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ORGIE
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Je vois le pic du Cagire tous les matins en ouvrant mes volets.
Un homme, une femme, une maison et le piémont des Pyrénées.
De grands enfants qui volent de leurs propres ailes... et du temps pour écrire.
Texte ou Biographie de l'auteur
Michel Barrios
Eté 1980, juillet.
Elle était là, fascinante.
Fascinante et muette, comme insensible à ces regards qui la détaillaient goulûment. On ne voyait plus qu'elle, désormais, bien qu'elle se tint à l'angle de la pièce. Un air de fausse modestie. Et pourtant si belle, rondeurs et lignes pures en un accord parfait.
Troublante.
L'homme l'avait conduite ici en fin d'après-midi. Et présentée à tous en quelques phrases alléchantes.
- Voilà, elle est à vous ... avait-il murmuré avant de repartir.
La grande salle en semblait rétrécie.
Et l'homme, tentateur en diable, avait ajouté:
- Je la laisse entre vos mains pour la durée du séjour. J'espère qu'elle vous donnera satisfaction ...
Les quinze stagiaires étaient seuls à présent. Seuls avec elle. Ils la considéraient un peu timidement encore, mais déjà des lueurs au coin de leurs paupières ... Ils s'approchèrent. Entourèrent l'endroit où elle se tenait. Enjôleuse, malgré la superbe indifférence qu'elle faisait mine d'afficher. Ils n'osaient la toucher.
Pas encore.
La caressaient des yeux, anticipaient les gestes. Préliminaires délicieux...
Elle était là. Plastique sans reproche, gainée de gris comme une perle froide. Tentante et mystérieuse. Une émeraude brillait à son flanc droit, comme une invitation... La belle chose qu'ils avaient là, dans ce chalet de bord de mer. Pour quatre jours et quatre nuits. Juste pour eux. Autour, rien que des dunes et les embruns de l'Atlantique. Ensablement désert où se cachait la bâtisse. Les premières maisons, loin là-bas, dans la forêt de pins.
Seuls, avec le soir qui tombe, et le soleil plongeant par-delà l'océan.
Et ELLE sous leurs yeux, ici. Dans ce creux de chaleur. Déjà offerte à leurs regards...
Quinze regards d'envie, de désir retenu.
Avec des doigts déjà lourds d'impatience.
Quinze individus, jusque là sans histoire, qui s'apprêtaient à assouvir on ne sait quoi.
Quinze cadres d'entreprise, tous volontaires, envoyés là en formation continue.
L'intitulé de ce stage, concocté par la Direction, avait d'ailleurs de quoi les inspirer :
" Techniques de REPRODUCTION, théorisation et mise en pratique."
Encore hésitants, pourtant, les futurs "techniciens".
- Alors, qui commence ? murmura une voix.
Le plus hardi se décida.
Main hasardeuse, incertaine au début.
Et puis bientôt les autres, tous les autres.
Ils en usèrent et abusèrent. A tour de rôle, longuement. Avec le geste qui s'assure parce qu'il est répété.
Elle n'était plus intimidante, ne se rebellait pas. Obéissait aux sollicitations, avec un doux murmure de gorge.
Alors, sans retenue, ils libérèrent leurs fantasmes. Tâtonnèrent, tâtèrent joyeusement. Partout.
Les plus déterminés lui firent bientôt subir des montages plus ou moins scabreux, plus ou moins inventifs. Elle acceptait tout, en esclave parfaite.
C'était son métier, après tout, ils la payaient assez cher.
Ils en usèrent encore et encore, tout à leur plaisir. Elle devenait jouet entre leurs mains désinhibées.
A un moment pourtant, on la sentit changer. Lassitude, peut-être ?
Elle renâcla soudain, pour la première fois. Se rebiffait.
Bourrage.
Des désirs fébriles qui fouillent au plus profond.
Décidément, elle rechignait à présent.
Bourrage encore.
Quelqu'un se prit à l'insulter. Un autre insistait, doigts inquisiteurs.
Quand tout à coup elle refusa. Elle se bloquait, la garce ! Paraissait sans vie ... Gestes maladroits pour qu'elle reprenne le dessus. Sans succès.
Bon sang, ils ont exagéré... Ils n'auraient pas dû la forcer comme ça...
Panique.
Merde, qu'ont-ils fait ! Ils sont dans de beaux draps maintenant !
S'interrogent, s'agitent, se regardent, déjà coupables.
Elle ne répond plus aux injonctions diverses.
Mais qu'est-ce qu'ils vont faire...
C'est fini.
La belle photocopieuse toute neuve ne fonctionne plus.
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