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RêVERIES ESTIVALES

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Rêveries estivales


Autour de la mondialisation


L'été est propice aux rêves. Pour certains cela peut prendre un tour sentimental, pour d'autres ce sera l'évasion dans la fiction ou… surfer sur la mondialisation qui, si elle est réalité, elle provoque des utopies chez ceux qui la combattent comme chez qui s'en accommodent.

Nombreux sont ceux qui conviennent qu'il ne faut pas laisser le processus de mondialisation se dérouler en toute liberté, car c'est alors le libéralisme sauvage qui s'impose. Il faudrait donner une règle commune qui interdise les excès et qui protège les faibles qui deviennent des victimes de son essor.

Pourtant, les organismes de régulation existants sont contestés par les mêmes, parce qu'inefficaces et subordonnés à la puissance économique étasunienne, pour ceux les plus engagés dans leur contestation.

Il faudrait pour eux d'autres systèmes de régulation en dehors de l'OMC, du FMI, de la Banque Mondiale, de l'ONU, OCDE, G8, et d'autres Davos.

Gouvernement mondial ?

Alors le rêve peut commencer… Il faudrait des organismes indépendants des gouvernements et des Etats. Ils ne devraient pas être dirigés par des technocrates désignés par les Etats, mais par des élus, émanation des citoyens !… Ces organismes devraient imposer des règles « nouvelles », plus éthiques, au commerce mondial, aux gouvernements, aux politiques de chaque pays, aux industriels et aux dirigeants des entreprises multinationales.

La logique de ce rêve mène tout droit vers la nécessité d'un gouvernement mondial dont les titulaires devraient remplir des conditions d'indépendance et de représentativité qui correspondent aux exigences décrites précédemment. Mais personne n'évoque réellement ce gouvernement mondial qui ne dépasse jamais le domaine du rêve.

La difficulté de la réalisation de cette gouvernance mondiale se complique du fait de vouloir concilier une compétence à l'échelle de toute la Terre, avec le souhait d'une implication citoyenne sur le modèle des votations populaires des Suisses, d'un contrôle démocratique participatif de tous !...

Le contraste est évident entre les réalités quotidiennes que chacun conteste, la volonté de trouver des solutions satisfaisantes et l'impossibilité de voir avancer des propositions cohérentes allant au-delà des propos de Café de Commerce : « il n'y a qu'à !… » Mais le souffle devient de suite court pour aller au bout de ces affirmations péremptoires.

Faute de « doctrine » explicite à laquelle se référer il n'y aurait que laisser faire ou brailler dans le désert ?… Les militants qui veulent changer le monde se contentent souvent de faire leurs des propositions idéologiques qui ne sont que des incantations, sans pouvoir tirer les conséquences complexes de décisions qui impliquent des milliers d'intervenants et des intérêts divers, que nous ignorons pour la plupart.

Poursuivons nos rêveries, mais n'oublions pas les réalités. C'est à partir d'elles que nous pourrons avancer dans notre rêve éveillé. Il y a d'abord, les défauts à écarter. Sur le plan mondial les erreurs sont multiples. Il faut les éviter. Vouloir que tous les pays prennent pour modèle celui d'un seul, qui est bien entendu le nôtre, parfait pour ceux qui sont habitués à le pratiquer, mais étranger aux coutumes des autres, c'est les outrager. Ils refuseront logiquement notre arrogance. Vouloir imposer une manière de penser, des habitudes, mais aussi des intérêts nationaux derrière les modes culturels, cela ne sera jamais accepté à l'étranger.

Compromis : accord et engagement !

Dans un monde où les intérêts des uns s'opposent aux intérêts des autres comment organiser une absence de conflits ouverts sinon par des compromis, dans les deux sens du mot : accord mais aussi engagement ? Peut-on être assez naïf pour croire que les gouvernements, mais aussi les citoyens de chaque pays, seraient prêts à renoncer à ce qui les avantage pour faire plaisir aux revendications des autres, sans compensation aucune ?

Alors comment faire si ce n'est pas par une construction qui demandera du temps, de la persévérance et la volonté politique de sortir des conflits par le consensus le plus large. Ne négligeons pas les points d'opposition, que l'on s'efforcera de réduire peu à peu. N'est-ce pas cela justement l'objectif de la diplomatie ?

Bien sûr ces constructions seront lentes. Ce qui n'est pas satisfaisant au stade initial. Les impatiences sont grandes d'aboutir pour les particuliers et les résultats du travail fait portent toujours la marque de la force des grandes puissances. L'on échoue devant le cynisme de certains gouvernements et les accords réalisés pèsent fortement sur les pays les plus faibles. Les diplomates qui agissent sont les représentants des gouvernements, mais comment faire autrement ?

Ces gouvernements ne sont pas tous issus de régimes démocratiques, loin de là. Mais qu'ils soient autoritaires ou démocratiquement élus, ils cèdent toujours aux intérêts particuliers et aux groupes de pression nationaux. Les nationalismes, les oppositions économiques, religieuses, les conflits du passé non encore oubliés, exacerbent les prises de position des Etats. On peut rêver à des accords justes, mais il y a des gagnants et des perdants dans les confrontations internationales, si elles ne sont pas tirées par une volonté commune de justice.

L'essentiel n'est pas de détruire

Beaucoup de choses ont changé depuis 1945. Malgré les crises, les rapports entre les pays de l'U.E. sont plus faciles, plus consensuels et des rapprochements se font jour peu à peu. Il n'y a plus de guerre froide entre Est et l'Ouest. Malgré les échecs, les Droits de l'Homme sont devenus une référence incontournable dans la vie internationale. L'ONU, si elle est impuissante à imposer la paix partout, elle joue un rôle a minima pour calmer certains accès belliqueux.

Certains veulent tout voir en noir. La bouteille peut aussi être vue à moitié pleine.

Mais il n'y a pas que dans le rêve que l'on peut cependant voir se réaliser des progrès. La mondialisation est aussi culturelle et elle donne lieu à des échanges nombreux et enrichissants pour tous. L'information circule de plus en plus et avec elle l'éthique se manifeste avec plus de force. La connaissance de faits inadmissibles ne les fait pas disparaître mais contribue à les rendre honteux. Notre rêve demeure donc optimiste malgré tout.

En attendant la réalisation de l'état utopique d'un Paradis sur terre, le travail politique doit tendre à améliorer l'existant, à toujours l'améliorer : c'est cela la politique au bon sens du terme. L'essentiel n'est pas de détruire tout ce qui existe parce que c'est imparfait. On ne peut pas contester le manque de régulation et supprimer les seuls régulateurs qui existent. On doit exiger plus d'efficacité, plus de pouvoir de contrôle, mais sans paralyser tout échange international par une bureaucratie trop pesante.

Aucun organisme international n'est parfait. Mais les accuser de tous les échecs par démagogie et refus d'assumer nos propres responsabilités nationales c'est nous rendre un mauvais service. Nous devons exiger une prise de conscience nationale de leur importance. Ils ne doivent pas être des boucs émissaires mais des outils pour réaliser les transformations que nous voulons.

Le sort de l'humanité, les relations entre les peuples ne peuvent pas se faire sans l'action des gouvernements, mais il ne faut pas que ce soit dans le désintérêt des citoyens. Les mentalités évoluent très lentement dans une société nationale, mais encore plus lentement dans une société mondialisée : nous pouvons la rêver... Elle n'existe pas encore.

On peut regretter que le rêve ne commande pas la réalité. On peut regretter que les communautés internationales ne se réalisent pas dans la spontanéité des contacts culturels et dans le rapprochement préalable des peuples. On peut regretter que les intérêts nationaux ne s'effacent pas devant les idéaux, mais il ne faut pas que nos idéaux deviennent seulement le moyen d'imposer nos intérêts nationaux.

Dépassons les frontières de nos rêves, agissons dans l'exercice de nos droits de citoyen pour que la politique extérieure de notre pays ne nous soit plus étrangère. Ayons une attitude citoyenne positive pour que nos idéaux républicains, démocratiques de liberté ne demeurent pas enfermés dans le rêve, qu'ils dépassent les incantations du Café de Commerce et que nous devenions un peu plus des acteurs d'une politique internationale mieux comprise... si cela n'est pas encore du rêve!...

Carcassonne, le 2 août 2007

Raymond BELTRAN


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