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LES ARENES D'OOBIOCHE (CHAPITRE4-E)
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Adaptation audio d'un roman fanique d'André Borie se déroulant dans l'univers de Perry Rhodan.
Deuxième aventure de Masas PAVEL (vous trouverez la première ici). "Masas PAVEL et ses frères sont chargés par Atlan de voler au secours d'un peuple d'ursidés. C'est plus tard que les choses virent vraiment mal!"
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Musiques de Christian Martin / NewPort Orchestra
Texte ou Biographie de l'auteur
LES ARÈNES D'OOBIOCHE
Un Fan-Roman de l'Univers de Perry Rhodan
André BORIE (08/2002)
CHAPITRE IV
Section E
Masas prit congé du colonel Ternet, du lieutenant Caryl Hoffmann et du sergent Lamarre qui devaient être déposés à d'autres endroits de l'île, en leur souhaitant bonne chance, puis elle descendit le plan incliné qui menait au sol. À peine était-elle sur l'herbe grasse du terrain que la passerelle fut retirée, et la jeune femme dut reculer précipitamment pour éviter d'être touchée par les flux d'énergie des moteurs réactivés. Le vaisseau s'éleva dans les airs, effectua une courbe et, survolant la petite forêt près de laquelle elle avait été larguée, s'éloigna afin de poursuivre son « lâcher de gibier ».
Lorsque leur engin avait atteint l'île où devait se dérouler la chasse à l'homme, il s'était posé sur un petit astroport, le temps pour Masas et ses compagnons de faire connaissance avec les chasseurs. Il y avait quatre groupes de cinq personnes et de trois féroces molosses tenus en laisse. Leurs maîtres étaient armés d'antiques fusils à poudre et de sabres d'abatis, et ils attendaient pour découvrir, après tirage au sort, lequel des prisonniers leur avait échu. La jeune femme n'eut pas besoin de longues explications pour comprendre que c'était elle qui était considérée comme le morceau de choix . Les cris de joie de ceux qui l'avaient « gagnée », ainsi que les mines déconfites des perdants, étaient suffisamment explicites !
Un plan de l'île leur avait été montré. Y figuraient l'emplacement où ils se trouvaient, les quatre zones où ils seraient déposés, et le but qu'il leur faudrait atteindre pour rester en vie.
– Quelle distance y a-t-il à parcourir avant le refuge ? s'était informé le colonel Ternet.
– Environ cinquante kilomètres, mais vous n'y arriverez jamais ! avait ricané un des hommes. Personne n'a réussi à nous échapper jusqu'à ce jour ! Cependant, afin de vous laisser une petite, une toute petite chance, nous vous octroierons une heure d'avance, avant de commencer la chasse !
Masas regarda autour d'elle, cherchant à s'orienter pour trouver la direction du but à atteindre. Elle tenta de visualiser la carte de l'île qui leur avait été brièvement présentée, et se concentra en fermant les yeux. Sur l'écran de ses paupières closes, elle revit les emplacements des forêts, assez nombreuses et touffues, la colline dénudée parsemée d'éboulis, et la côte la plus proche de l'endroit où elle se trouvait. Un sourire sans joie s'esquissa sur ses lèvres :
Vous allez peut-être avoir des surprises désagréables !
Elle jeta un coup d'œil au chrono qu'elle portait au poignet, seul instrument autorisé par les chasseurs. Sans doute une façon sadique d'augmenter le stress du gibier en lui donnant la possibilité de savoir où en étaient les traqueurs !
Encore cinquante-sept minutes, s'ils observent leurs propres règles, estima-t-elle.
La jeune femme commença à courir d'une allure souple, non pas en direction du refuge à atteindre, mais vers la mer. Tout en traversant des zones boisées, elle observait la végétation, cherchant du regard le type d'arbre qui conviendrait à son plan.
Son choix s'arrêta sur une espèce d'if dont les branches longues et droites lui parurent appropriées.
Elle escalada agilement le tronc, s'éleva parmi les fourches branchues jusqu'à ce qu'elle atteigne une tige de quatre mètres de long qu'elle s'évertua à briser à sa base. Ses efforts furent couronnés de succès, et elle dégringola au sol avec son butin. Un coup d'œil vers les frondaisons pour s'assurer que l'on ne voyait pas la blessure sur le tronc, puis elle reprit sa course.
Lorsqu'elle atteignit la côte, ce fut pour s'apercevoir qu'elle se trouvait dans une mangrove dont les pieds des arbres étaient immergés dans l'eau sur plusieurs hectares.
Excellent ! Les chiens vont avoir quelques difficultés à me retrouver là-dedans.
Elle avisa un rocher auprès duquel se trouvaient plusieurs grosses pierres. Elle en choisit une qu'elle frappa violemment sur une autre, jusqu'à ce qu'elle récolte un éclat acéré aussi grand que la paume de sa main. Elle testa le tranchant avec son pouce et eut une moue de satisfaction.
Elle saisit sa branche et en coupa quatre morceaux d'une trentaine de centimètres de long dont elle épointa soigneusement les deux extrémités. De la même manière, elle se confectionna sommairement un épieu, un solide gourdin et un poignard effilé.
Puis elle se déshabilla, ne gardant que ses sous-vêtements et ses courtes bottes sur elle. Elle fit une boule avec le reste, après avoir déchiré les manches de sa combinaison. Elle chercha alors un arbre dans lequel elle pourrait dissimuler ses vêtements, en dénicha un dont une grosse fourche à trois mètres de haut ferait une excellente cachette, et les lança en l'air. Au deuxième essai, elle réussit à les coincer de manière à les soustraire à la vue directe de ses poursuivants.
Elle repéra soigneusement l'endroit afin de le retrouver sans difficulté, puis, utilisant un de ses morceaux d'étoffe en guise de fourreau après avoir fait un nœud à une extrémité, elle y glissa son poignard et ses quatre bouts de bois pointus. Ensuite, ses armes dans une main et son arête tranchante dans l'autre, elle s'avança dans l'élément liquide et tiède qui lui montait jusqu'à mi-cuisse, se glissant entre les troncs d'une espèce indigène de palétuviers en direction du large, tout en se posant des questions sur le genre de faune qui pouvait sévir dans cette eau légèrement croupissante.
Elle s'arrêta au bout d'une centaine de mètres sur une sorte de minuscule îlot où elle installa son premier piège. Utilisant sa pierre acérée, elle découpa une des manches en trois, puis elle s'efforça de plier le plus possible une de ses branches épointées et de la maintenir dans cette position à l'aide d'un des lambeaux de tissu. Elle déposa soigneusement son ouvrage sur le sol, s'assurant que la solide étoffe remplissait bien son rôle de maintien, puis, ramassant tout son matériel, elle reprit sa marche dans l'eau.
De temps à autre, elle appuyait ses mains sur un tronc, laissant intentionnellement une piste olfactive pour les chiens. Après un bon kilomètre de parcours erratique, elle s'arrêta à nouveau et consulta son chronomètre.
Ils vont se mettre en route d'ici deux ou trois minutes, mais il leur faudra bien une heure pour atteindre la mangrove ! J'ai donc largement le temps de leur concocter un tour à ma façon.
Elle confectionna un second traquenard qu'elle déposa au creux d'un des arbres immergés, trente centimètres au-dessus du niveau de l'eau, puis poursuivit son chemin parallèlement à la côte, cette fois dans la direction du refuge.
Levant la tête pour repérer le type d'arbre qu'elle recherchait, elle marcha pendant une dizaine de minutes avant de tomber en arrêt devant un végétal qui parut lui convenir. Gros, le tronc scindé en deux à la base, il possédait un entrelacs de branches épaisses dotées d'une certaine souplesse.
Avec un petit sourire amusé – s'ils m'attrapent, ils vont croire que j'ai fait ce que je pouvais afin de les séduire ! – elle démonta l'armature de son soutien-gorge et s'empara du fil plastique qui en bordait les bonnets.
Elle courba ensuite en arrière un de ces rejets qu'elle maintint en position à l'aide du lien ainsi obtenu et du troisième morceau de bois épointé qu'elle planta dans le sol à travers son dernier lambeau de tissu, dont une partie s'offrirait aussitôt à la vue de quiconque suivrait les chiens.
Prenant un peu de champ et s'efforçant de se mettre dans la peau du chasseur qui était à sa poursuite, elle s'avança à nouveau vers l'arbre sur lequel elle avait jeté son dévolu. Critique, elle dut s'avouer qu'elle ne serait jamais tombée dans un piège aussi grossier Mais elle avait été élevée par des mercenaires dont la survie était le principe essentiel, ce qui n'était certainement pas le cas des malades qui participaient à cette lamentable chasse à l'homme, et qui étaient habitués à traquer des êtres terrorisés et hantés par une seule pensée : atteindre le refuge qui leur sauverait peut-être la vie.
À peu près satisfaite du travail effectué avec le peu de moyens dont elle disposait, elle jeta un coup d'œil au chrono : la chasse était lancée depuis dix-sept minutes ! Ce qui lui laissait le temps de peaufiner sa mise en scène.
Elle utilisa la deuxième manche, celle qui avait servi de fourreau, et y glissa son dernier morceau de bois, à peine plié, afin de faire croire à une maladresse due à un début de panique. Elle déposa son piège bien en vue et s'éloigna en effectuant un arc de cercle qui la ramena vers la terre ferme, où elle laissa deux empreintes de pas effacées de façon malhabile.
Au lieu de poursuivre sa route, elle retourna dans l'eau et se mit à nager en revenant sur ses pas, mais en évitant soigneusement le contact de tous les végétaux qui se trouvaient sur son chemin. Et à moins de cent mètres de l'endroit où elle avait initialement pénétré dans la mangrove, elle s'immergea parmi l'entrelacs de racines d'un palétuvier.
Le haut du visage affleurant à peine la surface de l'eau, elle attendit patiemment la venue de ses poursuivants.
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