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Chapitre 11 Des Jugements
Extraits :
« Rien ne nous venge mieux des mauvais jugements que les hommes font de notre esprit, de nos moeurs et de nos manières, que l'indignité et le mauvais caractère de ceux qu'ils approu vent. Du même fonds dont on néglige un homme de mérite, l'on sait encore admirer un sot.
Un sot est celui qui n'a pas même ce qu'il faut d'esprit pour être fat.
Un fat est celui que les sots croient un homme de mérite.
L'impertinent est un fat outré. Le fat lasse, ennuie, dégoûte, rebute ; l'impertinent rebute, aigrit, irrite, offense : il commence où l'autre finit. Le fat est entre l'impertinent et le sot : il est composé de l'un et de l'autre. »
« Il est ordinaire et comme naturel de juger du travail d'autrui seulement par rapport à celui qui nous occupe. Ainsi le poète, rempli de grandes et sublimes idées, estime peu le discours de l'orateur, qui ne s'exerce souvent que sur de simples faits ; et celui qui écrit l'histoire de son pays ne peut comprendre qu'un esprit raisonnable emploie sa vie à imaginer des fictions et à trouver une rime ; de même le bachelier plongé dans les quatre premiers siècles, traite toute autre doctrine de science triste, vaine et inutile, pendant qu'il est peut-être méprisé du géomètre.
Tel a assez d'esprit pour exceller dans une certaine matière et en faire des leçons, qui en manque pour voir qu'il doit se taire sur quelque autre dont il n'a qu'une faible connaissance : il sort hardiment des limites de son génie, mais il s'égare, et fait que l'homme illustre parle comme un sot. »
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