Antoine, fort irrité du Discours prononcé par Cicéron le 2 septembre 709, indiqua pour le 19 une autre assemblée du sénat. Cicéron voulait s'y trouver; ses amis s'y opposèrent. (Philipp., v, 7; Epist. famil., xii, 25.) Antoine, dans cette assemblée, l'accabla des reproches les plus violents et les plus injurieux; cita sa lettre sur le rappel de Sextus Clodius (ad Att., xiv, 13), et l'accusa d'avoir été complice de Brutus.
Il voulait surtout, comme Cicéron l'écrit à Cassius (Epist. famil., xii, 2), exciter contre lui les vétérans de César.
C'était une déclaration de guerre.
Cicéron y répondit par la seconde Philippigue, modèle d'éloquence dans le style de l'ancienne invective, et que Juvénal, x, 125, appelle une ceuvre divine. Quoiqu'elle porte le caractère d'une réplique improvisée à des imputations faites dans le moment même, elle n'a jamais été prononcée. Cicéron la composa dans une de ses maisons de campagne aux environs de Naples.
Il en transmit une copie à Brutus et à Cassius ; mais son dessein était de ne la publier qu'à la dernière extrémité, c'est-à-dire, au moment où l'intérét de la république lui en ferait une loi, pour rendre la conduite et les projets d'Antoine plus odieux.
Il est à présumer qu'il la publia après sa troisième et sa quatrième Philippique, lorsque le sénat eut pris ouvertement le parti de résister aux usurpations d'Antoine.
Le ressentiment que celui-ci en conçut, fut la principale cause de la proscription et de la mort de Cicéron.
Cette harangue fut publiée à la fin de l'an de Rome 709. Cicéron achevait sa soixante-troisième année.
Source: http://remacle.org/bloodwolf/orateurs/phil21.htm