Photo: Philippe Dagorne
Musique : Musopen: Camille Saint-Saëns: http://musopen.org/music/piece/196Le poème disparu...
Je me suis pris à espérer
Que brise emporte mes mots
En farandole excessive
Presque muette
Parfumée
Et …
Et bien ils se sont envolés
Je les ai vus se chercher
Tout au-dessus de la vague
Agressive
Emeraude
Plouf…
Et comme enivrés par l'écume
Se sont vite éparpillés
Je ne pouvais plus les lire
Solitaire
Attristé
Snif…
Alors que sont-ils devenus
Dans les sinistres abysses
A tout jamais disparus
Esseulés
Oubliés
Chut…
Que sont-ils devenus ?
Ces fragiles nuages
Qui d'un coup s'effilochent
Cotonneux à l'envi
Disparaissent soudain
Arrivés ce matin
Ont salué le soleil
Défilé majestueux
Que sont-ils devenus ?
L'océan s'en souvient
Se peut-il que sa houle
Obsédante et têtue
Les ait lors enlevés ?
Sur la plage oubliée
J'ai trouvé du fil blanc
Il ourlait un filet
Etaient-ce mes nuages ?
Ratures de mon coeur
Ratures de mon cœur
Ont balafré mon âme
Troublant le crépuscule
Qui me semblait offert
Un insidieux reflux
Chargé de ses effluves
Sucrés et entêtants
Qui vous enivrent un peu
Un avant goût de nuit
Porteur d'étranges chants
Pleins de superstitions
Que l'on prête aux hiboux
Et puis cette moiteur
A la fois tiède et crasse
Pour moucher toute flamme
D'un espoir improbable…
Restera le désert...
Des flammes dévorantes
Assèchent les humeurs
D'âmes ensommeillées
Au tréfonds d'une cale
Des vagues métalliques
Malmènent le navire
Arrachant de ses soutes
Des craquements aveugles
Il pleuvra désormais
Sur l'ultime croisière
Celle dont le naufrage
Envoûte les abysses
Des brumes ensablées
Estomperont l'épave
Seuls ses bras décharnés
Ombreront le désert…
Sur le profane autel...
Il neige des étoiles
Sidérées par la nuit
Suspendues dans le ciel
En estival hiver
Et la pluie de lumière
Inonde le village
Délaissant sur les toits
Ses fantômes dorés
Puis l'océan discret
Allume ses guirlandes
Et jette ses oiseaux
Sur des nappes de sable
Ô nuit des sortilèges
Nourrie de simples brises
Dépose tes parfums
Sur le profane autel…
Le croqueur de bonheurs...
Non il ne suffit pas
De décompter les heures
Nous menant au trépas
Et à tous ses malheurs
Il faut se libérer
De ses tristes pensées
Nos rêves éthérés
Peuvent tout effacer
Elle est là l'ouverture
La seule échappatoire
Loin de toute torture
Quel heureux exutoire
Vivre jour après jour
Y croquer leurs bonheurs
Il y en a toujours
Soyez en les cueilleurs…