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LES DEUX CHAGRINS
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Extrait des Contes de Bonne Perrette, une douce et mélancolique nouvelle.
Le début : « Lorsqu'on la voyait pour la première fois, on la trouvait grande dame ; la seconde fois, on avait surtout d'elle une impression de bonté, qui était la vraie.
L'hôtel qu'elle habitait faisait le coin d'une rue, et, par une deses onze fenêtres, celle de l'angle, on apercevait merveilleuse ment une avenue plantée d'arbres, ornée de massifs, et si longue qu'aux heures tardives où l'ombre épaissit les feuillages, on l'eût prise pour une entrée de forêt, sans la multitude de passants et de voitures qui la traversaient. Là, derrière la glace, la vieille femme se tenait presque tout le jour, lisant, cousant, tricotant même : elle eût filé comme ses aïeules, si on pouvait encore acheter des rouets ailleurs que dans les villages perdus de Bretagne, de Flandre ou de Lorraine. Et, quoi qu'elle fît, elle n'avait guère qu'une songerie, dont sa physionomie était comme pénétrée. Il suffisait de l'apercevoir, droite, blanche et ravagée de visage, portant dans toute sa personne l'indéniable souvenir d'une beauté rare et de la douleur qui l'avait fanée avant le temps, pour dire : « C'est une mère. » Il n'était besoin que de rencontrer le regard de ses yeux pour ajouter : « C'est une mère qui a perdu son enfant. »
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