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AGENT DE L'O.M.U.(2A)
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Chapitre 2A
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Adaptation audio d'un roman fanique d'André Borie se déroulant dans l'univers de Perry Rhodan. "Les Antis font des leurs et Masas Pavel, agent de l'O.M.U., sous les ordres du Lord-Amiral Atlan, est envoyée sur le terrain pour libérer Goral Toseff."
Musiques & paroles de Christian Martin / NewPort Orchestra
Texte ou Biographie de l'auteur
AGENT DE L'O.M.U.
Un roman fanique d'André Borie
CHAPITRE II : FUITE DANS L'INCONNU
Section 2A
Masas se dirigea vers la cage d'où provenait la voix. Un jeune homme aux traits émaciés, à la main gauche entourée d'un linge sanguinolent, la contemplait l'air extasié.
– Qui… qui êtes-vous ?
– Masas Pavel... C'est le Lord-Amiral Atlan qui m'envoie.
– Les dieux soient loués ! Je savais bien qu'il me sortirait de là.
– Il va encore falloir quitter ce charmant lieu de villégiature, et se payer une séance de saute-mouton dans l'atmosphère de Lupus IV, marmonna la jeune femme en s'activant sur la serrure.
Elle se redressa avec une petite moue de contrariété.
– Si je ne veux pas déclencher l'alarme, il va falloir que je trouve la clé.
– C'est le garde que vous avez épinglé avec votre cure-dent qui détient tout le trousseau.
Un sourire amusé apparut sur les lèvres de Masas qui apprécia l'humour du prisonnier. Cela prouvait au moins que les sévices subis ne l'avaient pas marqués moralement. Elle s'approcha de sa victime qui était étendue à plat ventre près de la table, la retourna de la pointe du pied et arracha le couteau qui avait causé une plaie effrayante, tranchant quasiment la tête. Elle essuya la lame sur l'uniforme du garde et détacha le paquet de clés qui pendait à sa ceinture.
Un bruit de voix assourdi commença à s'élever dans la salle, les autres prisonniers, tout d'abord surpris par la soudaineté de l'action et l'apparition de la jeune femme, se mettant à manifester dans l'espoir d'être libérés.
– Taisez-vous, je m'occupe de vous dès que j'ai ouvert la cage de Toseff.
C'est dans le plus grand silence qu'elle essaya diverses clés avant de trouver la bonne. Toseff poussa la porte grillagée de sa prison et serra avec reconnaissance la main de la Carsacienne.
– Merci, ça fait du bien d'être de ce côté des barreaux.
– Je m'en doute !
Elle s'approcha de la cage suivante où se tenait un homme d'une quarantaine d'années aux cheveux roux. Elle tâtonna à peine pour trouver le bon sésame et glissa tout le trousseau dans la main de celui qu'elle venait de libérer.
– Continue.
Tandis que le rouquin s'exécutait, elle se rapprocha de Goral qui s'était emparé du désintégrateur lâché par le second gardien.
– Il va falloir filer en vitesse. Je crains que quelqu'un ait entendu le grondement de cet engin, même s'il a été très bref.
Ils s'avancèrent vers l'entrée du couloir qui portait les traces du tir instinctif du garde à l'apparition de Masas. Lorsqu'ils s'y engagèrent, le rouquin était sur leurs talons, précédant une demi-douzaine de prisonniers silencieux, et déterminés à s'évader des geôles de la sinistre forteresse.
Le petit groupe déboucha rapidement dans la pièce où Stev s'était retranché. Le pilote contempla la troupe dépenaillée qui suivait Masas et lança à mi-voix :
– Eh bien, dis donc, tu as fait des petits !
– Oui, et il faudra faire avec.
– C'est bien notre chance ! soupira Hirsingue.
Pendant que s'échangeaient ces quelques mots, les prisonniers libérés s'étaient emparé dans le plus grand silence des armes des gardes neutralisés quelques minutes plus tôt.
– Je me sens déjà plus libre avec ce joujou en main, murmura le rouquin en agitant l'éclateur qu'il venait de prélever.
– Espérons que ce sentiment va durer jusqu'à ce que nous ayons rejoint Le Coeur de Fomalhaut ! soupira Stev.
Il jeta un coup d'oeil aux prisonniers qui continuaient à apparaître à la sortie du couloir, et interrogea Masas du regard. La jeune femme haussa imperceptiblement les épaules et marmonna :
– Impossible de repartir par le même chemin avec toute cette bande.. J'ai bien peur que nous soyons dans de fichus draps, mais je ne pouvais pas les laisser dans leurs cages.
– Ouais.. – le ton de Stev pouvait laisser supposer que lui les aurait laissés ! -, alors qu'est-ce qu'on fait ?
L'agent d'Atlan n'eut pas le temps de répondre. Les prisonniers, comme grisés par leur liberté retrouvée, se précipitèrent vers l'escalier par lequel étaient venus les libérateurs de Goral et entreprirent de le dévaler, sans même penser aux conditions inhumaines qui les attendraient à l'extérieur, s'ils arrivaient à s'échapper de la prison. Masas tenta de les en empêcher, mais ils se contentèrent de la bousculer et disparurent rapidement dans les entrailles de la forteresse.
Les malheureux ! Ils vont se faire massacrer !
Pragmatique, le pilote rétorqua :
– Tu as fait ce que tu pouvais., et tout compte fait, cela va sans doute être notre chance : pendant qu'ils se frotteront aux gardes, nous pourrons peut-être trouver une autre issue.
Il s'aperçut alors que le rouquin était resté auprès d'eux.
– Tu n'as pas suivi les autres ?
– J'aurai infiniment plus de chance de quitter cette foutue planète si je reste avec vous.
– Oui, sans doute, admit le jeune homme qui se tourna vers sa compagne en ajoutant :
– Nous n'avons qu'un seul déflecteur pour Goral. Comment penses-tu t'y prendre pour dissimuler.... au fait quel est ton nom ?
– Calek Voram.
– Et que fichais-tu là-dedans ?
– J'y ai été invité pour avoir tué un Anti.
– Pour cela, on aurait plutôt dû te décorer ! Et c'est arrivé comment ?
– Oh, c'est très simple : il y a quelques mois – on perd facilement la notion du temps quand on est en cage, je me trouvais dans une taverne de Sirn, la capitale, si on peut appeler ainsi ce trou !, de Vagor VII. Je sirotais tranquillement un verre de sirtil, lorsque j'ai vu un bonhomme qui tabassait un môme. Je lui ai demandé de le lâcher et de déguerpir, mais ce salaud a sorti un éclateur. Seulement, il n'était pas assez rapide et je lui ai tranché la gorge avec le couteau que j'avais dans ma manche. J'étais en légitime défense, et aucun des témoins n'a trouvé à y redire. Le gamin s'était sauvé, aussi j'ai terminé mon verre sans me presser. Quand je suis sorti du bouge, j'ai pris un coup de paral, et je me suis réveillé dans les cales d'un vaisseau qui m'a conduit dans ce petit paradis. Là, j'ai appris que le type que j'avais buté était un Anti en mission.
Masas intervint, un tantinet agacée :
– Quand vous aurez terminé les présentations, on pourra peut-être essayer de sortir d'ici !
Goral Toseff émit un petit rire nerveux, tandis que le pilote lançait comiquement :
– À vos ordres, chef !
La jeune femme fronça soudain les sourcils et tendit l'oreille aux cris et aux détonations provenant du bas de la forteresse, preuve que les prisonniers libérés venaient de se heurter aux gardes.
– Bon, on a plus qu'à foncer vers le haut !
Mais elle empêcha aussitôt ses compagnons de s'engager dans l'escalier. Elle souffla :
– Attention ! Il y a du monde qui descend !
Ils se dissimulèrent de part et d'autre de la voûte par laquelle allaient déboucher les arrivants dont on percevait les pas pressés. Trois soldats franchirent le seuil, l'arme braquée vers l'intérieur de la vaste salle. Ils n'eurent pas le temps d'esquisser le moindre geste de défense et s'abattirent, assommés, aux pieds des quatre fugitifs. Masas les immobilisa avec leurs propres menottes magnétiques et les bâillonna soigneusement. Elle écouta un instant, ne perçut plus le moindre bruit et lança à mi-voix :
–On y va !
L'un suivant l'autre, la jeune femme et les trois hommes entreprirent l'escalade des marches. Ils aboutirent dans un couloir dont l'extrémité donnait sur un autre escalier montant, tandis que deux portes s'ouvraient de chaque côté. Stev interrogea :
– On continue à monter
Son interlocutrice hocha la tête négativement :
– On va plutôt essayer ces pièces. Il y a sans doute une fenêtre qui donne sur l'extérieur. Si c'est le cas, on quittera la forteresse par là. Comme le jeune homme la regardait, un peu surpris, elle ajouta :
– Tu prendras Calek dans tes bras, j'en ferai autant avec Goral, et nous utiliserons nos propulseurs anti-g.
– On va tout de suite se faire repérer, et on risque de se casser la figure, car les propulseurs ne sont pas fait pour un tel poids.
– Tu as une autre solution ?
– Euh, non.
– Alors.
Sans hésiter, elle posa la paume sur le palpeur d'ouverture de la première porte, mais celle-ci resta fermée. Sans insister, elle fit de même sur la seconde, avec le même résultat. Traversant le couloir, elle essaya la troisième porte, puis la quatrième. Toujours sans obtenir gain de cause.
– Laisse-moi essayer.
Masas s'effaça et céda la place à Stev qui utilisa le passe-partout qui lui avait si bien réussi lorsqu'il s'était agit de déverrouiller la porte du collecteur d'égouts. Son boîtier électronique et sa carte plastique firent à nouveau des merveilles. Sans le moindre bruit, le panneau recula dans son logement et s'écarta, offrant à la vue une pièce vide d'occupants, sommairement meublée d'une armoire, d'une table basse, de deux petits fauteuils enveloppants et d'une couchette poussée contre un mur. Un visiophone et un écran tridi trônaient sur la table, près d'un plateau supportant deux verres et une bouteille.
– Sans doute la chambre d'un des gardes que nous avons assommés.
– Oui, mais il n'y a pas de fenêtre. fit remarquer Goral.
La jeune femme avisa sur le mur opposé au lit une lourde tenture fixée par une tringle métallique. Elle l'écarta, découvrant un cabinet de toilettes avec une douche régénérante. Et, près du plafond, un fenestron étroit ouvrant sur l'extérieur.
– Voilà notre sortie.
– Faut pas être épais ! maugréa le pilote.
– Jamais content, celui-là ! rétorqua Masas en retournant sur ses pas pour verrouiller la porte d'entrée. Puis elle revint dans la salle d'eau et regarda attentivement le système de fermeture du vasistas.
– Tu peux me soulever que je voies d'un peu plus près comment c'est fermé ?
Tenue à bout de bras par Stev, sa compagne s'escrima un moment avant de parvenir à dégager le battant. Une rafale de vent glacial envahit la petite pièce. Goral et Calek, dans leur simple tenue de prisonniers, se mirent à frissonner.
– Il faudrait leur trouver quelque chose d'un peu plus chaud, sinon ils vont claquer avant de rejoindre le vaisseau...si on parvient à le rejoindre.
– Oui, tu as raison. Il y a sans doute des vêtements dans la chambre.
Goral et Calek se hâtèrent vers l'armoire, et ouvrirent le battant de droite, découvrant un bar et un petit réfrigérateur. Heureusement pour eux, celui de gauche ouvrait sur la penderie. En quelques instants, ils s'équipèrent du mieux possible, sans vraiment s'occuper de savoir si ce qu'ils enfilaient était trop grand ou trop petit pour eux.
Masas jeta un coup d'oeil à ses trois compagnons, s'estima satisfaite de leur tenue et annonça :
– Il y a un barreau en terkonite au milieu de l'ouverture. Il va falloir l'enlever, et sans aucun doute, cela va déclencher une alarme. Il faudra donc faire très vite, si nous ne voulons pas nous faire cueillir à la sortie.
À l'aide du mobilier de la chambre, ils confectionnèrent un échafaudage qui les amena au niveau du fenestron. La jeune femme regarda le goniomètre qu'elle portait au poignet droit et constata que la pièce où ils se trouvaient était presque diamétralement opposée à la direction du Coeur de Fomalhaut. Elle le signala à ses compagnons en ajoutant :
– Il va falloir faire le tour de la prison pour retourner au vaisseau.. Avec un peu de chance, nos poursuivants vont commencer à nous chercher dans la mauvaise direction, car la logique voudrait que nous ayons suivi le chemin le plus court pour disparaître dans la forêt.
– Pour ceux qui ont un déflecteur, ce ne sera pas trop compliqué, mais celui qui n'en a pas va forcément se faire repérer et les gardes connaîtront la bonne direction, objecta le pilote.
– C'est pourquoi celui qui va rester visible, moi en l'occurrence, partira bien dans la mauvaise direction, pendant que les autres feront le tour.
– Pourquoi toi ?
– Parce que je vais garder mon propulseur qui me permettra de me déplacer rapidement, de faire un détour et de vous rejoindre puisque vous serez bien plus lents que moi.
– Ouais. Je suppose que je n'ai pas le droit de faire la moindre objection ?
– Exact. Ce ne peut être que l'un de nous deux, et toi, tu es indispensable comme pilote pour quitter ce fichu caillou. Conclusion, c'est moi.
Elle tendit la ceinture contenant le déflecteur et la résille imperméable aux infrarouges à Calek, puis enchaîna :
– Je vais desceller le barreau au laser. Dès qu'il aura été déposé, Stev et Calek vont se glisser par l'ouverture et se laisseront tomber à l'extérieur, bien agrippés l'un à l'autre. Je les suivrai avec Goral. Je pense que les propulseurs anti-g nous permettront d'atterrir sans trop de mal au pied de la forteresse. C'est là que je vous quitterai pendant que vous en ferez le tour et partirez dans la bonne direction... Si tout se passe bien, on se retrouvera sur le chemin du Coeur de Fomalhaut.
Devant l'air soucieux de Stévomir, elle s'empressa d'ajouter :
– Si je ne suis pas de retour au vaisseau au plus tard une heure après vous, ou si les poursuivants se rapprochent et risquent de découvrir le vaisseau, ne m'attendez pas et décollez.
– C'est hors de question ! On est arrivé ensemble, on repartira ensemble !
– C'est un ordre : Goral doit absolument être amené auprès d'Atlan, le sort de nombreux mondes en dépend. Considérant que tout avait été dit, elle entreprit de s'attaquer au barreau de terkonite. Le béton enserrant les deux extrémités fut découpé en quelques gestes précis, et la barre métallique dégagée de ses logements.
– Allez-y !
Les deux hommes enclenchèrent leur déflecteur, ce qui les rendit aussitôt invisibles à leurs compagnons, et se glissèrent prestement par l'étroite ouverture avant de se laisser tomber, étroitement enlacés.
– À nous.
Masas s'extirpa la première, soutenue par son anti-g. Elle tâtonna un peu pour trouver la main de Goral qui venait de se mettre en état d'invisibilité, et l'empoigna solidement. Sous l'effet des deux poids, le propulseur commença par céder avant de se rétablir et de les amener avec une relative douceur jusqu'au niveau du sol.
Là, elle sentit une main sur son épaule, et la voix de Stev lui murmura :
– Sauve-toi vite. Je m'occupe des deux autres. Et surtout, sois prudente !
En réponse, elle lui bourra affectueusement les côtes à tâtons, et s'éloigna le plus rapidement possible à l'aide de son propulseur anti-g. Malgré le vent et la pluie battante, une quinzaine de secondes lui suffirent pour atteindre la lisière du no-man's land, et se glisser à l'abri des regards parmi les énormes troncs de la flore lupusienne où elle put allumer la petite lampe qu'elle fixa à son front par un serre-tête. Il s'en fallait encore d'une heure environ pour voir le pâle soleil qui éclairait Lupus IV se lever, et répandre une lumière parcimonieuse au-dessous des frondaisons.
La violence de la tempête était sérieusement atténuée par l'épais feuillage des arbres géants, et la pluie ne parvenait au sol que par des suintements continus le long des frondaisons. Le bruit même était fortement diminué, et seul un bourdonnement sourd atteignait les oreilles de la jeune femme.
Celle-ci continua à progresser dans la même direction, tournant résolument le dos au Coeur de Fomalhaut, afin d'induire en erreur les poursuivants qui n'allaient pas tarder à s'élancer sur ses traces. Car elle ne se faisait aucune illusion : malgré le temps extrêmement court mis pour atteindre la sylve, il était impossible qu'elle n'ait pas été repérée par les détecteurs de la forteresse.
Cinq minutes plus tard, elle put constater qu'elle avait vu juste. Deux navettes décollèrent de la prison pour venir cercler au dessus de la forêt qui lui offrait cependant une protection suffisante, d'une part parce que l'épaisseur du plafond végétal ne permettait pas un repérage visuel, et que d'autre part les détecteurs à infrarouge n'étaient guère utiles car ils ne permettaient pas de faire la différence entre un représentant de lafaune locale et un fugitif. À condition de ne pas utiliser son propulseur anti-g, Masas courait peu de risques d'être localisée depuis les airs. Mais lorsque les recherches s'effectueraient au sol, ce serait une autre histoire.
Les gardes possédaient une meute de lycos, et ces féroces pseudo-félins doués d'un flair redoutable et spécialement dressés à la recherche des prisonniers évadés, ne se laisseraient pas abuser par les pistes animales.
Masas se mit donc à courir sur l'humus humide en incurvant petit à petit sa course de manière à se rapprocher progressivement de la bonne direction. Elle était dans une condition physique parfaite et les quelques kilomètres la séparant de son but ne lui faisaient pas peur. Son seul souci était de savoir si elle parviendrait aun Coeur de Fomalhaut avant ses poursuivants. Elle consultait régulièrement son goniomètre dont l'aiguille semblait à peu près stable, preuve que Stev s'était montré pessimiste lorsqu'il l'avait assuré qu'elle éprouverait beaucoup de difficultés à retrouver le vaisseau sans son aide, à moins qu'il n'ait quelque peu exagéré afin de lui arracher son accord pour l'accompagner.
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