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CONTE DE NOëL

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Musique : Starry; Kevin MacLeod (incompetech.com)
Illustration d'après https://pixabay.com/ Domaine public






Texte ou Biographie de l'auteur

Louis Dupire est né en Bretagne en 1887 et est mort à Montréal en 1942. Journaliste, il a collaboré à différents journaux, souvent sous le couvert d'un pseudonyme. Il entre au Devoir en 1912, et y reste jusqu'à sa mort, signant des billets, des nouvelles, des éditoriaux, différents articles. Il a été aussi correspondant parlementaire à Québec, puis à Ottawa. En 1919, il publie Le Petit Monde : recueil de billets du soir.


Conte de Noël


En ce temps-là, la Colonie était pauvre, et les artisans manquaient.


Marie, la fille du sonneur, pieuse enfant, ornait l’autel de ses


mains potelées. En mai, elle disposait les collerettes blanches des marguerites centrées d’or autour de la statue de la Vierge ; en décembre, elle


arrangeait, avec amour, les sombres aiguilles des épinettes pour que Jésus


ait moins froid dans sa crèche, car l’église n’avait pas de feu.


Or, à force de bien écouter les homélies de M. le curé, de s’emplir


longuement les yeux des images du missel, elle sut bientôt son catéchisme


autant que le tabellion, et elle eut un grand désir de communier.


Elle le dit à M. le curé, et celui-ci l’ayant surprise, dans une longue


oraison, devant l’endroit où Jésus devait descendre, la nuit de Noël, lui


confia :


— Marie, tu es bonne et savante en catéchisme : tu communieras à la


messe de minuit. Ce sera une belle fête pour la paroisse.


7


Le petit monde Chapitre III


La petite Marie fut d’abord très contente, mais M. le curé et son père


et sa mère lui avaient raconté que, tout là-bas, dans cette France bénie


dont le souvenir les faisait souvent pleurer, les fillettes de son âge, pour


honorer Notre-Seigneur, se vêtaient de blanc à sa première visite. Marie


éprouva beaucoup de peine car elle n’avait qu’une mante bleue et sa mère


ni personne au village ne savait filer le lin pour lui faire une robe blanche.


Elle avait peur de déplaire à son hôte divin.


Or, la veille de Noël, comme elle plaçait dans la crèche la statue de


la Vierge, il lui sembla que la grossière figure de bois peint lui souriait.


« Sainte Marie, dit-elle, heureuse, donnez-moi pour recevoir votre fils un


voile pur comme ils en ont en France. Voyez, ma sainte patronne, la terre


elle-même devient immaculée pour recevoir votre Fils, donnez-moi une


robe blanche comme la neige ! »


Mais la clochette de la tour de chaume agitait son faible battant pour


la messe de minuit, que Marie, qui cheminait à côté de sa mère, n’avait pas


sa robe. Elle oubliait même sa peine tant elle priait avec ferveur, subissant,


insensible, la caresse des flocons de neige qui la couvraient, petit à petit,


d’une hermine éclatante, étoilée de diamants.


Elle s’approcha de la table divine, les yeux clos et reçut Jésus dans


son cœur et Il s’y complut comme en un ciboire d’or. Cependant, quand


elle regagnait sa place, des murmures troublèrent son extase : « Miracle !


disait-on, miracle ! »


Et elle vit, émerveillée, qu’elle était vêtue d’une robe étincelante de


célestes joyaux, et que sa sainte patronne lui avait donné sa robe blanche.


Source: http://www.bibebook.com/files/ebook/libre/V2/dupire_louis_-_le_petit_monde.pdf


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