AGENT DE L'O.M.U.
Un roman fanique d'André Borie

CHAPITRE V : UN HONORABLE CORRESPONDANT
Section 5A

Après s'être dérouillés les jambes pendant quelques minutes, ils entreprirent de vider la nacelle du matériel qu'ils avaient réussi à y entasser. Puis, avec précaution, ils firent glisser le sarcophage hors de l'habitacle, et s'assurèrent du bon fonctionnement de la petite pile atomique qui alimentait le système de réfrigération chargé de maintenir l'infortuné rouquin en état de vie suspendue.

– À présent, il va falloir lui trouver une cachette qui ne risque pas d'être découverte fortuitement.
Dans l'heure qui suivit, les quatre compagnons s'égayèrent dans toutes les directions afin de chercher l'emplacement idéal.
C'est Goral qui découvrit une faille étroite et profonde de trois mètres, à quelques kilomètres de l'endroit deleur atterrissage. À l'aide de leurs anti-g, le container cryogénique y fut amené et déposé au fond. Masas disposa un émetteur sur le couvercle métallique.

– Quand nous reviendrons pour récupérer Calek, il se déclenchera à la réception du signal d'appel. Il suffira d'un gonio pour le retrouver sans peine.
Puis les trois hommes et la jeune femme unirent leurs efforts pour rouler des rochers qui dissimulèrent la cassure dans le sol pierreux.

– Ce serait vraiment un coup de malchance si quelqu'un le découvrait, estima Goral en prenant un peu de recul pour contempler l'amas rocheux qui recouvrait la “ salle d'hibernation ”.
Ils rejoignirent la nacelle cachée dans son anfractuosité, et s'équipèrent avec le matériel qu'ils avaient pu emmener avec eux lors de l'abandon du Coeur de Fomalhaut.

– Et maintenant, quel est le programme ? demanda Corton en se tournant vers Masas.
– Je vais lancer un signal d'alerte. S'il y a un agent de l'O.M.U. sur ce monde, il le recevra et pourra nous contacter.
– Quelle est la portée de ton bracelet ?
– Illimitée, en théorie.
– Ce qui signifie qu'il pourrait atteindre un agent qui se trouverait sur Coriolan II ou ailleurs ?
– Faut quand même pas trop rêver !
– Je me disais aussi.
Alors que l'envoyée d'Atlan effectuait un réglage sur son bracelet, Stev s'informa :
– Sur quel principe fonctionne ton appareil ?
– Il s'agit d'ondes ultra-courtes sur une fréquence propre à l'O.M.U, avec un codage qui les rend intraduisibles à quiconque tomberait dessus par hasard. Chaque agent a son numéro d'appel et sa longueur d'onde personnelle et l'appareil ne peut être utilisé que par celui-ci – ne me demande comment les techniciens swoons ont réussi ce tour de force ! – ce qui permet au Central de l'O.M.U. de retrouver de qui il s'agit, pour peu que le récepteur du message lui transmette le signal reçu.
– Ainsi, le Lord-Amiral peut être avisé de notre présence sur Coriolan V ?

– Oui., mais les rouages de l'Organisation sont tellement complexes que l'information risque de mettre un moment à lui parvenir. Et elle n'a aucune chance d'aboutir directement sur son bureau s'il ne la réclame pas.
Elle sera simplement stockée dans les mémoires du Cerveau Central en attendant que quelqu'un s'y intéresse.
Goral approuva de la tête ce que venait de dire la jeune femme et ajouta :

– Si nous avons un agent sur ce monde, son récepteur va automatiquement mémoriser le signal de Masas, et il sera ainsi en mesure de nous contacter. Nous rejoindre après ne sera plus qu'un jeu d'enfant.
– S'il y a quelqu'un, murmura Corton d'un air dubitatif.
Stev lui lança un coup d'oeil ironique.
– Défaitiste !