière.
– J'avais raison de penser que notre ruse avec le Coeur de Fomalhaut ne tromperait pas longtemps le commandant du vaisseau anti. Et il n'a pas perdu de temps pour alerter les autorités de Coriolan !
– Qui ont délégué leur guignol de service pour informer la population de la venue des méchants !
La femme leur désigna les sièges et posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu'elle avait entendu ce que disaient ses hôtes :
– Vous croyez réellement que le gouverneur et les membres de son équipe n'ont plus leur libre arbitre, et qu'ils sont manipulés à leur insu par Shorgâal et ses moines ?
– Sans le moindre doute ! Autrement, pour quelle raison aurait il changé subitement du tout au tout, juste après l'arrivée des prêtres de Bâalol ? Vous disiez vous même que c'était un brave type aimé de tous ses administrés.
Une ride profonde fendit le front de la femme, tandis qu'elle scrutait intensément le visage de ses visiteurs, comme pour chercher à savoir s'ils lui avaient bien dit la vérité. Le résultat de ses cogitations dut la satisfaire, car un bref sourire éclaira ses traits sévères, et elle s'approcha d'un buffet dont elle tira des verres et une bouteille remplie d'un liquide bleuté. Tandis qu'elle faisait le service, elle s'informa :
– S'ils vous recherchent, c'est que vous êtes leurs ennemis ?
– Disons que nous ne sommes pas vraiment en odeur de sainteté !
– Alors, aidez-nous à nous en débarrasser.
Masas secoua la tête :
– Ma pauvre amie. Nous sommes en fuite, et nous espérons trouver un moyen de quitter Coriolan V sans nous faire prendre, ce qui ne sera déjà pas facile. Je ne vois donc pas comment nous pourrions vous venir en aide.
Comme elle voyait s'assombrir son regard gris, elle ajouta :
– Mais ce que je peux vous assurer, c'est que le Lord-Amiral Atlan sera informé de votre situation, et il est hors de doute qu'il interviendra pour vous tirer de leurs griffes.
– Vous en êtes sûre ?
– Tout à fait : les Antis sont les adversaires des Arkonides et des Terranniens. Depuis des siècles, ils désirent la suprématie dans la galaxie. Leur puissance est grande, pas encore au point d'inquiéter réellement l'Empire, mais aussi bien Perry Rhodan qu'Atlan ne peuvent accepter qu'ils étendent leur influence sur les Mondes Indépendants, car les rapports de force pourraient alors changer. Avec les alliés qu'ils ont déjà, et je pense entre autres aux Passeurs, Arras et autres Akonides, ils pourraient rompre le fragile équilibre qui existe actuellement entre guerre et paix.
– D'accord, je vous crois. Et je vous en remercie d'avance.Maintenant, je suppose que si vous êtes venus dans notre ferme, c'est avec un but bien défini.
– Oui, trouver des vêtements un peu moins voyants que nos combinaisons spatiales.
– Suivez-moi, il y a tout ce qu'il vous faut dans l'armoire de notre chambre.
Quelques minutes plus tard, les fugitifs étaient transformés en paysan coriolanais. Masas avait un peu renâclé à enfiler une jupe, mais la fermière l'avait assurée qu'elle aurait plus de chance d'être repérée si elle portait un pantalon. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, elle s'était résignée à se glisser dans une robe de cotonnade de couleurs ternes.
Stev n'avait pas manqué l'occasion de lui faire remarquer qu'elle avait de très jolies jambes qu'il était dommage de dissimuler dans un pantalon ! Ce qui lui avait valu de recevoir sa combinaison spatiale à travers la figure !
Au moment de prendre congé de leur hôtesse et de sa fille, Masas sortit son radiant-psi.
– Je suis désolée, mais il va falloir que je l'utilise sur vous. C'est d'ailleurs une sécurité pour vous, car si les Antis remontent pour une raison ou une autre jusqu'à votre ferme, ils ne pourront pas vous accuser de nous avoir aider, puisque vous aurez été soumises au rayonnement du radiant-psi.
– Je comprends, allez-y.. Mais n'oubliez pas votre promesse.
– Comptez sur moi.
Quelques instants plus tard, les quatre naufragés reprenaient leur route en suivant la direction de la capitale et de son astroport que leur avait indiqué la fermière. Les anti-g leur permettait un déplacement rapide et sans fatigue, mais l'obligation d'évoluer au ras du sol, en évitant villes et villages ainsi que toute rencontre avec des indigènes, était éprouvant nerveusement.
Au bout de six heures de ce jeu de cache-cache, Masas estima qu'ils avaient parcouru plus de huit cents kilomètres et qu'il convenait de prendre un peu de repos. Ils s'engagèrent donc dans le sous bois d'une vaste forêt d'arbres rougeâtres aux troncs épais et noueux, mais dont la cime, en forme de parasol, ne s'élevait pas à plus de dix mètres.
– Voilà l'endroit idéal pour enterrer nos combinaisons et tout le matériel que nous ne pouvons pas emmener avec nous.
– A combien sommes-nous encore de l'astroport ?
– Environ deux mille cinq cents kilomètres.
– Tu parles d'une promenade ! ronchonna Corton.
– Estime toi heureux, au contraire, que nous ayons atterri aussi près de l'astroport ! Nous aurions très bien pu nous poser de l'autre côté de la planète !
Masas fit taire les deux amis d'un geste brusque. Puis, elle porta son bracelet à l'oreille. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres, tandis que la joie illuminait son visage. Devant les trois regards interrogateurs qui la fixaient, elle annonça :
– Le contact est établi.
– Le contact ?
– Avec l'agent de l'O.M.U. en poste dans le système de Coriolan.
– Wahou, ! !
Masas demanda un peu de silence à ses compagnons avant d'entamer un dialogue dans une langue inconnue avec celui qui venait de lui envoyer un signal. Au bout de quelques instants, une réponse lui parvint, dans le même idiome. La conversation fut brève, et dès qu'elle fut terminée, la jeune femme put donner les explications qu'attendaient ses compagnons avec l'impatience que l'on imagine.
– Sandorf, c'est le nom de notre agent, vit sur Coriolan II.. Ne pouvant pas se dédoubler, il avait disposé depuis des années un relais sur Coriolan V, relais qui lui a permis de recevoir le signal que je lui ai envoyé à notre arrivée.
– Alors pourquoi a-t-il attendu si longtemps pour se manifester ?
– Parce que son relais ne fonctionne que dans un sens. Il lui a donc fallu venir sur Coriolan V pour pouvoir nous répondre.
– À propos de réponse, qu'elle était donc la langue que tu employais tout à l'heure ?
La Carsacienne éclata de rire.
– Ça, c'est une idée d'Atlan.. Pendant la deuxième guerre mondiale sur Terre, les américains avaient utilisé des indiens navajos pour correspondre entre eux et échanger des messages que les allemands ne purent jamais traduire, car cette langue n'était plus parlée que par quelques individus et totalement ignorée du reste du monde.
Le Lord-Amiral avait trouvé ce système très astucieux, et il l'a repris pour ses agents de l'O.M.U. Chacun d'entre eux apprend ce dialecte sous hypnose, si bien que, si par extraordinaire les échanges de messages venaient à être interceptés, cela n'avancerait pas beaucoup les indiscrets.
– Ouais, ce n'est pas bête.
– Et qu'est il ressorti de votre pow-wow ? C'est bien comme ça que l'on dit en indien ?
– Cultivé avec ça, notre cher pilote ! Mais trêve de plaisanterie, Sandorf m'a dit qu'il serait là d'ici une heure. Il n'y a donc plus qu'à attendre patiemment.
– Et si c'était un piège ? Car pourquoi n'a-t-il pas avisé l'O.M.U. de la main mise des Antis sur le système de Coriolan ?. Il s'en est forcément rendu compte, s'enquit Goral.
– Rassure-toi, j'y ai aussi pensé. Je lui poserai la question, et sans doute a-t-il une bonne raison, mais dans le doute, j'ai dit à Sandorf que nous n'étions que deux survivants, Corton et moi. Cela permettra à Stev et Goral de nous couvrir en cas de besoin.
Une heure plus tard, la jeune femme et le copilote accueillaient à la lisière du bois un véhicule blindé soutenu par ses anti-g. L'engin s'arrêta avec un balancement d'avant en arrière.
La main sur la crosse de leurs armes, Masas et Corton virent une porte se soulever dans le flanc du transporteur. Dans l'ouverture ainsi découverte, apparut une silhouette dégingandée vêtue d'une façon excentrique, d'un pantalon serré en cuir, glissé dans de courtes bottes de couleur verte, d'une veste chasuble bordeaux sans manche, découvrant des bras musclés tavelés de taches de rousseur, et d'un vaste chapeau de style stetson fiché au sommet du crâne. Un visage en lame de couteau où s'ouvraient deux yeux d'un bleu d'acier, et dont les lèvres formaient un pli ironique, complétaient le personnage. Sandorf leva la main en un salut amical et entama la descente du plan incliné qui venait de se déployer.
Soudain, avec une vitesse qui laissa pantois son compagnon, Masas dégaina son radiant et le braqua en direction du pittoresque agent de l'O.M.U., qui s'exclama, la voix angoissée :
– Non ! ! Ne tirez pas !
– Qu'est-ce que c'est que ça ? interrogea la jeune femme, le doigt toujours sur la détente, en désignant du canon de son arme la créature qui venait d'apparaître derrière Sandorf.
Corton, les yeux écarquillés contemplait lui aussi l'être étrange qui s'était immobilisé au milieu du chambranle.
– Ne craigniez rien, ce n'est que mon garde du corps, Arx.. Il est originaire d'Antila.
Masas hocha la tête et rengaina son arme, avec un petit sourire d'excuse :
– Pardonne moi, Arx, mais j'ai été surprise car Sandorf ne m'avait pas parlé de toi.
Un bruit de crécelle s'éleva et l'Antilan, se balançant sur trois de ses pseudopodes, émit quelques syllabes chuintantes :
– Pas de mal. J'suis habitué.
Et il entreprit de dévaler la pente aux côtés de son maître, en un balancement souple et plutôt gracieux.
Arx, à première vue, avait une ressemblance certaine avec les poulpes terrestres. Mais à première vue seulement ! Doté de huit appendices musculeux soutenant un corps ovoïde grisâtre resserré en son milieu et dont la partie supérieure constituait la tête, l'octopode pouvait se déplacer indifféremment sur trois ou quatre jambes, selon les besoins du moment. Les quatre ou cinq pseudopodes restants étaient autant de bras, et leur extrémité effilée permettait de saisir n'importe quel objet avec une force et une adresse que l'on aurait cru réservées aux humanoïdes. À l'endroit où son corps formait un étranglement, il portait un ceinturon de plastométal où pendaient les gaines d'un pistolet thermique, d'une hache de jet et d'une sorte de sabre court et recourbé. Trois autres sacoches de cuir complétaient cette ceinture d'armes.
Masas nota que le renflement de la tête se terminait par un méplat hérissé d'une couronne d'yeux aux reflets dorés surmontant une bouche ronde encadrée par deux courtes défenses recourbées. Le sommet de son crâne plat était parsemé d'antennes vibratiles qui lui servaient à entendre. Deux branchies, protégées par des plaques osseuses et situées sous le corps, lui permettaient de respirer.
Parvenu au bas du plan incliné, Sandorf s'avança, main tendue vers ceux qu'il venait chercher :
– Bienvenue dans le système de Coriolan.
La jeune femme répondit à son invitation d'une poigne solide, avant de faire de même avec le pseudopode que lui présentait Arx. Le contact froid du membre lui procura un léger frisson au niveau de la colonne vertébrale, mais elle fut surprise de découvrir la force incroyable qui s'en dégageait.
Voilà un client avec lequel il vaut mieux ne pas chercher une bagarre à mains nues, songea-t-elle en lui rendant aussi vigoureusement qu'elle le put sa poignée de main.
Corton fit de même avec une réticence qui déclencha l'hilarité de l'Antilan, dont le rire semblable au bruit d'une crécelle se fit entendre.
– Pas peur d'Arx, petit homme !
Le copilote, gêné, se racla bruyamment la gorge, ce qui redoubla les rires de l'extraterrestre.
Masas, pour détendre un peu l'atmosphère, observa :
– Je connaissais l'existence des Antilans, mais je n'avais jamais eu l'occasion d'en rencontrer. Je pense que vous avez là un formidable garde du corps.
– Et un ami très cher et très fidèle, compléta Sandorf.
– Je n'en doute pas. Mais je voudrais vous poser une question : vous ne pouvez pas ignorer que les Antis sont en train de s'implanter dans le système de Coriolan, alors pourquoi n'en avez vous pas informé les responsables de l'O.M.U. ? Il me semble qu'il s'agit là d'une nouvelle d'importance.
– Exact. Je n'ai pas contacté nos services afin de ne pas être grillé , et de continuer à accumuler lesrenseignements, mais le mois dernier, j'ai chargé un agent de la Section III d'en informer ses supérieurs. À l'heure qu'il est, Atlan devrait être au courant.
La jeune femme hocha la tête pour signifier qu'elle acceptait l'explication qui venait de lui être donnée.
Sandorf ajouta alors :
– Si vous voulez bien monter à bord, il est inutile de nous attarder ici. D'autant que, si j'ai bien compris ce que vous m'avez dit tout à l'heure, moins longtemps vous serez sur Coriolan et mieux cela vaudra.
– Vous avez raison, Sandorf.. le temps de rassembler nos affaires, et nous nous vous rejoignons.
Masas et son compagnon retournèrent à la lisière de la forêt où ils avaient déposé leur matériel et, tout en le ramassant, elle souffla à Stev qui faisait le guet, allongé dans l'herbe haute :
– Tout a l'air normal, mais attendez mon signal pour vous montrer.
Elle enregistra son acquiescement muet et se redressa, hissa sur son épaule la courroie du sac contenant une partie de leurs biens, puis retourna vers le véhicule blindé, suivie de Corton, ployant sous le poids de son chargement.
Arx les débarrassa de leur fardeau avec une aisance dérisoire, et reprit, avec son dandinement coulé, le chemin du plan incliné qu'il gravit sans plus s'occuper d'eux.
À l'entrée du sas, l'Honorable Correspondant de l'O.M.U. les accueillit et leur désigna le fond de l'appareil.
Masas s'engagea à l'intérieur, et se trouva face à des cages, vides pour la plupart, de part et d'autre de l'allée centrale. Elle marqua un temps d'arrêt, puis se retourna vers Sandorf :
– Ce sont nos cabines ? Celles qui sont inoccupées, naturellement.
Un grand rire lui répondit.
– Non, ce sont les outils nécessaires à mon métier. Je suis chasseur galactique, et je recherche des spécimens d'animaux sauvages pour les zoos d'un certain nombre de Mondes Indépendants. Mais, il est possible que je vous demande de vous y dissimuler, cachés dans un double fond si nous avons un contrôle de police.
– Cela risque-t-il d'arriver ?
– Avec la nouvelle politique du gouvernement, les répressions policières ont notablement augmenté, et les personnes qui ne sont pas originaires de Coriolan sont particulièrement visées. Cependant, jusqu'à présent, je n'ai pas eu personnellement à m'en plaindre. Il est vrai que je suis ici depuis si longtemps que je commence à faire partie des meubles !
Masas s'avança entre les cages, contemplant avec surprise les différents types d'animaux qui s'y trouvaient enfermés. Une espèce de batracien géant à l'oeil triste, enfermé derrière une paroi vitrée, attira son attention :
– Cette pauvre bête semble malheureuse comme les pierres.
– C'est son air naturel, et il ne faut pas vous fier à son aspect débonnaire. En fait, c'est un tueur redoutable qui projette un suc corrosif assez puissant pour détruire en quelques minutes une combinaison spatiale. Vous imaginez les dégâts sur une peau sans protection.
– Charmant ! Et où avez-vous trouvé cette délicieuse bestiole ?
– Sur un monde semi-aquatique inadapté à l'homme, du nom de Canopi, et situé juste à la lisière de Coriolan.
Il est en voie de disparition, et m'a été commandé par le zoo de Larimar.
– Larimar ?
– La capitale de Coriolan V. C'est d'ailleurs grâce à lui que je vais pouvoir vous amener sans risques jusqu'à l'astroport.
La jeune femme poursuivit sa visite, vérifia que la soute arrière était vide, et, alors que Sandorf l'invitait ainsi que Corton à prendre place sur les sièges installés à l'avant du véhicule, elle lui demanda d'attendre quelques instants. Puis, elle enclencha le com de son poignet et appela :
– Stev ? Tout est clair, vous pouvez venir.
Stupéfait, le chasseur la fixa les yeux écarquillés, tandis que l'Antillan portait deux de ses pseudopodes aux poignées de ses armes blanches, tandis que se yeux se mettaient à briller.
Masas calma instantanément leur inquiétude :
– Pas de panique ! Ce sont tout seulement nos deux autres compagnons que j'invite à nous rejoindre.
– Mais pourquoi m'avoir dit...
– Que nous n'étions que deux ? Tout simplement parce que je suis méfiante par nature.
– Merci pour nous !
– Ne m'en veuillez pas, mais c'est en agissant ainsi que j'ai réussi à survivre à toutes mes missions jusqu'à ce jour.
– Bon, n'en parlons plus. Mais est-ce que vous avez encore beaucoup de surprises de ce genre ?
– Non, répondit-elle, en songeant qu'elle avait également dissimulé la présence de Calek dans son sarcophage. Peut-être aurait-elle dû en parler, car s'il leur arrivait quelque chose, le pauvre rouquin n'était pas prêt d'être secouru.
Goral et le pilote se présentèrent au pied de l'engin qui servait à transporter les spécimens rares commandés par les zoos. Si leur étonnement à la vue d'Arx fut à la hauteur de celui de Masas et de Corton, ils ne manifestèrent aucun sentiment, car ils avaient déjà aperçu l'Antilan de loin, lorsqu'ils surveillaient la venue des chasseurs.
Sandorf, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, les accueillit avec un mot de bienvenue. Puis, alors qu'ils étaient tous installés sur leur fauteuil, il rétracta le plan incliné et verrouilla le sas d'accès. Ensuite, il s'installa dans son siège-contour, avec Arx comme copilote. Quelques instants plus tard, le lourd engin se soulevait sous l'effet de ses anti-g, pivotait sur lui-même et prenait la direction de Larimar où le compagnon de l'Antilan se faisait fort de les embarquer sur un vaisseau qui les emporterait loin de Coriolan.
Un roman fanique d'André Borie
CHAPITRE V : UN HONORABLE CORRESPONDANT
Section 5B
Depuis plus de cinq heures, Masas et ses compagnons attendaient vainement une réponse au signal expédié à l'aide du bracelet de la jeune femme.
– Défaitiste, hein ? grommela Corton en jetant un regard torve à son ami.
Le pilote tordit sa bouche en une grimace comique, mais ne dit pas un mot. Goral s'enquit :
– Crois-tu que nous ayons encore une chance d'avoir une réponse ?
– Honnêtement, je ne crois pas.
– Alors ?
– On va quitter ce ravissant champ de cailloux, et aller faire un tour vers la civilisation. Quand on aura trouvé une ville, il sera toujours temps d'envisager un plan pour quitter Coriolan V.
– Ouais. Je suppose qu'il n'y a pas d'autre solution.
Se partageant le matériel qu'ils jugeaient indispensable, ils se harnachèrent et mirent leurs propulseurs anti-g en marche. Puis, suivant le relief du sol à deux mètres d'altitude, ils se dirigèrent vers l'agglomération lointaine qu'ils avaient aperçue avant de poser la navette, dans la zone montagneuse où ils l'avaient dissimulée.
Ils progressaient avec prudence depuis une bonne heure quand Masas, qui menait la petite troupe, interrompit leur vol d'un geste de la main. Stev la rejoignit.
– Qu'est-ce qu'il y a ?
Elle pointa le doigt en direction d'un corps de bâtiment lové au fond d'une vallée recouverte d'un tapis herbeux de teinte bleu clair.
– On devrait pouvoir y trouver des vêtements plus appropriés et plus discrets que nos combinaisons spatiales.
– Et tu comptes les payer comment ? s'informa le pilote d'un ton sarcastique.
Sans lui répondre, elle se contenta de tirer à moitié le radiant-psi de sa ceinture.
– Évidemment, si tu emploies les grands moyens, concéda le jeune homme.
Masas lui grimaça un sourire, avant d'ajouter, l'air beaucoup plus sérieux :
– Je me suis aperçue tout à l'heure que nous n'avions pas de recharges pour cet engin. Quand je m'en suis servie, lorsque j'ai interrogé le petit cavernicole sur Osilax, je n'ai pas pensé à vérifier sa charge. Mais de toute façon, je n'ai pas supposé un seul instant que tu n'en possédais pas d'autres.
– Déjà bien beau que j'ai eu un radiant-psi à bord du Coeur de Fomalhaut, bougonna Stev, avant d'ajouter en s'énervant quelque peu :
– Je savais bien que la vie des indigènes de cette foutue planète ne présentait aucun intérêt, mais il a fallu que tu perdes ton temps et une partie de l'énergie du radiant.
– Ca suffit ! ! Ce n'est de toute manière pas avec un radiant-psi, même à pleine charge, que nous pourrons quitter Coriolan V.
– C'est vrai, excuse-moi.
L'air soudain penaud de Stev amena un bref sourire amusé sur les lèvres de Masas. Corton s'enquit :
– Et s'il s'agit d'une ferme indigène ?
– On ira chercher plus loin.
– Effectivement, ma question était idiote.
– Mais non, mais non, persifla le pilote, content de rendre la monnaie de sa pièce à son ami.
Avec précaution, se servant du relief tourmenté pour effectuer une approche discrète, les quatre compagnons se rapprochèrent de l'habitation qui, ils s'en aperçurent en arrivant à proximité, était construite en bois. Un filet de fumée s'échappait d'une cheminée, rappelant aux naufragés que le climat de Coriolan était assez rude, et que lorsqu'ils se seraient débarrassés de leur combinaison isotherme, ils auraient intérêt à posséder des vêtements chauds.
Les alentours étant déserts, ils purent atteindre la porte d'entrée sans déclencher la moindre réaction de la part des habitants. Le radiant-psi pointé devant elle, Masas cogna du poing contre l'huis. Un bruit de pas se fit entendre, et après le son caractéristique d'un verrou que l'on manipule, la porte s'ouvrit sur une petite fille dont les yeux s'écarquillèrent à la vue des quatre visiteurs.
Prestement, la Carsacienne pivota d'un quart de tour et glissa discrètement le radiant dans sa poche.
– Bonjour Madame, bonjour Messieurs.
La petite voix flûtée ne manifestait pas la moindre inquiétude.
– Bonjour petite, est-ce que tes parents sont là ?
– Ma mère seulement. Mon père et mes frères sont en train de réunir le troupeau de zorkils.
– Est-ce que nous pouvons voir ta mère ?
La gamine se retourna et cria :
– Maman ! Il y a une dame et des messieurs qui viennent te voir.
– C'est à quel sujet ?
Tournant la tête, les quatre arrivants aperçurent le mufle légèrement évasé d'un désintégrateur dirigé vers eux. L'arme était tenue d'une main ferme par une grande femme osseuse au regard suspicieux.
– Ne bougez pas ! !
L'avertissement jaillit, interrompant net le pas en retrait que tentait de faire Corton. Conscients que l'index de la femme était crispé sur la détente, ils écartèrent les bras du corps, mettant en évidence leurs mains vides. Le canon du désintégrateur s'abaissa légèrement, rendant l'atmosphère, qui était devenue bien pesante d'un coup, un peu moins tendue.
– D'où venez-vous ?
– Notre vaisseau a fait naufrage, et nous avons échoué à quelques kilomètres de votre ferme.
– C'est vous que les adeptes de Bâalol recherchent ?
La question directe fit l'effet d'une décharge électrique sur les trois hommes et la jeune femme.
Un silence embarrassé suivit, que rompit Masas, décidée à suivre son intuition qui lui disait qu'elle n'avait sans doute pas affaire à une ennemie :
– Et si c'était le cas ?
Une lueur amusée apparut dans les yeux pers de la fermière.
– On peut considérer votre question comme une réponse positive.
Et elle abaissa son arme, la laissant pendre à bout de bras. Avec un soupir de soulagement, les nouveaux venus se décontractèrent, et reprirent une position moins crispée.
– Entrez vite !
La mère et la fillette se reculèrent, cédant la place à leurs invités. Ceux-ci ne se firent pas prier à deux fois pour obtempérer !
La porte d'entrée soigneusement refermée derrière eux, ils pénétrèrent à la suite de leur hôtesse dans un vestibule donnant sur une grande pièce, meublée d'une table rectangulaire, de plusieurs chaises de fabrication visiblement artisanale et de deux fauteuils avachis. Dans un angle se trouvait un buffet massif, à proximité d'un guéridon surmonté d'un écran tridi encore allumé et où pérorait un homme en uniforme chamarré. Une énorme cheminée trônait contre le mur du fond, plusieurs bûches rougeoyantes se chargeant de chauffer la salle.
La fermière posa son arme sur un râtelier fixé contre l'un des murs, et supportant déjà un radiant antédiluvien.
– Ca fonctionne encore, ces engins-là ? interrogea Stev.
– Si vous en doutez, je peux faire un essai sur vous, rétorqua la femme avec un sourire moqueur.
– Merci, je vous crois sur parole.
Masas interrompit leur échange :
– Quand vous aurez fini d'échanger des amabilités sur les possibilités de ce radiant, j'aimerai bien savoir pourquoi vous nous accueillez avec autant de sympathie alors que vous avez été informée que nous étions recherchés.
– Être recherchés par les Antis, c'est plutôt un brevet de bonne conduite pour nous ! Ces fichus prêtres nous pourrissent la vie depuis qu'ils ont converti le gouverneur de Coriolan V à leur religion hégémonique. Tous les habitants du système sont plus ou moins devenus leurs esclaves.
– Comment est-ce possible ? Je pensais au contraire que les Mondes Indépendants n'acceptaient aucune ingérence, d'où qu'elle vienne. Les dirigeants de l'Empire Solaire en savent d'ailleurs quelque chose !
– C'était comme cela avant.
– Avant ?
– Avant la venue du Grand Prêtre Shorgâal et de sa nuée de moines soldats. Il a su s'attirer les faveurs du Gouverneur, pourtant un brave type aimé de toute la population, et du jour au lendemain, changement complet de décor : ses administrés n'étaient plus bons qu'à servir tous ces suppôts de Bâalol, avec le risque d'être déportés dans un bagne de l'espace en cas de manquement.
Goral émit un sifflement étonné :
– Cela corrobore ce que j'avais appris sur Tarsus, et je dirai même que ça complète ce que je compte révéler au Lord-Amiral, car nous ignorions jusqu'à ce jour que les Antis avaient noyauté certains des Mondes Indépendants.
– En tout cas, cela prouve que ces êtres n'hésitent à se servir de leurs pouvoirs psi pour transformer en pantins dociles les dirigeants des planètes convoitées.
Le court silence qui suivit cette déclaration permit d'entendre le discours de l'homme de la tridi :
–... rappelons que nous ignorons le nombre des trafiquants de sirtil, mais que leur capture n'est plus qu'une question d'heures... Notre gouvernement se montrera impitoyable dans sa répression à l'encontre de tels malfaiteurs, et agira de même contre ceux qui seraient tentés de leur porter assistance.
Corton désigna l'écran :
– C'est de nous que parle cette gravure de mode ?
– Oui. et c'est comme cela depuis bientôt trois heures, acquiesça la fermière.
– J'avais raison de penser que notre ruse avec le Coeur de Fomalhaut ne tromperait pas longtemps le commandant du vaisseau anti. Et il n'a pas perdu de temps pour alerter les autorités de Coriolan !
– Qui ont délégué leur guignol de service pour informer la population de la venue des méchants !
La femme leur désigna les sièges et posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu'elle avait entendu ce que disaient ses hôtes :
– Vous croyez réellement que le gouverneur et les membres de son équipe n'ont plus leur libre arbitre, et qu'ils sont manipulés à leur insu par Shorgâal et ses moines ?
– Sans le moindre doute ! Autrement, pour quelle raison aurait il changé subitement du tout au tout, juste après l'arrivée des prêtres de Bâalol ? Vous disiez vous même que c'était un brave type aimé de tous ses administrés.
Une ride profonde fendit le front de la femme, tandis qu'elle scrutait intensément le visage de ses visiteurs, comme pour chercher à savoir s'ils lui avaient bien dit la vérité. Le résultat de ses cogitations dut la satisfaire, car un bref sourire éclaira ses traits sévères, et elle s'approcha d'un buffet dont elle tira des verres et une bouteille remplie d'un liquide bleuté. Tandis qu'elle faisait le service, elle s'informa :
– S'ils vous recherchent, c'est que vous êtes leurs ennemis ?
– Disons que nous ne sommes pas vraiment en odeur de sainteté !
– Alors, aidez-nous à nous en débarrasser.
Masas secoua la tête :
– Ma pauvre amie. Nous sommes en fuite, et nous espérons trouver un moyen de quitter Coriolan V sans nous faire prendre, ce qui ne sera déjà pas facile. Je ne vois donc pas comment nous pourrions vous venir en aide.
Comme elle voyait s'assombrir son regard gris, elle ajouta :
– Mais ce que je peux vous assurer, c'est que le Lord-Amiral Atlan sera informé de votre situation, et il est hors de doute qu'il interviendra pour vous tirer de leurs griffes.
– Vous en êtes sûre ?
– Tout à fait : les Antis sont les adversaires des Arkonides et des Terranniens. Depuis des siècles, ils désirent la suprématie dans la galaxie. Leur puissance est grande, pas encore au point d'inquiéter réellement l'Empire, mais aussi bien Perry Rhodan qu'Atlan ne peuvent accepter qu'ils étendent leur influence sur les Mondes Indépendants, car les rapports de force pourraient alors changer. Avec les alliés qu'ils ont déjà, et je pense entre autres aux Passeurs, Arras et autres Akonides, ils pourraient rompre le fragile équilibre qui existe actuellement entre guerre et paix.
– D'accord, je vous crois. Et je vous en remercie d'avance.Maintenant, je suppose que si vous êtes venus dans notre ferme, c'est avec un but bien défini.
– Oui, trouver des vêtements un peu moins voyants que nos combinaisons spatiales.
– Suivez-moi, il y a tout ce qu'il vous faut dans l'armoire de notre chambre.
Quelques minutes plus tard, les fugitifs étaient transformés en paysan coriolanais. Masas avait un peu renâclé à enfiler une jupe, mais la fermière l'avait assurée qu'elle aurait plus de chance d'être repérée si elle portait un pantalon. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, elle s'était résignée à se glisser dans une robe de cotonnade de couleurs ternes.
Stev n'avait pas manqué l'occasion de lui faire remarquer qu'elle avait de très jolies jambes qu'il était dommage de dissimuler dans un pantalon ! Ce qui lui avait valu de recevoir sa combinaison spatiale à travers la figure !
Au moment de prendre congé de leur hôtesse et de sa fille, Masas sortit son radiant-psi.
– Je suis désolée, mais il va falloir que je l'utilise sur vous. C'est d'ailleurs une sécurité pour vous, car si les Antis remontent pour une raison ou une autre jusqu'à votre ferme, ils ne pourront pas vous accuser de nous avoir aider, puisque vous aurez été soumises au rayonnement du radiant-psi.
– Je comprends, allez-y.. Mais n'oubliez pas votre promesse.
– Comptez sur moi.
Quelques instants plus tard, les quatre naufragés reprenaient leur route en suivant la direction de la capitale et de son astroport que leur avait indiqué la fermière. Les anti-g leur permettait un déplacement rapide et sans fatigue, mais l'obligation d'évoluer au ras du sol, en évitant villes et villages ainsi que toute rencontre avec des indigènes, était éprouvant nerveusement.
Au bout de six heures de ce jeu de cache-cache, Masas estima qu'ils avaient parcouru plus de huit cents kilomètres et qu'il convenait de prendre un peu de repos. Ils s'engagèrent donc dans le sous bois d'une vaste forêt d'arbres rougeâtres aux troncs épais et noueux, mais dont la cime, en forme de parasol, ne s'élevait pas à plus de dix mètres.
– Voilà l'endroit idéal pour enterrer nos combinaisons et tout le matériel que nous ne pouvons pas emmener avec nous.
– A combien sommes-nous encore de l'astroport ?
– Environ deux mille cinq cents kilomètres.
– Tu parles d'une promenade ! ronchonna Corton.
– Estime toi heureux, au contraire, que nous ayons atterri aussi près de l'astroport ! Nous aurions très bien pu nous poser de l'autre côté de la planète !
Masas fit taire les deux amis d'un geste brusque. Puis, elle porta son bracelet à l'oreille. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres, tandis que la joie illuminait son visage. Devant les trois regards interrogateurs qui la fixaient, elle annonça :
– Le contact est établi.
– Le contact ?
– Avec l'agent de l'O.M.U. en poste dans le système de Coriolan.
– Wahou, ! !
Masas demanda un peu de silence à ses compagnons avant d'entamer un dialogue dans une langue inconnue avec celui qui venait de lui envoyer un signal. Au bout de quelques instants, une réponse lui parvint, dans le même idiome. La conversation fut brève, et dès qu'elle fut terminée, la jeune femme put donner les explications qu'attendaient ses compagnons avec l'impatience que l'on imagine.
– Sandorf, c'est le nom de notre agent, vit sur Coriolan II.. Ne pouvant pas se dédoubler, il avait disposé depuis des années un relais sur Coriolan V, relais qui lui a permis de recevoir le signal que je lui ai envoyé à notre arrivée.
– Alors pourquoi a-t-il attendu si longtemps pour se manifester ?
– Parce que son relais ne fonctionne que dans un sens. Il lui a donc fallu venir sur Coriolan V pour pouvoir nous répondre.
– À propos de réponse, qu'elle était donc la langue que tu employais tout à l'heure ?
La Carsacienne éclata de rire.
– Ça, c'est une idée d'Atlan.. Pendant la deuxième guerre mondiale sur Terre, les américains avaient utilisé des indiens navajos pour correspondre entre eux et échanger des messages que les allemands ne purent jamais traduire, car cette langue n'était plus parlée que par quelques individus et totalement ignorée du reste du monde.
Le Lord-Amiral avait trouvé ce système très astucieux, et il l'a repris pour ses agents de l'O.M.U. Chacun d'entre eux apprend ce dialecte sous hypnose, si bien que, si par extraordinaire les échanges de messages venaient à être interceptés, cela n'avancerait pas beaucoup les indiscrets.
– Ouais, ce n'est pas bête.
– Et qu'est il ressorti de votre pow-wow ? C'est bien comme ça que l'on dit en indien ?
– Cultivé avec ça, notre cher pilote ! Mais trêve de plaisanterie, Sandorf m'a dit qu'il serait là d'ici une heure. Il n'y a donc plus qu'à attendre patiemment.
– Et si c'était un piège ? Car pourquoi n'a-t-il pas avisé l'O.M.U. de la main mise des Antis sur le système de Coriolan ?. Il s'en est forcément rendu compte, s'enquit Goral.
– Rassure-toi, j'y ai aussi pensé. Je lui poserai la question, et sans doute a-t-il une bonne raison, mais dans le doute, j'ai dit à Sandorf que nous n'étions que deux survivants, Corton et moi. Cela permettra à Stev et Goral de nous couvrir en cas de besoin.
Une heure plus tard, la jeune femme et le copilote accueillaient à la lisière du bois un véhicule blindé soutenu par ses anti-g. L'engin s'arrêta avec un balancement d'avant en arrière.
La main sur la crosse de leurs armes, Masas et Corton virent une porte se soulever dans le flanc du transporteur. Dans l'ouverture ainsi découverte, apparut une silhouette dégingandée vêtue d'une façon excentrique, d'un pantalon serré en cuir, glissé dans de courtes bottes de couleur verte, d'une veste chasuble bordeaux sans manche, découvrant des bras musclés tavelés de taches de rousseur, et d'un vaste chapeau de style stetson fiché au sommet du crâne. Un visage en lame de couteau où s'ouvraient deux yeux d'un bleu d'acier, et dont les lèvres formaient un pli ironique, complétaient le personnage. Sandorf leva la main en un salut amical et entama la descente du plan incliné qui venait de se déployer.
Soudain, avec une vitesse qui laissa pantois son compagnon, Masas dégaina son radiant et le braqua en direction du pittoresque agent de l'O.M.U., qui s'exclama, la voix angoissée :
– Non ! ! Ne tirez pas !
– Qu'est-ce que c'est que ça ? interrogea la jeune femme, le doigt toujours sur la détente, en désignant du canon de son arme la créature qui venait d'apparaître derrière Sandorf.
Corton, les yeux écarquillés contemplait lui aussi l'être étrange qui s'était immobilisé au milieu du chambranle.
– Ne craigniez rien, ce n'est que mon garde du corps, Arx.. Il est originaire d'Antila.
Masas hocha la tête et rengaina son arme, avec un petit sourire d'excuse :
– Pardonne moi, Arx, mais j'ai été surprise car Sandorf ne m'avait pas parlé de toi.
Un bruit de crécelle s'éleva et l'Antilan, se balançant sur trois de ses pseudopodes, émit quelques syllabes chuintantes :
– Pas de mal. J'suis habitué.
Et il entreprit de dévaler la pente aux côtés de son maître, en un balancement souple et plutôt gracieux.
Arx, à première vue, avait une ressemblance certaine avec les poulpes terrestres. Mais à première vue seulement ! Doté de huit appendices musculeux soutenant un corps ovoïde grisâtre resserré en son milieu et dont la partie supérieure constituait la tête, l'octopode pouvait se déplacer indifféremment sur trois ou quatre jambes, selon les besoins du moment. Les quatre ou cinq pseudopodes restants étaient autant de bras, et leur extrémité effilée permettait de saisir n'importe quel objet avec une force et une adresse que l'on aurait cru réservées aux humanoïdes. À l'endroit où son corps formait un étranglement, il portait un ceinturon de plastométal où pendaient les gaines d'un pistolet thermique, d'une hache de jet et d'une sorte de sabre court et recourbé. Trois autres sacoches de cuir complétaient cette ceinture d'armes.
Masas nota que le renflement de la tête se terminait par un méplat hérissé d'une couronne d'yeux aux reflets dorés surmontant une bouche ronde encadrée par deux courtes défenses recourbées. Le sommet de son crâne plat était parsemé d'antennes vibratiles qui lui servaient à entendre. Deux branchies, protégées par des plaques osseuses et situées sous le corps, lui permettaient de respirer.
Parvenu au bas du plan incliné, Sandorf s'avança, main tendue vers ceux qu'il venait chercher :
– Bienvenue dans le système de Coriolan.
La jeune femme répondit à son invitation d'une poigne solide, avant de faire de même avec le pseudopode que lui présentait Arx. Le contact froid du membre lui procura un léger frisson au niveau de la colonne vertébrale, mais elle fut surprise de découvrir la force incroyable qui s'en dégageait.
Voilà un client avec lequel il vaut mieux ne pas chercher une bagarre à mains nues, songea-t-elle en lui rendant aussi vigoureusement qu'elle le put sa poignée de main.
Corton fit de même avec une réticence qui déclencha l'hilarité de l'Antilan, dont le rire semblable au bruit d'une crécelle se fit entendre.
– Pas peur d'Arx, petit homme !
Le copilote, gêné, se racla bruyamment la gorge, ce qui redoubla les rires de l'extraterrestre.
Masas, pour détendre un peu l'atmosphère, observa :
– Je connaissais l'existence des Antilans, mais je n'avais jamais eu l'occasion d'en rencontrer. Je pense que vous avez là un formidable garde du corps.
– Et un ami très cher et très fidèle, compléta Sandorf.
– Je n'en doute pas. Mais je voudrais vous poser une question : vous ne pouvez pas ignorer que les Antis sont en train de s'implanter dans le système de Coriolan, alors pourquoi n'en avez vous pas informé les responsables de l'O.M.U. ? Il me semble qu'il s'agit là d'une nouvelle d'importance.
– Exact. Je n'ai pas contacté nos services afin de ne pas être grillé , et de continuer à accumuler lesrenseignements, mais le mois dernier, j'ai chargé un agent de la Section III d'en informer ses supérieurs. À l'heure qu'il est, Atlan devrait être au courant.
La jeune femme hocha la tête pour signifier qu'elle acceptait l'explication qui venait de lui être donnée.
Sandorf ajouta alors :
– Si vous voulez bien monter à bord, il est inutile de nous attarder ici. D'autant que, si j'ai bien compris ce que vous m'avez dit tout à l'heure, moins longtemps vous serez sur Coriolan et mieux cela vaudra.
– Vous avez raison, Sandorf.. le temps de rassembler nos affaires, et nous nous vous rejoignons.
Masas et son compagnon retournèrent à la lisière de la forêt où ils avaient déposé leur matériel et, tout en le ramassant, elle souffla à Stev qui faisait le guet, allongé dans l'herbe haute :
– Tout a l'air normal, mais attendez mon signal pour vous montrer.
Elle enregistra son acquiescement muet et se redressa, hissa sur son épaule la courroie du sac contenant une partie de leurs biens, puis retourna vers le véhicule blindé, suivie de Corton, ployant sous le poids de son chargement.
Arx les débarrassa de leur fardeau avec une aisance dérisoire, et reprit, avec son dandinement coulé, le chemin du plan incliné qu'il gravit sans plus s'occuper d'eux.
À l'entrée du sas, l'Honorable Correspondant de l'O.M.U. les accueillit et leur désigna le fond de l'appareil.
Masas s'engagea à l'intérieur, et se trouva face à des cages, vides pour la plupart, de part et d'autre de l'allée centrale. Elle marqua un temps d'arrêt, puis se retourna vers Sandorf :
– Ce sont nos cabines ? Celles qui sont inoccupées, naturellement.
Un grand rire lui répondit.
– Non, ce sont les outils nécessaires à mon métier. Je suis chasseur galactique, et je recherche des spécimens d'animaux sauvages pour les zoos d'un certain nombre de Mondes Indépendants. Mais, il est possible que je vous demande de vous y dissimuler, cachés dans un double fond si nous avons un contrôle de police.
– Cela risque-t-il d'arriver ?
– Avec la nouvelle politique du gouvernement, les répressions policières ont notablement augmenté, et les personnes qui ne sont pas originaires de Coriolan sont particulièrement visées. Cependant, jusqu'à présent, je n'ai pas eu personnellement à m'en plaindre. Il est vrai que je suis ici depuis si longtemps que je commence à faire partie des meubles !
Masas s'avança entre les cages, contemplant avec surprise les différents types d'animaux qui s'y trouvaient enfermés. Une espèce de batracien géant à l'oeil triste, enfermé derrière une paroi vitrée, attira son attention :
– Cette pauvre bête semble malheureuse comme les pierres.
– C'est son air naturel, et il ne faut pas vous fier à son aspect débonnaire. En fait, c'est un tueur redoutable qui projette un suc corrosif assez puissant pour détruire en quelques minutes une combinaison spatiale. Vous imaginez les dégâts sur une peau sans protection.
– Charmant ! Et où avez-vous trouvé cette délicieuse bestiole ?
– Sur un monde semi-aquatique inadapté à l'homme, du nom de Canopi, et situé juste à la lisière de Coriolan.
Il est en voie de disparition, et m'a été commandé par le zoo de Larimar.
– Larimar ?
– La capitale de Coriolan V. C'est d'ailleurs grâce à lui que je vais pouvoir vous amener sans risques jusqu'à l'astroport.
La jeune femme poursuivit sa visite, vérifia que la soute arrière était vide, et, alors que Sandorf l'invitait ainsi que Corton à prendre place sur les sièges installés à l'avant du véhicule, elle lui demanda d'attendre quelques instants. Puis, elle enclencha le com de son poignet et appela :
– Stev ? Tout est clair, vous pouvez venir.
Stupéfait, le chasseur la fixa les yeux écarquillés, tandis que l'Antillan portait deux de ses pseudopodes aux poignées de ses armes blanches, tandis que se yeux se mettaient à briller.
Masas calma instantanément leur inquiétude :
– Pas de panique ! Ce sont tout seulement nos deux autres compagnons que j'invite à nous rejoindre.
– Mais pourquoi m'avoir dit...
– Que nous n'étions que deux ? Tout simplement parce que je suis méfiante par nature.
– Merci pour nous !
– Ne m'en veuillez pas, mais c'est en agissant ainsi que j'ai réussi à survivre à toutes mes missions jusqu'à ce jour.
– Bon, n'en parlons plus. Mais est-ce que vous avez encore beaucoup de surprises de ce genre ?
– Non, répondit-elle, en songeant qu'elle avait également dissimulé la présence de Calek dans son sarcophage. Peut-être aurait-elle dû en parler, car s'il leur arrivait quelque chose, le pauvre rouquin n'était pas prêt d'être secouru.
Goral et le pilote se présentèrent au pied de l'engin qui servait à transporter les spécimens rares commandés par les zoos. Si leur étonnement à la vue d'Arx fut à la hauteur de celui de Masas et de Corton, ils ne manifestèrent aucun sentiment, car ils avaient déjà aperçu l'Antilan de loin, lorsqu'ils surveillaient la venue des chasseurs.
Sandorf, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, les accueillit avec un mot de bienvenue. Puis, alors qu'ils étaient tous installés sur leur fauteuil, il rétracta le plan incliné et verrouilla le sas d'accès. Ensuite, il s'installa dans son siège-contour, avec Arx comme copilote. Quelques instants plus tard, le lourd engin se soulevait sous l'effet de ses anti-g, pivotait sur lui-même et prenait la direction de Larimar où le compagnon de l'Antilan se faisait fort de les embarquer sur un vaisseau qui les emporterait loin de Coriolan.
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