écrit par Marcel Proust, est la préface de l'ouvrage de John Ruskin, « Sésame et les lys », (1865), constitué de deux Conférences, « Sésame », et, « Les lys » , dont Marcel Proust assura la traduction en français, en 1906.
Cet ouvrage de John Ruskin sera très bientôt dans notre Catalogue. Et aussi en Rubrique Document_ Essai.
Ici nous suivons Marcel PROUST, dans la Préface, 1906 :
Souvenirs de jeunesse, Félicie, les repas, la chambre, le parc, et les livres... , le « Capitaine Fracasse », la solitude nécessaire...
Citations :
« Je laissais les autres finir de goûter dans le bas du parc, au bord des cygnes, et je montais en courant dans le labyrinthe, jusqu'à telle charmille où je m'asseyais, introuvable, adossé aux noisetiers taillés, apercevant le plant d'asperges, les bordures de fraisiers, le bassin où, certains jours, les chevaux faisaient monter l'eau en tournant, la porte blanche qui était la « fin du parc » en haut, et au delà, les champs de bleuets et de coquelicots. Dans cette charmille, le silence était profond, le risque d'être découvert presque nul, la sécurité rendue plus douce par les cris éloignés qui, d'en bas, m'appelaient en vain, quelquefois même se rapprochaient, montaient les premiers talus, cherchant partout, puis s'en retournaient, n'ayant pas trouvé; alors plus aucun bruit; seul de temps en temps le son d'or des cloches qui au loin, par delà les plaines, semblait tinter derrière le ciel bleu, aurait pu m'avertir de l'heure qui passait; mais, surpris par sa douceur et troublé par le silence plus profond, vidé des derniers sons, qui le suivait, je n'étais jamais sûr du nombre des coups. »
Et :
« Il est cependant certains cas, certains cas pathologiques pour ainsi dire, de dépression spirituelle, où la lecture peut devenir une sorte de discipline curative et être chargée, par des incitations répétées, de réintroduire perpétuellement un esprit paresseux dans la vie de l'esprit. Les livres jouent alors auprès de lui un rôle analogue celui des psychothérapeutes auprès de certains neurasthéniques »
... « Mais la conversation la plus élevée, les conseils les plus pressants ne lui serviraient non plus à rien, puisque cette activité originale ils ne peuvent la produire directement. Ce qu'il faut donc, c'est une intervention qui, tout en venant d'un autre, se produise au fond de nous-mêmes, c'est bien l'impulsion d'un autre esprit, mais reçue au sein de la solitude. Or nous avons vu que c'était précisément là la définition de la lecture, et qu'à la lecture seule elle convenait. La seule discipline qui puisse exercer une influence favorable sur de tels esprits, c'est donc la lecture ce qu'il fallait démontrer, comme disent les géomètres. »
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