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GAUFRES PARFUM SOLITUDE

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Musique : Carlos_Estella_-_Inspiring_and_Uplifting_Acoustic_Corporate
TheJRSoundDesign_-_Emotional_Piano: https://www.jamendo.com/start
Illustration d'après https://pixabay.com/ Domaine public






Texte ou Biographie de l'auteur

L'auteur: Amandine Fairon

Née lors d'un terrible orage du mois de juillet 1990 - durant lequel la jeune écrivain a dû absorber toute l'électricité qui se trouvait dans l'air, Amandine Fairon est cette petite créature passionnée d'écriture qui souhaite "donner vie" à son imaginaire...
Guidée par Armel Job, elle est entrée, pas à pas, dans le milieu de l'édition et de la littérature, pour proposer à ses lecteurs ses deux premiers ouvrages : "Piétinés, larmes et silences" et "Tendre démence". En 2012 sort un roman particulier, destiné à un public de lecteurs débutants : "L'attente", ainsi qu'un album pour enfants, réalisé en collaboration avec l'illustratrice Alice Nisen, s'intitulant "Max et Adèle - La légende de Loschbour", pour l'exposition du Musée d'Histoire et d'Arts de Luxembourg. Cette année-là, les productions d’Amandine sont couronnées par le Prix Godefroid (catégorie « Jeunes »).
"Prestidigi'saveurs" est présenté pour la Foire du Livre de Bruxelles 2013, pour le plus grand plaisir des papilles des lecteurs ! En effet, ce roman culinaire qu'elle a réalisé avec la collaboration d'Olivier Bauche nous plonge dans l'univers gourmand du restaurant "La Gloriette".
La même année, Amandine publie trois nouvelles : "Sans doute fabuleux", "Ce sera tout" et "Baby sh..." dans deux recueils de récits dits psychologiques. Quelques mois plus tard, "Conquistador", une nouvelle inédite est publiée dans la revue « Traversées » et "Traces d’euphorie" parait dans le recueil belgo-canadien « Quand on est deux ».
Ses nouvelles plaisent. La cellule de pilotage pour l’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles la contacte alors pour écrire une nouvelle destinée au CE1D (évaluation externe de fin du premier degré de l’enseignement secondaire). Parmi les textes que de nombreux auteurs proposent à la FWB, c’est "Gaufres Parfum Solitude" de la jeune auteure qui est repris et distribué dans toutes les écoles francophones de Belgique.

Amandine est donc une jeune auteure talentueuse, car elle a de quoi étonner ! Dans notre rôle de lecteur, on se laisse surprendre par cette force et cette sincérité qu'on ne pensait vraiment pas retrouver dans les écrits d'une jeune femme de la vingtaine.
Hyperactive et déterminée, Amandine vit à 300 à l'heure. Quand on l'interroge sur ses projets futurs, elle essaye tant bien que mal de cacher ce petit sourire qui se dessine sur son visage. "J'en ai plein mes cahiers, plein mon pc !" nous confie-t-elle. A son jeune âge, elle est donc déjà très impliquée dans sa vie d'auteure...
... Et elle ne nous dit pas tout !


Retrouvez Amandine Fairon sur son site:
http://www.amandinefairon.be.ma/


Gaufres Parfum Solitude


C’est une grande dame aux cheveux courts qui vient de l’emmener ici. Elle essaye

d’être sympathique et attentionnée, mais le gamin s’en passe bien. Il boude ferme. Quelle conne celle-là ! Soi-disant elle sait ce qui est le mieux pour lui. Rien à foutre ! Ah ça non,


il en a rien à foutre ! Il n’était pas trop mal chez lui. Puis, il avait la paix… Il s’était habitué


à ce qu’on ne s’occupe pas de ses bêtises. Maintenant, à cause d’elle, tout le monde


demande sans arrêt comment il va. C’est agaçant.


Son visage est tout chiffonné. Il ne voulait pas qu’on vienne le chercher, faut le


comprendre. Alors il a veillé une grande partie de la nuit, caché derrière l’armoire de sa


chambre. Au petit matin, la dame toute propre et toute maquillée a sonné à la porte.


Personne n’a daigné lui ouvrir. Pas par rébellion, non. Parce que son père, au gamin, était


effondré dans le canapé, entouré de vidanges de toutes les couleurs. Les effluves


fermentés se mêlaient à la fumée bleue, épaisse et stagnante, laissée par les dizaines d e


cigares usés. Fallait voir la scène quand la bonne femme a ouvert sans y être invitée.


D’abord ses paupières ont écrasé ses prunelles grises pour exprimer son dégoût. Puis,


elle s’est dirigée vers l’ours endormi par l’alcool, et l’a sermonné sans qu’il puisse réagir.


Aaron a donc suivi la grande dame. Elle lui explique qu’ici, au moins, il sera bien.


Mais bon, lui, il se sentait pas plus mal avant. Il n’a rien connu d’autre, donc il s’est plutôt


bien adapté aux douleurs et aux manques. Il n’a jamais imaginé que ça pouvait être


mieux ailleurs. Puis, franchement, il s’en fout qu’on prenne soin de lui. Il n’y croit pas.


Son père, même s’il n’est pas comme il faut, il en est quand même vachement fier.


D’ailleurs, il devait lui offrir un vélo. Oui, demain, c’est son anniversaire.


*


C’est par un matin bleu et chaud que la vieillesse est venue l’agresser. Elle s’est


glissée derrière l’arthrose de ses genoux quand Amalia descendait les escaliers. Elle a


dégringolé les marches sans que la servante de la mort lui permette de se retenir à la


rampe. Celle-ci riait certainement de voir ce qu’elle venait d’accomplir. Amalia,


désorientée, couchée sur le palier, commençait à sentir ses os fracturés à l’intérieur de


ses jambes. Ce n’est que dans l’après-midi, quand sa fille lui a rendu visite, que celle-ci a


pu décrocher le combiné du téléphone, et appeler une ambulance pour sa pauvre mère.


Suite à cette chute, sa fille a décidé de l’emmener vivre chez elle, avec toute la


petite famille. Elle ne veut pas laisser sa mère sénile vivre seule dans une maison qui


n’est pas adaptée à son âge et à ses maux. D’autant plus que ses os n’ont visiblement pas


l’intention de se ressouder. Amalia passe ses journées dans une chaise roulante


inconfortable sans se plaindre. Reconnaissa nte envers sa fille, elle préfère se taire pour


ne pas être la source de toutes les préoccupations.


Elle devient peu à peu un fardeau. Incontinente, et dépendante pour se laver et se


mouvoir, la honte a commencé à la ronger peu à peu. Elle cache ses larmes quand sa fille


la déshabille. Elle rougit à en avoir les joues en feu quand l’odeur de l’urine lui pique les


narines. Elle feint de dormir devant la télévision, pour ne pas demander qu’on augmente


le volume, et pour éviter les conversations autour des in formations du JT qu’elle


n’entend plus. Elle a peur d’avoir perdu toute dignité.


Consciente de son état, et ne voulant pas rendre ses proches responsables de son


mal-être, elle commence doucement à faire semblant de perdre la tête… Tous les jours,


elle se bat pour avoir l’air perdue, pour oublier le nom de ses petits-enfants. Oublier


Fabian et Flavio. Elle se dit que c’est le meilleur moyen pour que la famille délègue son


cas à du personnel spécialisé. Elle attend patiemment qu’ils se disent, tous, qu’ils ne


savent plus quoi faire… Amalia veut que sa fille se décharge du poids qu’elle devient.


Cela est arrivé un mardi. Lorsqu’au diner, la petite vieille a insulté son gendre et


lui a envoyé son bout de viande au visage. Sa fille a décidé qu’elle finirait s a vie à la


maison de retraite du quartier voisin.


*


Le bâtiment est composé de deux ailes. Entre les murs de la première se trouve la


maison de repos, accueillant des personnes âgées qui ont besoin de soins particuliers. La


seconde, quant à elle, se compose d’un dortoir, d’une immense salle de jeux, d’une salle


de sports, et de plusieurs ateliers où du matériel de coloriage et de bricolage est


entreposé. Il s’agit du centre d’accueil de la région. Des enfants y sont placés suite à une


décision juridique.


Aaron a six ans aujourd’hui. Personne ne lui a souhaité un bon anniversaire.


Personne n’a dû y prêter attention. Vu qu’il n’y a eu ni fête, ni gâteau, le petit n’est pas


sûr d’avoir vraiment grandi. Il se dit qu’il va rester bloqué à cinq ans. Ça le terrifie… Il


aurait tellement aimé rentrer à l’école primaire. Chaque fois qu’il y pense, une douleur


électrise ses paupières. Il a beaucoup pleuré aujourd’hui, et chaque fois qu’un adulte


l’approche pour le consoler, le gamin détale. Il court jusqu’au bout du p arc, pour qu’on le


laisse tranquille. Les grands ont perdu sa confiance. Ils l’ont arraché à sa maison, à son


père, à ses jouets. Depuis, Aaron se sent tout seul, sans aucun repère, et sans aucune


explication. Ici, il est entouré, certes, mais sans connaitre qui que ce soit. Tout est à


recommencer. Toute sa vie doit se réorganiser. Avec d’autres proches, d’autres lieux,


d’autres objets. Là où rien ne lui appartient vraiment. Là où il est un parmi tant d’autres.


Là où il ne se sent pas à sa place.


*


Les premières semaines au home ont été dures. Le personnel évitait de s’adresser


à Amalia, de peur de ne pas pouvoir s’expliquer clairement, de ne pas la comprendre, et


de se sentir impuissant. Amalia n’a jamais appris le français. Elle n’en a jamais eu be soin.


Son espagnol est toujours resté enfermé derrière la grande porte de sa petite maison.


Sa fille, qui avait pourtant dit qu’elle viendrait le plus souvent possible, téléphone


tous les deux jours pour dire à sa mère qu’elle a trop de travail, trop de c eci, et trop de


cela. Amalia, pour ne pas se laisser submerger par la tristesse et la déception, s’enfon ce


dans ses mensonges, et continue à lui présenter une mémoire vacillante qui semble ne


pas savoir de quoi elle parle. Elle raccroche alors rapidement le téléphone, et regarde


par la fenêtre en suppliant le temps de défiler et de l’emporter au plus vite.


Peut-être est-ce la peine engendrée qui a lentement condamné Amalia à ne plus


entendre. Sa surdité est devenue totale, comme une défense contre les prom esses non


tenues qu’elle était fatiguée de devoir accepter. Elle se trouvait entre quatre murs :


incapable de faire passer et de recevoir un message.


*


Aaron est en colère contre tout le monde. Il ne veut parler à personne, ni


participer aux activités. Il doit leur rendre la vie impossible. Mais comment ? Face à des


monstres, on ne peut rien faire… Or, Aaron a l’impression d’être entouré de monstres :


des adultes ingrats et dangereux. Seul contre tous, voilà comment il se sent. Son


réconfort se trouve dans son imaginaire auquel il fait appel durant ses moments de


solitude infinie. Quand il joue, Aaron se représente en valeureux guerrier devant abattre


l’envahisseur. Invincible. Vainqueur. Ainsi, une force et un courage nouveaux


s’emparent du petit, et l’aident à apprivoiser doucement cette situation angoissante.


Les enfants avaient passé la matinée à faire des gaufres. Cette occupation n’avait


pas beaucoup plu à Aaron, mais il en avait profité pour ingurgiter une quantité


impressionnante de cette pâte compacte et sucrée qui allait gonfler dans son estomac.


Des dizaines de petits cœurs dorés sortaient des gaufriers, et étaient entassés dans de


grandes boîtes bariolées pour lentement refroidir. Ensuite, quelques filles se chargeaient


de les emballer dans du papier transparent qui luisait sous les reflets du soleil, et de


nouer un ruban mauve autour, en essayant de le faire tirebouchonner aux deux


extrémités. Enfin, à l’heure du goûter, les jeunes iraient distribuer leur préparation aux


vieux de l’autre aile.


Aaron est devenu l’ennemi de tous. Il pique des colères incroyables. Il se met à


hurler, à tambouriner tout ce qu’il a autour de lui avec ses petits poing s, à frapper les


adultes qui osent le retenir, et à mordre aussi parfois. C’est plus fort que lui. Une fois que


le feu monte et vient lui brûler le cœur, il devient une tempête. Vent violent qui


l’encourage en soufflant sur les braises de sa douleur. Cette rage s’empare de son corps


tout entier, et le libère assez vite. Mais souvent, après ces moments -là, le petit s’en veut :


il n’a pas envie de devenir quelqu’un de mauvais. C’est juste que toutes ses émotions ont


trouvé une porte de sortie, un moyen de reprendre de l’oxygène. Ce n’est pas la


meilleure façon, c’est certain. Mais pour un gamin qui n’a pas fêté ses six ans, c’est sa


manière de dire qu’il ne comprend pas bien tout ce qui lui arrive.


Quand il plonge ses deux mains dans la pâte sucrée pour mélanger les


ingrédients, Aaron s’imagine étrangler les monstres qui l’entourent. Ses dix petits doigts


partent des bords du plat pour se rejoindre au centre, en écrasant la pâte entre eux pour


la diviser. Il broie ses oppresseurs pour pouvoir s’enfuir retrouver son chez lui. Puis, il


fait une boule compacte dans laquelle il lan ce son poing droit, puis le gauche. Comme s’il


avait le visage d’un assaillant face à lui, il frappe fort, encore et encore. Il aime regarder


ensuite le gaufrier enfermer, écraser et brûler son blessé. Il est un superhéros fort,


courageux, et fier. Rien ne lui résiste. Avec sa cape et son masque imaginaires, il défi e


quiconque de lui enlever sa vie d’avant.


*


Il est seize heures quand les enfants, munis chacun d’un petit paquet d’une


dizaine de gaufres, entrent dans l’autre aile du bâtiment. Ils se déplacent jusqu’au


réfectoire pour amener ce goûter à leurs ainés.


Aaron reste en retrait. Il se plaint de l’odeur des lieux, et en profite pour dire qu’il


n’a pas très envie de rencontrer des vieux. Le gamin est donc invité à se diriger vers une


chambre où l’une des pensionnaires est restée l’après-midi. La porte est ouverte, et il


reste planté dans son arcade. Il regarde la petite dame assise dans sa chaise roulante,


face à la fenêtre. Il s’avance vers elle, mais celle-ci ne se retourne pas. Alors le petit


décide d’avancer une chaise, de la placer à ses côtés, et il s’y installe. Avec beaucoup de


douceur, il dépose le petit paquet sur les genoux de la dame. Amalia, pour le remercier,


ferme ses paupières un moment.


Aaron se tait. Il est un peu impressionné par cette toute petite dame, courbée


dans son fauteuil. Elle ne parle pas non plus, et il trouve ça bien, reposant. Il n’avait pas


envie qu’on lui pose plein de questions sur lui. C’est un truc de vieux, ça… Il profite du


moment à côté de cette dame au visage plein de jolies rides. Lui qui n’avait que très peu


dormi depuis son arrivée sent le sommeil l’envelopper. Sa tête tombe lentement et se


retrouve contre l’épaule de la petite vieille dont il vient de faire la connaissance.


*


La relation entre les deux pensionnaires se renforce au fil des jours. Aaron, dès


qu’il en a l’occasion, sort du champ de vision des éducateurs pour rejoindre sa nouvelle


amie. Il prend des crayons et des feuilles avec lui, et sur la table de la chambre de la


vieille, il lui dessine quelque chose. Parfois, ses dessins sont colorés, d’autres fois ils sont


sombres et révélateurs de ce que son inconscient a voulu enfouir à tout prix. En éch ange,


Amalia ramène en cachette quelques desserts qu’elle vole au réfectoire, et elle les offre à


son jeune compagnon.


Le gamin raconte des choses, sans cesse. Il parle à Amalia. Elle, évidemment,


n’entend pas le son de sa voix, mais elle le regarde avec attention, admirant son énergie.


De temps en temps, elle répond une phrase en espagnol. Aaron ne comprend pas, mais il


apprécie la douceur et la bienveillance de la voix de la vieille.


*


Ils sont devenus une famille. Empoignant la vie l’un et l’autre gr âce à leur entente


silencieuse et à leur amour confortable. Cependant, u n jour au ciel rose, Aaron n’est pas


venu voir sa vieille amie. D’abord, Amalia ne s’est pas trop inquiétée : une sortie ou une


activité sans doute. Mais son anxiété grandit à mesure qu’elle arrache les feuillets de son


petit calendrier. Aaron, que fais-tu ? Impatiente et folle de solitude, elle essaye de


s’adresser aux aides-soignants qui lui sourient bêtement. Elle souffre de son absence.


Que se passe-t-il ? L’a-t-il abandonnée ? Elle qui se sentait à nouveau grand-mère et qui


communiait avec ce petit bout aux cheveux hirsutes… Il n’avait pas besoin de mot, le


gamin. Il acceptait simplement toute la tendresse qu’elle était prête à lui donner.


De la tendresse, Amalia en déborde justement. Elle s’est attachée à ce petit gars


qui soudain s’enfuit et disparait de cette vie dont elle reste seule prisonnière. Où est-il,


bon sang ?


Les jours passent, ternissent et s’effacent. Amalia n’a plus la notion du temps. Elle


désespère peu à peu. Elle prie et implore son dieu de la laisser disparaitre. Elle dépérit.


Sa fille doit être venue à son chevet, elle a senti sa présence mais n’a pas voulu ouvrir les


yeux. Les plateaux-repas restent pleins des fadeurs habituelles. De grosses larmes


salées, comme des perles rondes d’un collier, glissent le long des joues de la vieille.


Personne ne comprend sa demande. Personne ne peut la rassurer. Sa souffrance résonne


à l’intérieur de sa chambre décorée par tous les dessins du gamin.


Le médecin s’inquiète. Amalia est très faible. Elle garde les yeux dans le vide et


refuse de se nourrir. Combien de temps pourra-t-elle tenir ainsi ?


*


Quand il échappe à l’attention des éducateurs, Aaron se met à cavaler à travers la


grande cour du bâtiment. Vite, avant que quelqu’un le surprenne ! Il a chaud et il est


essoufflé quand il se met à tambouriner cette fenêtre qu’il connait si bien.


- Mamy ! Mamy !


Aaron avale de grandes goulées d’air pour hurler de plus belle en tapant sur le


carreau. Il fait un vacarme ahurissant. C’est en sentant vibrer son lit que la petite vieille


se retourne tant bien que mal pour être face à la vitre.


- J’ai la grippe Mamy… Ils voulaient pas que je sorte… parce que je suis malade… Je


peux pas encore… venir te voir à cause… des microbes ! Parce que… t’es trop


fragile !


Il crie, il en devient tout rouge. Amalia ne comprend absolument rien de ce qu’il


raconte, mais le soulagement envahit ses veines, son cœur, son visage. En effet, il avait


une bonne raison de ne pas se rendre auprès d’elle. Elle sait alors qu’il va revenir


bientôt. Qu’il dessinera encore. Qu’il lui racontera des tas d’histoires qu’elle n’entendra


pas. Qu’il continuera de sourire. Elle en a les yeux chargés de perles d’affection. En riant


de bon cœur, elle souffle vers son visiteur :
- Aaron…
Elle connait le prénom du petit, parce qu’il signe toujours ses dessins.



Source: http://www.amandinefairon.be.ma/


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