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AMIES POUR LA VIE

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François SCHNEBELEN
Marié, papa d'une petite fille, François habite un petit village de Charente-maritime. Ses genres de prédilection sont la science-fiction, le fantastique, l'imaginaire en général. Il aime bien délirer sur son quotidien et le redéfinir avec des si.
Aussi publié dans des fanzines et sur un autre site du net (Anice-fiction.com), il est à la recherche des avis des lecteurs sur ses oeuvres.

La chatte, Pitchoune, aime se promener.
Ce soir, la curiosité va lui jouer un drôle de tour...




Texte ou Biographie de l'auteur

François Schnebelen
Amies pour la vie

Pitchoune, une belle chatte européenne de quatre ans, aime se promener autour de la maison de ses maîtres. Pas un recoin n'échappe à sa curiosité. Un trou est une aubaine pour y entrer, découvrir une nouvelle aire de jeu. Le soir, à l'heure des repas, elle revient avec des toiles d'araignées dans sa fourrure tigrée à poils longs. Elle sent bon aussi le foin dans lequel elle aime dormir la journée, entre promenades et chasses aux souris.
Au centre du village, des travaux ont actuellement lieux. Alors que le chantier ne devait pas durer plus de deux jours, il a révélé un trou très profond au bord de la route principale. Personne ne sait de quoi il s'agit, même les plus anciens habitants ignorent d'où il provient. Pour ne pas commettre de bêtise, les ouvriers ont préféré arrêter et signaler le danger par un simple ruban rouge et blanc, attaché à quatre piquets.
Comme ce n'est pas très loin de la maison, la nuit venue, Pitchoune s'y rend. D'abord, elle se fait les griffes sur un arbre, observe que personne ne puisse la déranger. Elle se méfie surtout des autres chats, car elle n'est pas très courageuse. Elle est seule, alors elle se rapproche du trou. De son museau, elle renifle les bords. Pitchoune se demande qui peut se cacher au fond. Peut-être des souris… Elle n'hésite pas longtemps avant d'entamer la descente. La terre est instable, des cailloux dévalent la pente, mais elle n'a pas peur. Arrivée au fond, une autre ouverture se présente à sa vue. Son instinct la pousse à poursuivre, alors elle continue et, rapidement, bute dans un obstacle qui stoppe sa progression. Un cri s'élève et l'effraie. Elle rebrousse chemin, puis se ravise. Qu'est-ce ? Ce bruit lui rappelle ceux que peut faire Laura, la petite fille de quatorze mois de ses maîtres.
« Miaou », dit-elle timidement. Un peu comme si elle demandait : « Il y a quelqu'un ? »
Alors elle entend des pleurs et une petite voix : « je suis tombée dans le trou. » Pitchoune se rapproche, frotte sa tête contre ce qu'elle devine être une enfant. Une main vient à sa rencontre, la caresse. « J'ai si peur. » Les doigts courent dans la fourrure, ramènent la chatte contre le petit corps qui tremble de peur et de froid. Le contact avec Pitchoune réchauffe, réconforte la fillette qui se présente : « je m'appelle Marion, et toi ? » « Miaou » est la seule réponse, mais elle suffit. Marion n'est plus seule depuis qu'elle est tombée dans le trou. Elle a pourtant crié, sans que quiconque l'entende et ne vienne à son secours. Coincée, ses forces l'ont abandonnée et elle s'est endormie, épuisée, jusqu'à ce que Pitchoune ne la réveille. A présent, elle reprend espoir. Peut-être que les choses vont s'arranger. En tout cas, elle n'a plus si froid et entendre cette chatte ronronner dans ses bras lui fait le plus grand bien.
Pitchoune se laisse câliner, elle ressent le besoin d'affection de Marion, mais elle sait que la situation n'est pas normale. C'est bien la première fois qu'elle rencontre quelqu'un dans ses explorations souterraines. Une souris, une taupe… d'accord, mais une petite fille ! Non, ce n'est pas normal. Que fait-elle ici ? Pitchoune essaie de se dégager, y réussit, malgré les tentatives de Marion pour la garder dans ses bras. A force miaou, la chatte encourage Marion à la suivre, afin de remonter à la surface. La fillette se débat, gigote, espérant rattraper Pitchoune, mais elle ne parvient pas à se débloquer. Ses efforts sont inutiles, alors elle supplie Pitchoune de rester avec elle.
La chatte a compris le danger, pourquoi la petite fille ne sort pas, car les félins sont bien plus malins que l'on ne le croît. A sa manière, elle explique son départ : elle frotte sa tête contre le corps enfantin et, dans un dernier miaou, elle se dirige vers la sortie. Quelques puissants bonds lui suffisent pour quitter le trou. A la course, elle se dirige vers la maison pour miauler à l'aide.
Dès son arrivée, elle gratte à la porte afin qu'on lui ouvre. Toute la famille est à table : Françoise, la maman de Laura, donne à manger à sa petite fille installée dans sa chaise haute, François, le papa, consulte le courrier du jour. C'est lui qui se lève pour que Pitchoune puisse rentrer. A l'impatience qu'elle manifeste, elle est vraiment pressée de manger ce soir, pense-t-il. Et non, tout de suite, elle miaule, fait mine de sortir, puis se retourne, regarde si on la suit. Mais personne ne comprend, ses maîtres restent installés, se demandant ce qui peut bien lui passer par la tête. Seul Chuck, le caniche, vient à sa rencontre et la renifle sous toutes les coutures. Elle lui donne un coup de patte sur le museau, car ce n'est pas le moment. A nouveau, elle miaule, attrape ce coup-ci Chuck des griffes et le tire vers la porte. Le chien résiste, puis lui accorde son attention. Il aboie, elle miaule, et ça recommence comme s'ils se parlaient. Toute la famille les regarde discuter. C'est étrange ! Cette fois-ci, Chuck et Pitchoune unissent leurs efforts et essaient d'entraîner quelqu'un avec eux dehors. C'est bien la première fois qu'ils sont d'accord tous les deux. Par une jambe de pantalon, ils tirent le papa à Laura. Enfin, il accepte de se relever.
— Je vais voir ce qu'ils veulent, sinon ils ne nous laisseront pas tranquilles, dit François.
— Oui, tu as raison. Je me demande pourquoi ils sont aussi fous, lui répond sa femme.
Le papa à Laura enfile des chaussures, puis prend Chuck sous un bras avant de suivre la chatte qui s'impatiente. Aussitôt, elle saute par-dessus le portail et se dirige vers le chantier. François doit courir pour la suivre, Chuck est ballotté dans tous les sens, mais est bien content d'être de la promenade.
Arrivée à destination, Pitchoune stoppe brutalement. Essoufflé, François la rattrape et regarde le trou en disant : « mais c'est dangereux ! Si on ne fait pas attention, on peut facilement tomber dedans. Ce n'est pas leur malheureux ruban qui y changera quelque chose. Il faudra que je le signale avant qu'un gosse n'y tombe. »
La chatte choisit juste cet instant pour entamer la descente.
« Arrête Pitchoune ! Si tu restes coincée, je n'arriverais pas à te chercher. » En guise de réponse, elle miaule un bon coup et poursuit son chemin. Rapidement, François la perd de vue et, inquiet, appelle la chatte : « Pitchoune, Pitchoune, reviens. » Chuck fait de même, trouble le voisinage de ses aboiements.
Soudain, entre deux appels, un son que François n'attendait pas. N'était-ce pas une voix ? Dans le doute, il demande d'une voix forte : « il y a quelqu'un ? » et tend l'oreille à l'attente du moindre bruit. Presque étouffée, une voix enfantine lui parvient : « au secours. » Etonné, il redemande : « il y a quelqu'un ? » et, à nouveau, on lui répond : « je suis coincée », puis des pleurs s'élèvent, ainsi qu'un miaou. Là, il en est certain, d'après ce qu'il a entendu, une petite fille a du chuter dans le trou.
Les cheveux se dressent sur sa tête, il aimerait sauter au fond, attraper la fillette et la remonter. Mais quelle est la profondeur du trou ? Non, il faut chercher de l'aide.
Avant de partir, il dit à Marion qu'il s'absente vite et revient rapidement. Aussitôt, il court jusqu'à la maison. Pour aller plus vite, il a posé Chuck qui le suit à fond de train. A peine arrivé, François prend le téléphone et appelle les pompiers pour leur dire de venir de toute urgence au centre du village, car une petite fille est coincée dans un trou. Une fois qu'ils ont bien compris le message, il raccroche le combiné. Sa femme est à ses côtés, elle tient Laura dans ses bras. Lorsqu'elle a vu son mari rentrer, elle a compris que quelque chose de grave venait de se passer.
Elle dit alors : « faut y retourner ! »
— Oui, il ne faut pas qu'elle reste seule.

De son côté, Pitchoune fait tout son possible pour que Marion reprenne courage. La chatte sent que l'enfant se laisse aller, qu'elle s'endort, alors elle multiplie les manifestations d'amitié. Elle se frotte au corps qui refroidit, donne de petits coups de pattes sans sortir les griffes, ronronne de toutes ses forces pour peupler le silence pesant qui règne ici. De temps en temps, elle miaule pour capter l'attention, mais Marion est fatiguée, elle a froid, n'arrive plus à conserver les yeux ouverts. La fillette a eu très peur que Pitchoune ne revienne plus, mais elle ne l'a pas abandonnée et, surtout, la voix qu'elle a perçue lui a donné une bouffée d'espoir sur le moment mais, quand elle s'est éloignée, Marion s'est mise à pleurer, croyant qu'on la délaissait. Seule la chatte lui tient toujours compagnie.
Marion aurait toujours voulu avoir un chat ou un chien, mais ses parents lui ont refusé ce droit, préférant ne pas avoir d'animaux à la maison. Pourtant, leur enfant unique s'ennuie seule, un ami à quatre pattes lui ferait le plus grand bien. A présent qu'elle en a un, il est trop tard, elle ne sortira peut-être plus de ce trou. Ses paupières sont lourdes, ses yeux se ferment, le pays des rêves l'accueille dans un grand soupir. Pitchoune se blottit alors contre sa nouvelle amie pour lui tenir chaud.

A nouveau, François court jusqu'au trou et parle à la petite fille, mais elle ne répond plus. Malgré tout, il parle, essaie de lui apporter un peu de réconfort par la voix. Ce qui le rassure un peu, c'est que Pitchoune doit être avec elle et lui tenir compagnie. Heureusement qu'elle a donné l'alerte ! Françoise arrive aussi, Laura est avec elle, une veste par-dessus le pyjama et son doudou dans les bras. Françoise prend le relais et, de sa voix douce, parle à Marion.
Enfin, les gyrophares et les sirènes annoncent la venue des pompiers. Plusieurs véhicules stoppent et libèrent leurs hommes. François va à la rencontre du plus gradé et lui explique la situation. Celui-ci ne perd pas de temps et déploie ses troupes sur les lieux. Il demande juste à François et Françoise de continuer à parler à la fillette, car cela ne peut que lui faire du bien, mais de veiller à ne pas gêner le déroulement du sauvetage.
Les opérations se révèlent plus compliquées que prévues. Lorsque les lampes éclairent l'ouverture, elle s'avère trop étroite pour livrer passage à un homme. Le chef a peur qu'en l'agrandissant, de la terre ne tombe et n'ensevelisse l'enfant.
La fillette ne répond plus depuis une demie heure. Si elle reste au fond trop longtemps, le pire est à craindre. Personne ne sait de qui il s'agit, depuis combien de temps elle est tombée dans le trou. Face à l'urgence, il décide d'élargir l'ouverture en prenant toutes les précautions possibles.

Les parents à Laura parlent toujours, ils savent que c'est important, qu'il ne faut surtout pas qu'ils s'arrêtent. La fillette doit sentir qu'on s'occupe d'elle, qu'elle n'est pas abandonnée à son sort. Les pompiers ne restent pas inactifs et exécutent les ordres du chef. Après vingt minutes d'effort, le plus maigre des leurs, retenu par une corde, descend tête première aussi profondément que possible. De sa lampe torche, il éclaire devant lui. Au bout de quelques mètres, le passage se resserre de trop et il doit stopper. Il appelle, mais aucune réaction. Il poursuit ses appels jusqu'à ce qu'une tête lui apparaisse : celle de Pitchoune qui vient vers lui et miaule à l'aide. Il se contorsionne pour gagner encore quelques centimètres et, tenant la lampe à bout de bras, il réussit enfin à voir la fillette qui ne doit pas avoir plus de quatre ans. Malheureusement, il a beau se débattre, il n'arrive pas à aller jusqu'à elle. Il crie aussi fort qu'il le peut, parvient enfin à obtenir une réaction : les yeux de Marion s'entrouvrent péniblement, avant de se refermer.
Aussitôt, il entreprend de remonter, aidé en cela par ses coéquipiers. A la surface, il raconte tout et exprime son sentiment qu'il ne faut pas traîner pour la sortir de là. Après son témoignage, les hommes redoublent d'énergie pour élargir l'ouverture et rendre le chemin accessible jusqu'à la victime. Les seaux se remplissent, passent de mains en mains, se vident au bord de la route.
Les présents sur la scène du drame voudraient aider au sauvetage, mais un cordon de sécurité les maintient à l'écart pour ne pas déranger le déroulement des opérations. Enfin, du fond du trou, les pompiers aperçoivent la fillette et la chatte pelotonnée contre elle.
Alors qu'ils pensent l'issue proche, la paroi s'éboule et leur cache la victime. Ils crient de dépit. En haut, on comprend que le sauvetage se passe mal. Après un bref moment d'abattement, à l'aide de leurs mains, les pompiers retirent la terre qui bouche le passage. Ils oeuvrent aussi vite que possible, mais n'avancent pas très vite. Pourtant, ils se relaient pour être plus efficaces. Soudain, un trou apparaît devant eux, des pattes creusent énergiquement, repoussent les mottes qui gênent l'accès à la surface. Un miaou mécontent les accueille, leur intime de faire vite. Bien contents que tout ne soit pas perdu, ils poursuivent leurs efforts, s'arrachent les ongles sur les cailloux jusqu'à ce que l'homme à l'avant atteigne Marion. Il se saisit d'elle et la ramène vers lui, tout en reculant. Derrière, on le tire par les jambes, puis le remonte aussi vite que possible, car les parois sont instables et menacent de s'écrouler à chaque seconde.
La suite leur donne raison car, à peine la fillette mise en sécurité, les parois du trou cèdent et, dans un nuage de poussière, le sol s'affaisse. Il était moins une, tout le monde est à l'abri.
La famille qui a donné l'alerte pousse un ouf de soulagement quand l'enfant est retirée du trou. Pitchoune n'est pas loin, fait le gros dos, comme pour la défendre. François et Françoise s'approchent alors. Laura montre Marion du doigt et dit « bébé ! », puis Pitchoune en disant « aouh ! » Personne ne leur refuse l'accès jusqu'au brancard où les secouristes administrent les premiers soins.
Françoise caresse la tête de la petite et lui confie : « tu es sauvée. » Ce simple geste ramène Marion à la conscience. Elle ouvre les yeux, esquisse un sourire puis, des yeux, cherche quelque chose. Une boule de poils saute à côté d'elle et le sourire s'élargit. D'une main, elle serre Pitchoune contre elle, avant de se rendormir. Pitchoune conserve la position tout au long du trajet vers l'hôpital, déconseillant des dents, quiconque de la déloger.
Laura, son papa et sa maman sont aussi du voyage dans leur propre véhicule. François et Françoise discutent de l'irresponsabilité des parents de la petite qui ne se sont pas encore manifestés et qui ne surveillent pas leur enfant. Ils se promettent de ne pas commettre les mêmes erreurs avec Laura qui est dans le siège auto à l'arrière avec son doudou. Il est déjà tard, mais elle n'éprouve pas le besoin de dormir, elle sent que la situation est extraordinaire.
Aux urgences, Marion est prise en charge de suite. Plus de peur que de mal, seulement quelques éraflures, mais elle est choquée par les évènements. Un médecin insiste sur le rôle important joué par Pitchoune qui a soutenu moralement la fillette. A présent que Marion est tirée d'affaire, elle serre fort la chatte contre elle, la caresse, et Pitchoune se laisse faire, ronronne, exprimant ainsi son bonheur. Ses maîtres sont aussi dans la chambre attribuée à sa nouvelle amie et remplacent les parents de la petite auprès d'elle. Ensemble, ils discutent, distraient son attention de son malheur récent. Petit à petit, Marion reprend des couleurs, oublie là où elle se trouve.
Soudain, la porte s'ouvre et un couple la franchit. « Papa, maman », dit Marion. Françoise et François se lèvent, saluent les nouveaux arrivants qui les remercient chaleureusement de tout ce qu'ils ont fait pour leur fille. Estimant préférable de laisser cette famille fêter ces retrouvailles en privée, les parents de Laura décident de prendre congé. De plus, leur fille s'endort dans les bras de son papa, il est temps de la coucher.
Ils embrassent Marion et lui souhaitent un prompt rétablissement. Pitchoune, n'appréciant pas les nouveaux venus qui la regardent avec effroi, saute dans les bras de Françoise pour rentrer aussi à la maison.
Marion est triste de voir la chatte la quitter. D'une petite voix, elle demande : « je pourrais venir la voir des fois ? ».
— Bien sûr, lui répondent les maîtres de Pitchoune, et puis tu pourras jouer avec Laura si tu veux.
— Super ! Dîtes, je pourrais y aller, papa et maman ? interroge-t-elle ses parents.
Ces derniers se consultent du regard sans lui donner de réponse.
Marion rajoute alors : « elle m'a sauvé la vie ! »
— D'accord, lui concèdent-t-ils à contrecoeur.
— Pitchoune, c'est mon amie pour la vie, dit-elle.
Sur cette conclusion, elle reste avec ses parents qui ne trouvent rien de mieux à faire que de la gronder pour être tombée dans le trou.
Sur le chemin du retour, Pitchoune s'est lovée sur les genoux de Laura qui s'est endormie, le pouce en bouche et le doudou contre elle. François et Françoise doutent de revoir un jour Marion, car ses parents ont profité d'une semaine de congés pour louer le gîte et ne sont donc que de passage dans le village.
Malgré tout, ils sont heureux qu'elle soit sauve, et cela grâce à Pitchoune, sans oublier Chuck qui doit s'impatienter à la maison.

FIN

Les plus grands peuvent retrouver Pitchoune:ici

Pour Chuck, c'est

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