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Photo: Pieter Snayers - Bataille de la Montagne Blanche - Domaine public








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Catherine H.
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« Prenez note : nous sommes le 8 novembre 1620, il fait froid, la pluie tourne à la neige, rendant la visibilité de plus en plus ténue.

Dans son château de Prague, le roi de Bohême, Frédéric, est à table. Il a organisé en ce jour un grand dîner. L'arrivée d'un messager le trouble. Le Winterkönig (roi d'un hiver) redoute la prophétie qui lui a annoncé la perte des ses états et la victoire du Lion du Nord.


— Majesté, l'armée se meurt.


Blême, Frédéric se lève. Du balcon, il contemple le triste spectacle.


Les Bohémiens se sont réfugiés dans la Montagne Blanche. Ils sont nombreux, plus de huit mille, mais que représentent-ils face aux cinquante mille Impériaux et Ligueurs, commandés par Spinola et Tilly ? La cavalerie du prince d'Anhalt prend l'avantage, mais se fait rapidement écraser par un ennemi supérieur en nombre. Bavarois et Wallons enfonçant les cavaliers hongrois, profitent de la faiblesse de l'infanterie bohémienne. L'artillerie est en déroute. Comment combattre avec dix canons ? La Montagne Blanche est Rouge, rouge du sang de quatre mille hommes. Chez les survivants, c'est la débandade, mais le massacre se poursuit. La rage et la haine sont palpables.


En deux heures la déroute est totale. Une mer de sang balaie les espoirs nés deux ans plus tôt, emportant dans son carnage Prague, livrée aux vainqueurs, dans laquelle retentissent les cris du Père Dominique de Jésus-Marie, brandissant l'image de la Vierge :


« Rendez à César, ce qui est à César ! » Encouragés dans leur croisade, les soldats portés par la ferveur religieuse, renversent tout sur leur passage, ne faisant pas de quartier.


C'est fini, tout est fini.



Prague entre dans un long hiver, et pourtant...



Rappelez-vous notre dernier cours. On s'était réjouit au printemps 1618, les plus polis se détournaient pour sourire, dans les rues, le peuple riait aux éclats, reprenant à l'unisson la chanson des «crottés». Imaginez la scène : le 23 mai 1618, les gouverneurs impériaux, Martinic et Slavata, membres tchèques du Conseil, sont balancés avec leur secrétaire Fabricius, par une fenêtre du château, dans la plus pure tradition nationale, atterrissant dix mètres plus bas sur un tas de fumier. De quoi nourrir la ferveur des catholiques qui crient au miracle, brandissant des tableaux montrant les ailes des anges servant de parachutes aux défenestrés. L'épreuve de force est engagée, l'insurrection se met en place face à l'Empereur. Durant deux ans, on se bat pour des idéaux religieux et politiques...»



- Dites, Palach, si ce que je vous raconte ne vous intéresse pas, vous pouvez sortir. Sachez, jeune homme, qu'on ne se moque pas de l'Histoire. Je vous mets donc deux heures de retenue, que j'assortis d'un devoir à me rendre sur le respect à avoir envers ceux qui ont lutté pour défendre l'indépendance de leur pays. J'espère que cela vous fera au moins réfléchir.



(École communale de Hradcany, le 30 septembre 1958).

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