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HYMNES A LA NUIT

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Photo: D. Gordon E. Robertson - Florence Lake - Certains droits réservés (licence Creative Commons)


Musique : BWV1007 Suite 01 pour violoncelle solo sol majeur - http://srv-gub-udm.mediactive.fr/cefidom/musigratis/registered.htm





Texte ou Biographie de l'auteur

1.
Quel mortel, quel être doué de la faculté de sentir, ne préfère pas au jour fatigant la douce lumière de la nuit avec ses couleurs, ses rayons, ses vagues flottantes qui se répandent partout. Oh ! comme alors l’ame, avec ce qu’elle a de plus intime, respire cette lumière du monde gigantesque des astres ! La pierre aussi la respire, la pierre qui étincelle, et puis la plante qui ouvre ses pores, et puis l’animal sauvage ; mais avant tout l’étranger avec ses regards ardens, sa démarche incertaine et ses lèvres tremblantes ! Car c’est elle qui, semblable à un roi de la nature terrestre, opère d’innombrables métamorphoses, noue et dénoue mainte alliance, et entoure de son image céleste les choses d’ici-bas, et c’est sa présence qui nous révèle les merveilles de l’empire du monde.


Et moi, je me tourne vers cette nuit sainte, mystérieuse, indéfinissable. Le monde est là comme dans un profond tombeau, et triste et déserte est la place qu’il occupait. La douleur soulève ma poitrine, je veux baigner mon front dans la rosée et me jeter dans la cendre des cimetières. Puis les lointains souvenirs, les désirs de la jeunesse, les rêves de l’enfance, les joies si courtes de la vie et les espérances fugitives, se rangent autour de moi, en habits sombres, comme les nuages après le coucher du soleil.


Mais d’où vient donc que tout à coup je sente s’apaiser ma souffrance ? Te plais-tu aussi avec nous, nuit obscure ? Et que portes-tu sous ton manteau qui agisse si puissamment sur mon ame ? Un baume précieux découle de tes mains et de tes bouquets de pavots. Tu élèves les ailes de la pensée, et nous nous sentons vaguement émus. J’aperçois une figure grave qui se penche vers moi pleine de douceur et de recueillement, et qui, au milieu des baisers d’une mère, me montre ma belle jeunesse. Que la lumière du jour me semble pauvre maintenant, et comme j’en salue avec bonheur le départ ! Ainsi, mon Dieu, tu as jeté dans l’espace ces globes étincelans pour annoncer ta toute-puissance. Mais les pensées que la nuit éveille en nous, peuvent nous paraître d’une nature plus céleste encore que ces étoiles brillantes. Car elles s’élèvent au-delà des astres les plus élevés, et pénètrent, sans le secours de la lumière, jusqu’à l’être qui occupe un des lointains espaces de ces sphères. L’amour t’envoie à moi, oh, ma douce bien-aimée ! comme le soleil de la nuit, maintenant je veille, car je suis toi et moi. Tu as voulu que je vécusse dans la nuit, tu m’as rendu homme. Viens donc, esprit de feu, détruire mon corps, afin que je m’élance dans les airs auprès de toi, pour célébrer à jamais notre mut de fiançailles.


2.
Le matin doit-il toujours revenir ? La puissance terrestre ne finit-elle jamais ? Nos malheureuses occupations enlèvent à la nuit le charme qui lui appartient. Quand verra-t-on fumer sans cesse le sacrifice mystérieux de l’amour ? La durée de la lumière est déterminée, mais la durée et la puissance de la nuit sont sans bornes. Heureux sommeil, ne viens pas trop rarement consoler dans leur vie de chaque jour les élus de la nuit. Ils sont fous ceux-là qui te méconnaissent. Ils ne sentent pas ta présence dans les flots d’or qui découlent de la grappe, dans l’huile de l’amandier, dans le suc du pavot. Ils ne savent pas que c’est toi qui planes autour de la jeune fille et qui emportes son cœur au ciel ; ils ne pressentent pas que tu nous arrives du domaine des anciennes histoires, et que tu portes, messager secret, la clef de la demeure des bienheureux et des mystères infinis.


3.
Un jour je répandais des larmes amères ; la douleur avait dissipé mon espérance, et j’étais seul auprès de ce tombeau sombre qui cache tout ce qui faisait la force de ma vie ; seul, comme personne ne pouvait l’être, sans appui et n’ayant plus qu’une pensée de malheur ; j’appelais du secours sans pouvoir aller ni en avant, ni en arrière, et je m’attachais avec ardeur à cet être que j’avais vu mourir. Alors des lointains bleuâtres, des lieux témoins de mon ancienne félicité, un doux rayon vint à poindre ; la pompe terrestre s’enfuit, et avec elle ma tristesse ; je m’élançai dans un monde nouveau, immense, tu descendis sur moi, inspiration de la nuit, sommeil du ciel ; la contrée s’éleva peu à peu, et sur la contrée planait mon esprit dégagé de ses liens. Le tombeau près duquel j’étais assis, m’apparut comme un nuage, et à travers ce nuage j’aperçus les traits rayonnans de ma bien-aimée. L’éternité reposait dans ses yeux, je pris ses mains, et mes larmes coulèrent en abondance. Les siècles s’en allèrent au loin comme un orage, tandis que, suspendu à son cou, je versais des pleurs délicieux. Ce fut là mon premier rêve, et depuis j’ai senti dans mon cœur une foi constante et inaltérable au ciel de nuit, et à ma bien-aimée, qui en est la lumière.


4.
À présent je sais quand le dernier matin nous viendra, quand la lumière ne renaîtra plus pour effrayer la nuit et l’amour, quand le sommeil sera pour nous un rêve inépuisable. Je sens en moi une grande fatigue, mon pélerinage jusqu’au saint tombeau a été long et pénible ; mais celui qui a une fois goûté la boisson salutaire que l’homme sensuel ne peut connaître, celui qui s’est assis aux limites du monde, et qui a porté les yeux dans la nouvelle contrée, dans le domaine de la nuit, celui-là ne retournera plus au milieu des passions qui occupent les hommes, dans la terre où la lumière ramène toujours l’inquiétude. Il se bâtit sa demeure à lui, sa demeure où la paix habite, où il garde ses désirs et son amour, et d’où il élève ses regards en haut jusqu’à ce que la dernière heure sonne pour lui. Tu reviendras encore, joyeuse lumière, appeler au travail ceux qui sont las, tu me rendras encore la vie riante ; mais tu ne peux m’arracher aux souvenirs que j’entretiens près de ce tombeau. Oui, je veux bien aller partout où tu m’appelles et mettre mes mains à l’œuvre ; je veux bien célébrer ton éclat, ta magnificence et tous ces ouvrages d’art que tu vois éclore ; je veux contempler la marche puissante et solennelle du soleil, étudier la symétrie des pouvoirs, et les règles qui gouvernent et le temps et l’espace. Mais mon cœur reste fidèle à la nuit, et à l’amour, enfant de la nuit. Peux-tu donc, ô lumière, me montrer un cœur constamment fidèle ? Ton soleil me regarde-t-il avec bonté ? Mes mains avides peuvent-elles embrasser tes étoiles et en recevoir de douces paroles ? Quelle volupté, quelle jouissance peux-tu nous offrir, qui vaillent les ravissemens de la mort ? Tout ce qui nous enthousiasme ne porte-t-il pas les couleurs de la nuit ? C’est la nuit qui te soutient avec tendresse, et tu lui dois ta splendeur. Tu irais te perdre dans l’espace, si elle n’était là pour te retenir et te conserver ta chaleur. En vérité, j’existais avant toi, ma mère [2] m’envoya avec mes frères pour habiter ton monde, et le sanctifier par l’amour et y semer des fleurs impérissables. Mais ces divines pensées ne sont pas encore mûres, et il n’y a encore que peu de traces de notre manifestation. Un jour, en tombant sans chaleur, tu nous montreras les bornes du temps, et je sens déjà en moi la fin de ta carrière, la liberté céleste et l’approche de mon retour. Je t’ai vu avec douleur éloigné de notre patrie et luttant contre notre beau ciel. Mais ta rage et tes efforts sont vains ; la croix est indestructible, la croix qui est notre symbole de victoire. Je m’élève au-delà de ce monde, et chaque peine que j’ai maintenant à souffrir, deviendra un jour une source de bonheur. Quelque temps encore, et je suis libre, et je repose au sein de l’amour. Une vie sans fin se développe en moi, et ta lumière, ô soleil, vient s’éteindre au pied d’un tombeau. C’est dans l’ombre que je reçois la couronne rafraîchissante. Je sens les flots de la mort qui doivent me rajeunir, mon sang se change en air balsamique et éthéré. Je vis le jour plein de foi et de courage, et la nuit je me baigne dans un feu sacré.


5.
Autrefois, parmi les races diverses qui peuplent au loin le monde, un destin de fer étendait sa souveraine puissance. Des liens étroits et grossiers enchaînaient leur ame, et la terre était la patrie et le séjour de leurs dieux ; sur les montagnes de l’Orient et dans le sein de la mer, habitait le soleil, lumière vivante et répandant partout la chaleur. Un vieux géant portait le monde, et les premiers enfans de la terre reposaient sous les montagnes, avec leur rage impuissante contre les nouveaux dieux et contre les hommes ; les profondeurs de la mer renfermaient une déesse, et dans les grottes de cristal, un peuple joyeux passait une vie de voluptés. Les fleuves, les arbres, les fleurs, les animaux, avaient la faculté de sentir. Le vin était meilleur, versé par les mains de la jeunesse, un dieu était dans la grappe, une déesse dans les gerbes, et la plus belle habitante de l’Olympe avait dans ses attributions les doux frémissemens de l’amour. Sans cesse la fête des enfans du ciel et des habitans de la terre venait animer la vie, comme un beau printemps, et toutes les races humaines adoraient la flamme, comme la première chose du monde, quand tout à coup, au milieu des tables joyeuses que l’on a dressées, apparaît une image horrible, qui remplit tous les cœurs d’effroi ; les dieux même, en cette circonstance, ne peuvent rien trouver qui soulage leur poitrine haletante. Un mystère profond entoure l’apparition de cette image, qui ne se laisse fléchir, ni par les dons qu’on lui offre, ni par les prières : c’est la mort qui vient interrompre, par des cris d’angoisse et des larmes, le, festin voluptueux auquel elle se présente.


Maintenant à tout jamais séparé de ce qui enivrait son cœur, éloigné de ceux qui l’aiment et qui soupirent vainement après lui, l’homme, dont la mort a fait sa proie, n’a pour partage qu’un rêve fastidieux, un cercle étroit lui est assigné, et toutes les jouissances s’évanouissent, et font place à la douleur. Cependant, avec leur esprit hardi et leur amour de la sensualité, les hommes veulent se rendre plus douces les larmes cruelles. La fin de la vie est représentée comme un enfant qui éteint son flambeau et se repose ; la fin de la vie doit ressembler au son de la harpe, et le souvenir se perd dans le fleuve des ombres. Mais la nuit éternelle reste toujours une énigme inexplicable : c’est le signe imposant d’une puissance éloignée.


Mais l’ancien monde touche à sa fin ; ses jardins rians se flétrissent, les dieux s’en vont avec leur suite, et la nature reste déserte et sans vie. Le charme de l’existence tombe dans des paroles obscures, comme on voit la fleur s’en aller en poussière ; la croyance est loin, et avec elle, la vive, la puissante imagination. Un vent froid du nord souffle sur la campagne, et cette terre de merveilles s’évanouit ; les espaces lointains du ciel se remplissent de mondes brillans. Mais la lumière n’est plus le signe de manifestation et l’empire des dieux, on les recouvre du voile de la nuit, et ils dorment pour reparaître un jour dans le monde nouveau sous une autre forme. Ce monde nouveau, auquel rien ne ressemblait de tout ce qu’on avait vu jusque-là, s’élève au sein du peuple qui, mûri trop tôt, était déjà devenu étranger à l’innocence de la jeunesse. Dans une pauvre chaumière, la première vierge donne naissance à un fils, après un embrassement mystérieux. La sagesse de l’Orient reconnaît aussitôt l’aurore de l’ère qui commence, et l’étoile du ciel conduit les rois auprès d’un humble berceau, et ils lui rendent hommage pour l’avenir avec l’or et l’encens, les deux plus belles productions de la nature. Cependant le cœur céleste de l’enfant de Marie se développe avec son amour tout-puissant, et le front levé vers son divin père, Jésus repose sur le sein joyeux de la vierge ; déjà son regard prophétique se porte vers les jours à venir, vers la nouvelle race qu’il doit rallier à lui, et il s’inquiète peu du sort terrestre auquel il s’est astreint en ce monde. Bientôt se rassemblent auprès de lui les cœurs simples, tous enflammés d’un miraculeux amour ; une vie inconnue, une vie neuve éclôt comme la fleur partout où elle arrive. Des mots qu’on ne peut oublier, des paroles de paix et de bonheur, tombent comme des étincelles de ses lèvres amies.



Né sous le ciel serein de l’Hellade, un chantre arrive des contrées lointaines, se rend en Palestine, et se consacre à l’enfant du miracle. C’est toi, dit-il, dont nous voyons depuis long-temps limage symbolique sur nos tombeaux ; c’est toi qui es le signe consolant que nous regardons dans la tristesse, c’est à toi que se rattache l’humanité devenue plus noble. Ce qui nous plonge dans la douleur, nous arrache d’ici-bas : c’est la mort qui nous annonce la vie éternelle, et toi tu es la mort, et tu nous apportes la guérison.


Le chantre s’en va ensuite plein de joie dans l’Indostan, et, lame enivrée d’amour, il fait entendre ses chants pieux, et des milliers d’hommes se joignent à lui, et le bon message se répand de toutes parts. Bientôt après le départ du chantre, le Dieu fait homme devient le sacrifice de la perdition humaine ; il meurt jeune, arraché à sa mère en pleurs, à ses amis découragés. Il vide le calice de souffrance, et dans ses heures d’angoisse il donne naissance au nouveau monde. Et puis il lutte avec la crainte de la mort, et l’ancien monde pèse lourdement sur lui ; puis il jette un dernier regard sur sa mère, l’amour éternel le délivre de ses douleurs, et il s’endort. Pendant quelques jours un voile obscur s’étend sur la terre, des larmes innombrables coulent sur la mort du Sauveur ; le mystère est accompli, et les esprits célestes enlèvent la vieille pierre du tombeau. Des anges prennent place auprès du Dieu endormi, des anges enfantés dans ses rêves gracieux, et le voilà qui se réveille dans toute sa splendeur, qui s’élève au-dessus du monde nouvellement né, qui enterre lui-même son cadavre dans le tombeau, et le recouvre d’une pierre que nulle puissance ne soulèvera.


Cependant tes amis répandent encore sur toi, ô Dieu, des larmes de joie et de reconnaissance ; ils te regardent toujours ressusciter, et ils ressuscitent avec toi ; ils te voient pleurant sur le sein de ta mère, puis, marchant avec joie et répandant des paroles que l’on dirait détachées de l’arbre de vie, ils te voient courir dans les bras de ton père, emportant avec foi la jeune humanité et la coupe qui renferme l’avenir d’or. Ta mère te suivit bientôt dans ton triomphe, et la première après toi, elle arrive dans la nouvelle patrie. Et depuis, des siècles ont passé, et ton œuvre s’élève toujours plus brillante, et des milliers d’êtres, fatigués par la douleur, et pleins de foi et d’espérance, s’en vont sur tes traces et sur celles de la vierge dans l’empire de l’amour, et te servent dans le temple de la mort céleste, et deviennent les tiens pour l’éternité.


La pierre du tombeau est levée, l’humanité ressuscite ; nous sommes à toi, et nulle chaîne ne pèse sur nous ; les noirs chagrins s’en vont devant le vase d’or que tu nous présentes. La mort nous appelle à l’hymen, les lampes jettent une clarté pure, les vierges sont à leurs places, et l’huile ne manque pas. Déjà de loin nous croyons voir les traits de ton visage, et les étoiles proclamaient ton nom. Notre cœur s’élève vers toi, Marie, dans cette vie pénible, c’est toi que nous désirons, c’est en toi que nous mettons notre espérance ; oh ! laisse-nous trouver un asyle sur ton sein. Et maintenant celui qui croit n’ira pas pleurer sur un tombeau, les joies de l’amour ne lui sont point enlevées ; la nuit vient pour adoucir ses regrets, et les enfans du ciel veillent sur lui. Notre existence s’en va à la vie éternelle ; notre nature est agrandie par le feu saint qui brûle au-dedans de nous, et quand nous aurons pris notre part de la boisson de vie, nous devons être des étoiles. L’amour nous appartient, et nulle séparation ne nous menace : la vie flotte comme un vaste océan ; c’est une nuit de délices, c’est une poésie éternelle, et le soleil qui nous éclaire est l’image de Dieu.


6.
Plongeons-nous dans le sein du tombeau, fuyons l’empire de la lumière ; la douleur orageuse est le signe de notre départ, et nous pouvons, avec notre nacelle étroite, toucher bientôt aux bords du ciel. Bénie soit l’éternelle nuit ! Béni soit l’éternel sommeil ! Le jour fut assez chaud, le chagrin nous a flétris, la joie de l’étranger n’était pas pour nous ; retournons auprès de notre père. Et que faire dans ce monde avec notre amour et notre constance ? Le passé est derrière nous, que nous importe le présent ! Oh ! il doit être toujours seul et triste, celui qui aime le temps passé ; le temps passé où le cœur s’élevait pur comme la flamme, où l’homme reconnaissait la main et le visage de son père ; le temps passé où la race humaine se montrait dans Sa fleur, où les enfuus aspiraient aux tortures pour atteindre l’empire du ciel, où, résistant aux séductions de la vie et du plaisir, plus d’un cœur se brisait pour l’amour de son Dieu ; le temps passé où Dieu se révélait à nous : ce temps-là est maintenant voilé par l’obscurité ; il faut que nous retournions dans notre patrie pour le revoir. Qui donc pourrait s’opposer à notre retour ? Ceux que nous avons le plus aimés, dorment depuis long-temps ; leur tombeau arrête le cours de notre vie, nous n’avons plus rien à chercher, notre cœur est las, et le monde est vide. Une vague et mystérieuse apparition nous vient, il me semble entendre de loin un écho de notre tristesse. Nos bien-aimés désirent nous revoir et nous envoient une manifestation de leurs désirs : allons donc à notre fiancée, allons à Jésus. Le crépuscule du soir luit à ceux qui aiment et qui pleurent : c’est un rêve qui rompt nos liens, c’est un rêve qui nous ramène à notre père.


Notes
1. Je ne puis pas donner les pages suivantes comme une traduction littérale de Novalis, je crois qu’il est presque impossible de traduire littéralement en notre langue cet auteur. La poésie allemande admet déjà par elle-même dans ses tournures et ses expressions une sorte de vague que nous ne supporterions pas en français, et ce vague devient bien autre chose quand il s’y joint un mysticisme comme celui de Novalis. Il m’a fallu, pour me conformer au génie de notre langue essentiellement claire, précise, et assez prude et revêche, soit dit en passant, retrancher en certains endroits, ajouter en d’autres, employer quelquefois toute une ligne, pour rendre la signification d’un mot, et prendre aussi sur moi d’interpréter de temps à autre la pensée de l’auteur. Avec cela je ne puis pas aspirer à l’honneur de donner une traduction irréprochable des Hymnes à la nuit, de Novalis ; aussi je ne l’adresse que comme essai, et cependant comme un essai consciencieux, à ceux qui eu ont absolument besoin pour se donner une idée des morceaux que j’ai traduits. Quant aux autres, quant à ceux qui peuvent lire l’allemand, je leur conseille de tout mon cœur de laisser là cette traduction, et d’avoir recours à l’original. X. M.
2. Je présume que Novalis veut désigner sous ce titre la poésie, mais rien dans son texte ne l’indique d’une manière assez positive.


Source: Wikisource



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