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PETITE DIGRESSION
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Petite digression est un texte de Voltaire, publié en 1766 aussi appelé Les aveugles jugent des couleurs dans l'édition de Kehl parue en 1784.Le conte est une forme narrative brève écrit en vers ou en prose, et a toujours une compréhension indirecte, une dimension pédagogique ; la genèse du conte est orale. Texte publié en 1766 (7 ans après Candide, onze ans après le tremblement de terre, année de l’affaire du chevalier, quatre ans après Calas, trois ans après le Traité sur la tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas), le moment où Voltaire s’installe à Ferney, et il mène un combat tous azimuts contre l’obscurantisme, de l’église et des pouvoirs politiques. Affaire Calas, affaire du Chevalier de La Barre.Voltaire montre méfiance et réticence à l’encontre de toute forme de dogmatisme. Il reste sceptique quant à la capacité d’amélioration des hommes et il lutte pour la tolérance, la lucidité et la clairvoyance ; ce que ce texte va montrer. Source: Wikipédia
Texte ou Biographie de l'auteur
Petite digression Dans les commencements de la fondation des Quinze-Vingts, on sait qu’ils étaient tous égaux, et que leurs petites affaires se décidaient à la pluralité des voix. Ils distinguaient parfaitement au toucher la monnaie de cuivre de celle d’argent ; aucun d’eux ne prit jamais du vin de Brie pour du vin de Bourgogne. Leur odorat était plus fin que celui de leurs voisins qui avaient deux yeux. Ils raisonnèrent parfaitement sur les quatre sens, c’est-à-dire qu’ils en connurent tout ce qu’il est permis d’en savoir ; et ils vécurent paisibles et fortunés autant que les Quinze-Vingts peuvent l’être. Malheureusement un de leurs professeurs prétendit avoir des notions claires sur le sens de la vue ; il se fit écouter, il intrigua, il forma des enthousiastes : enfin on le reconnut pour le chef de la communauté. Il se mit à juger souverainement des couleurs, et tout fut perdu. Ce premier dictateur des Quinze-Vingts se forma d’abord un petit conseil, avec lequel il se rendit le maître de toutes les aumônes. Par ce moyen personne n’osa lui résister. Il décida que tous les habits des Quinze-Vingts étaient blancs : les aveugles le crurent ; ils ne parlaient que de leurs beaux habits blancs, quoiqu’il n’y en eût pas un seul de cette couleur. Tout le monde se moqua d’eux, ils allèrent se plaindre au dictateur, qui les reçut fort mal ; il les traita de novateurs, d’esprits forts, de rebelles, qui se laissaient séduire par les opinions erronées de ceux qui avaient des yeux, et qui osaient douter de l’infaillibilité de leur maître. Cette querelle forma deux partis. Le dictateur, pour les apaiser, rendit un arrêt par lequel tous leurs habits étaient rouges. Il n’y avait pas un habit rouge aux Quinze-Vingts. On se moqua d’eux plus que jamais. Nouvelles plaintes de la part de la communauté. Le dictateur entra en fureur, les autres aveugles aussi : on se battit longtemps, et la concorde ne fut rétablie que lorsqu’il fut permis à tous les Quinze-Vingts de suspendre leur jugement sur la couleur de leurs habits. Un sourd, en lisant cette petite histoire, avoua que les aveugles avaient eu tort de juger des couleurs ; mais, il resta ferme dans l’opinion qu’il n’appartient qu’aux sourds de juger de la musique. Voltaire - Petite digression – 1766 Source:bacdefrancais.net
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