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CHAT EN POCHE-ACTE1-PART2
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Photo: Représentation théatrale de La Dame de chez Maxim de Georges Feydeau par la troupe d'amateurs de Chalindrey (Haute-Marne).Photo prise en 2003 par le photographe de la troupe, publiée avec l'autorisation de son directeur. - Certains droits réservés (licence Creative Commons)
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Texte ou Biographie de l'auteur
PERSONNAGES
Pacarel : Stanley
Dufausset : Christian Martin
Landernau, docteur : Alain Bernard
Lanoix de Vaux : Aldor
Tiburce, domestique de Pacarel : Bernard
Marthe, femme de Pacarel : Ar Men
Amandine, femme de Landernau : Camille
Julie : Mellow Dee
à la narration: Joane
Acte I
Scène VI
Les Mêmes, Amandine
Lanoix, à part — Ah ! Bibiche ! (Haut.) Bonjour madame !
Amandine, venant de droite— Ne vous dérangez pas !… Ne faites pas attention !… (À part.) M. Pacarel m'a priée, pour la bienséance, de jeter un coup d'œil par là, mais sans les troubler, en ayant l'air de ne pas avoir l'air ; Marthe viendra après.
Julie s'est assise sur la chaise du bureau. Lanoix a pris la chaise que vient de quitter Julie.
Lanoix, tournant sa langue— On ne le croirait pas, mademoiselle, par cette chaleur, je mouille jusqu'à quatre gilets de flanelle par jour !
Amandine, qui a fouillé dans son panier— Ah ! mon Dieu !
Julie— Quoi ?
Amandine— Rien ! (Lisant le billet.) "Depuis que je vous ai frôlée, je vous aime." C'est lui,… c'est le ténor… Ah ! Dieu !… l'imprudent, il m'écrit… J'avais bien vu qu'il me regardait. "Depuis que je vous ai frôlée"… où ça m'a-t-il frôlée ?… Dieu ! Ce doit être l'inconnu que j'ai croisé un jour d'orage dans la colonne Vendôme… Il faisait tellement noir, je n'ai pu le voir… mais j'ai entendu sa voix, car il s'est écrié : "Tiens ! on a mis un bouchon dans la colonne !" Ah ! oui, celui-là, il m'a frôlée… et bien, encore !… Pauvre jeune homme, serai-je impitoyable… faudra voir !…
Elle remonte vers le fond.
Lanoix, saluant— Madame !
Amandine— Ne vous dérangez pas, mes enfants…
Elle sort.
Scène VII
Julie, Lanoix, puis Marthe
Lanoix, Julie— Eh ! bien ! voyons, que vouliez-vous me dire ?
Julie— Je n'ose pas ! Parlez d'abord.
Lanoix— Je n'ose pas non plus.
Julie— J'aime mieux vous l'écrire.
Lanoix— Et moi aussi.
Julie, prenant du papier sur le bureau— Voilà du papier.
Ils écrivent, Lanoix à la table, Julie au Bureau.
Julie et Lanoix— Là ! Voilà, c'est fait.
Ils échangent leurs papiers, en se levant.
Julie et Lanoix, lisant chacun son papier— "L'on ne force pas ses sentiments." Hein !…
Julie— Nous avons dû nous tromper de papiers ?
Ils échangent leurs papiers,
Julie et Lanoix, lisant de nouveau— "L'on ne force pas ses sentiments ! Nous ne sommes pas faits l'un pour l'autre !…"
Julie, éclatant de rire— Ah ! que c'est drôle !
Lanoix— Elle est bien bonne.
Julie— Comment, vrai ! vous ne m'aimez pas ?
Lanoix— Ni vous non plus ?
Julie— Ah ! que je suis heureuse !
Lanoix— Et moi donc !
Julie— Dites donc, mais je devrais me froisser… que je ne vous aime pas, moi, je le comprends… mais vous, ça me vexe…
Lanoix— Je pourrais vous en dire autant.
Julie— Mais, n'ayez pas peur, je ne vous en veux pas… Au fait, dites donc… vous n'avez plus votre tic ?
Lanoix— Mon tic ?
Julie— Oui, vous savez bien, comme ça…
Elle imite Lanoix quand il tourne la langue.
Lanoix— Ce n'est pas un tic… c'est une précaution… C'est maman qui me l'a ordonné…
Julie— Ah ! bien. C'est comme moi, mon… "une, deux, trois, quatre…" C'est une recommandation de papa… Ah ! bien, j'aime autant ça, je me disais : Oh ! pauvre jeune homme !…
Lanoix— C'est comme moi, je pensais : c'est pas possible, elle a avalé un métronome !
Julie— Ah ! comme nous allons nous entendre maintenant que nous ne nous épousons plus,
Ils gagnent la droite.
Lanoix— Je crois bien !… (Tendant la main.) Amis ?
Julie— Amis. Et maintenant, soyons diplomates… jusqu'à nouvel ordre, pour tout le monde nous restons ce que nous sommes… C'est le seul moyen de conserver notre liberté, et nous aurons tout le loisir de prendre une décision.
Lanoix— Entendu,… donc, comme si de rien n'était…
Julie— Attention ! voilà ma belle-mère.
Lanoix, saluant Marthe qui entre de gauche— Madame…
Marthe, entrant de gauche— Ne vous dérangez pas… ne vous dérangez pas. Dis donc, tu n'as pas vu le ténor, fillette ?
Julie— Non.
Marthe— Je le cherche… il faut que je lui rende ses six sous… Voyons, il n'y a pas un morceau de papier pour envelopper… c'est plus convenable pour remettre de l'argent.
Lanoix— Allons, c'est convenu… nous restons fiancés aux yeux du monde… Et maintenant (Imitant Julie.) une, deux, trois, quatre… une, deux, trois, quatre. Je vous demande la permission de vous quitter.
Julie, tournant sept fois sa langue— Mais faites donc, cher monsieur !
Lanoix, passant au deuxième plan— Elle est charmante.
Julie— Il gagne beaucoup comme ami…
Elle remonte.
Marthe— Vous partez, monsieur ?
Lanoix— J'y suis forcé, madame,… car… ma mère… m'attend.
Il sort par le fond avec Julie.
Scène VIII
Marthe, puis Dufausset
Marthe, elle fouille sur le bureau— Une vieille lettre d'Amandine quand elle était en Italie avec son mari. (Parcourant la lettre.) "Si vous saviez que de bibelots j'ai achetés… des caisses pleines… Je sens que je fais des folies et que j'en ferai encore ; ne dites rien à mon mari… je ne dis rien non plus… Soignez bien mon serin, et si vous voulez être tout à fait adorable, achetez-moi une paire de jarretières bleues… Je vous embrasse— Amandine Landernau." Oui, ça n'a aucune importance, ça… (Elle déchire la lettre et enveloppe les six sous dedans)— Là… comme ça, enveloppé… c'est plus convenable.
Dufausset, avec un cache-nez autour du cou— Ouf ! si je m'enrhume, j'aurai de la chance.
Marthe— Le ténor !… Tiens ! vous avez froid ?
Dufausset, à part— Madame Landernau ! (Haut.) Moi ? pas du tout… C'est monsieur Pacarel qui a voulu précisément… pour que je ne prenne pas froid… (À part.) On a touché au panier, elle a dû trouver le billet.
Marthe— Il faut que je lui rende ses six sous. (Haut.) Monsieur !
Dufausset— Madame…
Marthe— Je vous cherchais à cause de ce que j'ai reçu de vous.
Dufausset, à part— Mon billet. (Haut.) Oh ! madame, vous ne vous êtes pas offensée ?…
Marthe— On ne se froisse jamais d'une galanterie.
Dufausset— Ah ! ce que j'ai fait est bien audacieux..
Marthe— Je n'ai point trouvé…
Dufausset— Ah ! vous n'avez… (À part.) Diable ! elle est cuirassée ! (Haut.) Croyez bien que si j'avais su… mais quand on ne connaît pas, n'est-ce pas ? Je n'ai pas osé en mettre davantage.
Marthe— Oh ! je n'avais pas besoin… le tarif et rien de plus.
Dufausset— Le tarif !… Ah ! il y a un tarif ?
Marthe— Est-ce que ce n'est pas comme ça à Bordeaux ?
Dufausset— Mon Dieu ! non… (À part.) Je ne comprends pas un mot de ce qu'elle dit ! J'aurai besoin de me faire aux habitudes de Paris.
Marthe,?— Pas de tarif !… Ce doit être bien incommode… on ne doit jamais s'entendre…
Dufausset— Ah ! si… C'est une question de sympathie !…
Marthe— Avec le conducteur ? Oh ! vous m'en direz tant !…
Dufausset— Elle appelle ça un conducteur ?… C'est un type… C'est égal, je suis heureux que vous ne soyez pas froissée…
Marthe— Moi ! pourquoi voulez-vous que je me froisse ?… Après tout, vous n'avez cherché qu'à m'obliger.
Dufausset— Certainement, je… (À part.) Elle a une façon de désigner les choses…
Marthe— N'importe ! je n'ai pas voulu être en reste avec vous, et à mon tour, voilà !
Elle lui remet l'argent enveloppé.
Dufausset— Un billet !… elle m'a répondu… Ah ! on ne perd pas de temps à Paris… on brûle… on brûle… C'est la névrose, la fameuse névrose… Mais pourquoi m'a-t-elle mis des petits cailloux dedans…
Marthe— Et maintenant, je vous quitte.
Dufausset— Ah ! je garderai cela toute ma vie…
Marthe— Ça, ça vous regarde… L'économie est une belle qualité… Au revoir et merci !…
Elle sort par la droite.
Scène IX
Dufausset, puis Amandine
Dufausset, seul— Que peut-elle me dire ? (Il développe.) Tiens ? ce ne sont pas des cailloux,… c'est de l'argent ! Ah ! les six sous… Elle aurait pu les garder. (Il lit.) "Je sens que je fais des folies et que j'en ferai d'autres. (Parlé.) Est-il possible ! Ah ! cher ange ! (Lisant.) Ne dites rien à mon mari." (Parlé.) Tiens, parbleu ! pas si bête ! (Lisant.) "Je ne dis rien non plus." (Parlé.) Je l'espère bien… (Lisant.) "Soignez bien mon serin !…" (Parlé.) Son serin ? Ça doit être son mari… elle a une façon d'appeler les choses… (Gagnant la droite.) Certainement je le soignerai ton serin… C'est dans l'ordre cela… (Lisant.) "Et si vous voulez être tout à fait adorable… (Parlé.) Voyons ? (Lisant.) Achetez-moi une paire de jarretières bleues !" (Parlé.) Hein ? une paire de… Mais je crois bien… elle est exquise… une paire de… On ne voit ça qu'à Paris… Mais je vais courir lui en acheter des masses… (Lisant.) "Je vous embrasse. (Signé.) Amandine Landernau." Ah !
Amandine, du fond— Le ténor… je suis émue…
Dufausset— Ah ! Amandine, chère Amandine !…
Amandine, descendant— Il pense à moi…
Dufausset— Oui, va, je te donnerai des jarretières…
Amandine— Il veut me donner des jarretières !
Dufausset— J'en ferai venir un lot… Ah ! mais tu m'aimeras, dis, Amandine, tu m'aimeras ?…
Amandine, digne— Mais, j'aime mon mari, moi, monsieur !
Dufausset— Hein ! Vous !… mais, je n'en doute pas, Madame… (À part.) Qui est-ce qui lui demande quelque chose ? Encore une qui a l'araignée !…
Amandine, à part— Je l'ai intimidé, pauvre garçon… (Haut.) C'est-à-dire, j'aime mon mari, mais non au détriment des autres amitiés…
Dufausset— Ah ! vraiment !… (À part.) Qu'est-ce que ça me fait, à moi.
Amandine— Ne rougissez pas, jeune homme…
Dufausset— Je ne rougis pas !…
Amandine— Ainsi, quand je vais dans la colonne Vendôme… Ne blanchissez pas, jeune homme !
Dufausset— Mais je ne blanchis pas !
Amandine— Souvent on se croise, on se rencontre… une fois, entr'autres… il descendait, je montais… je me suis effacée…
Dufausset— Allons donc ! Comment avez-vous fait ?
Amandine— Il m'a frôlée… Ne verdissez pas, jeune homme !
Dufausset— Mais je ne verdis pas !… Elle voudrait me faire passer par toutes les couleurs !…
Amandine— Et de ce frôlement a jailli l'étincelle… Je n'ai pu le voir, lui !… mais j'ai entendu sa voix. (Impérative.) Jeune homme !…
Dufausset— Bon ! quelle couleur à présent !
Amandine— Jeune homme ! Dites un peu pour voir : "Tiens, on a mis un bouchon dans la colonne !"
Dufausset, répétant— "Tiens, on a mis un bouchon dans la colonne !"
Amandine— Ça n'est pas du tout la voix… C'est sans doute parce qu'il nous manque la colonne ! Mais ce ne peut être que lui… il n'y en a pas tant qui m'aient frôlée !…
Dufausset— Non, mais pourquoi me raconte-t-elle tout cela ?
Amandine— Vous dire combien cette rencontre dans la colonne m'a brisée, écrasée…
Dufausset— Ça ne m'étonne pas, c'est si étroit !…
Amandine— Depuis, ce souvenir me hante… Alors, je sens des effluves de sang qui me remontent… et des battements là et là… ça fait : "… brououou" partout.
Elle passe au deuxième plan.
Dufausset, à part— Pauvre petite ! (Haut.) Parfaitement… Eh ! bien, j'ai connu une dame qui avait ça… on lui a fait prendre des purgations… et quelques mois après, elle accouchait.
Amandine— Est-il possible ! Ah ! le ciel m'en préserve… (À part.) Je crois que j'ai trop brusqué tout à l'heure…
Scène X
Les Mêmes, Pacarel de gauche, Landernau du fond, Marthe de droite, Julie du fond.
Pacarel— Ah ! mes amis, je suis aux anges… il a une voix, voyez-vous…
Landernau— Tu l'as fait chanter ?
Pacarel— Non, mais je l'ai entendu tousser, et il a un creux ! Aussi, j'ai immédiatement écrit aux directeurs de l'Opéra pour demander une audition.
Marthe— Si tu le priais de chanter quelque chose…
Pacarel, passant devant Landernau et allant à Dufausset— Volontiers… Mon cher Dufausset…
Tous— Dufausset ?…
Pacarel— Oui, chut !… je ne vous l'ai pas dit… il est le fils naturel de Dufausset… Mais ne lui en parlez pas, cela lui ferait de la peine…
Il remonte.
Landernau— Oh ! le pauvre garçon ! (Il va serrer la main à Dufausset par condoléance.) Croyez que je prends bien part…
Dufausset— Vous êtes trop aimable !… (À part.) Qu'est-ce qu'il a le médecin ? (Haut.) À propos de quoi…
Landernau— Rien, chut !… Je respecte les blessures…
Dufausset— Vous avez raison, ça regarde les chirurgiens. (Landernau remonte. À part.) Quelle drôle de famille !…
Pacarel— Dites donc, chantez-nous donc quelque chose ?
Dufausset— Moi ? vous n'y pensez pas !…
Pacarel— Voyons, c'est bien le moins.
Dufausset— Quelle sacrée manie ils ont de vouloir me faire chanter !
Marthe— Oh ! monsieur, vous ne me refuserez pas, à moi !
Dufausset, à part— Elle ! (Haut.) Mais je vous assure que je n'ai pas de voix…
Amandine— Allons donc ! On dit toujours ça !
Julie— Je vous accompagnerai…
Dufausset— Où ça, mademoiselle ?
Amandine redescend vers le premier plan.
Julie— Mais au piano.
Dufausset— Oh ! j'irai bien seul…
Julie— Mais non, je vous jouerai l'accompagnement, là !…
Dufausset— Ah ! vous me… parfaitement… C'est que je vais vous dire… les pianos, ils sont tous faux, à côté de ma voix.
Marthe— Enfin, nous essaierons.
Dufausset— Alors, vous voulez que… Eh ! bien, tant pis pour vous, c'est vous qui l'aurez voulu !
Tous, avec satisfaction— Ah !
Dufausset, à Marthe, bas— Ah ! vous m'avez donné bien du bonheur !
Marthe— Moi !…
Dufausset— Oui ! Oh ! mais, allez, je vous en donnerai des jarretières…
Marthe— À moi ! mais il est fou !
Julie— Qu'est-ce que vous voulez chanter ?
Dufausset, s'avançant un peu— Ça m'est égal… Je sais un peu… "Salut ! demeure chaste et pure !"
Julie— Ah ! je connais, je l'ai refait.
Amandine, à Marthe— Qu'est-ce qu'il vous a dit ?
Marthe— Je ne sais… il m'a offert des jarretières !
Amandine— Tiens, et à moi aussi ! C'est une monomanie.
Julie— Y êtes-vous ?
Dufausset— Voilà. (Bas à Marthe, en passant.) Je vous aime !
Marthe— Ah ! mon Dieu ! Je suis aimée d'un ténor.
Landernau, qui a entendu— Il fait la cour à Marthe !… Je le surveillerai.
Julie se met au piano et prélude.
Dufausset, toussant pour se mettre en voix— Hum ! Hum !…
Pacarel— Comme c'est déjà beau ! Comme on sent un grand ténor.
Amandine et Marthe, se pâmant— Ah !…
Amandine— C'est exquis !
Landernau— Chut ! Bibiche !
Dufausset, chantant— "Salut ! demeure chaste et pure !"
Il fait un couac.
Landernau— Aie… il y a un chat !
Pacarel— Où ça ?… faites-le sortir !
Amandine et Marthe— Chutt ! ! !…
Dufausset— "Salut ! demeure chaste et pure !" (bis).
Julie— Non, permettez… vous descendez… on remonte.
Dufausset— Moi, je descends toujours.
Pacarel— Oui, c'est toujours comme ça pour les grands chanteurs… On modifie ! Bravo ! Bravo !
Tous— Bravo ! Bravo !
Dufausset, salue et remercie. À Julie,?— Voulez-vous recommencer, mademoiselle, j'y suis.
Tous— Ah !
Julie prélude. Au moment où Dufausset ouvre la bouche pour chanter, on entend un orgue de Barbarie qui joue dans la coulisse.
Tous— Oh !
Tout le monde se lève et remonte vers le fond.
Pacarel— Que le diable l'emporte !
Marthe— C'est un mendiant devant la grille.
Amandine— Il faut lui jeter des sous pour qu'il s'en aille.
Pacarel— C'est ça. (Il jette des sous.) Mais allez-vous en !
Tous, jetant des sous— Allez-vous en ! Allez-vous en !
Pacarel— Ah ! il s'en va.
Landernau— Ce n'est pas malheureux.
On se réinstalle.
Pacarel— Là, maintenant, si vous voulez bien…
Dufausset recommence à chanter ; au bout de deux mesures, on entend l'orgue qui reprend de plus belle.
Tous— Oh ! encore.
Tout le monde remonte vers la fenêtre.
Dufausset, quittant le piano— Il n'y a pas moyen de chanter comme ça ! Il joue un air, moi j'en chante un autre ; ça fait un courant d'airs… Ça n'est pas possible !…
Pacarel, vivement— Un courant d'air ! Ah ! mon Dieu ! il a raison ! il pourrait prendre froid ! Vite ! fermez les portes ! (À Dufausset.) Couvrez-vous ! (Aux autres.) Couvrons-le !
Remue-ménage général. Tous cherchent un objet pour couvrir Dufausset, ahuri. Chacun se précipite, qui sur un foulard, qui sur un tapis de table, qui sur un manteau, pour couvrir Dufausset.
Dufausset, ahuri— Mais qu'est-ce qui les prend ?
Pacarel, une chancelière à la main— Un courant d'air ! Ah ! bien merci !…
Il coiffe Dufausset de la chancelière.
Landernau, au milieu du brouhaha général— Eh ! bien, au fond, on ne serait pas connaisseur, on dirait : cet homme-là, c'est pas un chanteur, c'est une casserole !
RIDEAU
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