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LA DAME AUX CAMéLIAS-CHAPITRE13

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Illustration : La Dame aux Camélias d'après portrait de Charles Chaplin



Musique : Ludwig van Beethoven - Laendler in C Minor Hess 68

Certains droits réservés (licence Creative Commons)





Texte ou Biographie de l'auteur

Chapitre XIII

– Vous êtes venu presque aussi vite que nous, me dit
Prudence.
– Oui, répondis-je machinalement. Où est Marguerite ?
– Chez elle.
– Toute seule ?
– Avec M. de G…
Je me promenai à grands pas dans le salon.
– Eh bien, qu'avez-vous ?
– Croyez-vous que je trouve drôle d'attendre ici que M. de G…
sorte de chez Marguerite ?
– Vous n'êtes pas raisonnable non plus. Comprenez donc que
Marguerite ne peut pas mettre le comte à la porte. M. de G… a été
longtemps avec elle, il lui a toujours donné beaucoup d'argent ; il
lui en donne encore. Marguerite dépense plus de cent mille francs
par an ; elle a beaucoup de dettes. Le duc lui envoie ce qu'elle lui
demande, mais elle n'ose pas toujours lui demander tout ce dont
elle a besoin. Il ne faut pas qu'elle se brouille avec le comte qui lui
fait une dizaine de mille francs par an au moins. Marguerite vous
aime bien, mon cher ami, mais votre liaison avec elle, dans son
intérêt et dans le vôtre, ne doit pas être sérieuse. Ce n'est pas avec
vos sept ou huit mille francs de pension que vous soutiendrez le
luxe de cette fille-là ; ils ne suffiraient pas à l'entretien de sa
voiture. Prenez Marguerite pour ce qu'elle est, pour une bonne
fille spirituelle et jolie ; soyez son amant pendant un mois, deux
mois ; donnez-lui des bouquets, des bonbons et des loges ; mais
ne vous mettez rien de plus en tête, et ne lui faites pas des scènes
de jalousie ridicule. Vous savez bien à qui vous avez affaire ;
Marguerite n'est pas une vertu. Vous lui plaisez, vous l'aimez
bien, ne vous inquiétez pas du reste. Je vous trouve charmant de
faire le susceptible ! Vous avez la plus agréable maîtresse de
Paris ! Elle vous reçoit dans un appartement magnifique, elle est
couverte de diamants, elle ne vous coûtera pas un sou, si vous le
voulez, et vous n'êtes pas content. Que diable ! Vous en demandez
trop.
– Vous avez raison, mais c'est plus fort que moi, l'idée que cet
homme est son amant me fait un mal affreux.
– D'abord, reprit Prudence, est-il encore son amant ? C'est un
homme dont elle a besoin, voilà tout. Depuis deux jours, elle lui
fait fermer sa porte ; il est venu ce matin, elle n'a pas pu faire
autrement que d'accepter sa loge et de le laisser l'accompagner. Il
l'a reconduite, il monte un instant chez elle, il n'y reste pas,
puisque vous attendez ici. Tout cela est bien naturel, il me
semble. D'ailleurs vous acceptez bien le duc ?
– Oui, mais celui-là est un vieillard, et je suis sûr que
Marguerite n'est pas sa maîtresse. Puis, on peut souvent accepter
une liaison et n'en pas accepter deux. Cette facilité ressemble trop
à un calcul et rapproche l'homme qui y consent, même par
amour, de ceux qui, un étage plus bas, font un métier de ce
consentement et un profit de ce métier.
– Ah ! Mon cher, que vous êtes arriéré ! Combien en ai-je vus,
et des plus nobles, des plus élégants, des plus riches, faire ce que
je vous conseille et cela, sans efforts, sans honte, sans remords !
Mais cela se voit tous les jours. Mais comment voudriez-vous que
les femmes entretenues de Paris fissent pour soutenir le train
qu'elles mènent, si elles n'avaient pas trois ou quatre amants à la
fois ? Il n'y a pas de fortune, si considérable qu'elle soit, qui
puisse subvenir seule aux dépenses d'une femme comme
Marguerite. Une fortune de cinq cent mille francs de rente est une
fortune énorme en France ; eh bien, mon cher ami, cinq cent
mille francs de rente n'en viendraient pas à bout, et voici
pourquoi : un homme qui a un pareil revenu a une maison
montée, des chevaux, des domestiques, des voitures, des chasses,
des amis ; souvent il est marié, il a des enfants, il fait courir, il
joue, il voyage, que sais-je, moi ! Toutes ces habitudes sont prises
de telle façon qu'il ne peut s'en défaire sans passer pour être ruiné
et sans faire scandale. Tout compte fait, avec cinq cent mille
francs par an, il ne peut pas donner à une femme plus de
quarante ou cinquante mille francs dans l'année, et encore c'est
beaucoup. Eh bien, d'autres amours complètent la dépense
annuelle de la femme. Avec Marguerite, c'est encore plus
commode ; elle est tombée par un miracle du ciel sur un vieillard
riche à dix millions, dont la femme et la fille sont mortes, qui n'a
plus que des neveux riches eux-mêmes, qui lui donne tout ce
qu'elle veut sans rien lui demander en échange ; mais elle ne peut
pas lui demander plus de soixante-dix mille francs par an, et je
suis sûre que si elle lui en demandait davantage, malgré sa
fortune et l'affection qu'il a pour elle, il le lui refuserait.
« Tous ces jeunes gens ayant vingt ou trente mille livres de
rente à Paris, c'est-à-dire à peine de quoi vivre dans le monde
qu'ils fréquentent, savent très bien, quand ils sont les amants
d'une femme comme Marguerite, qu'elle ne pourrait pas
seulement payer son appartement et ses domestiques avec ce
qu'ils lui donnent. Ils ne lui disent pas qu'ils le savent, ils ont l'air
de ne rien voir, et quand ils en ont assez ils s'en vont. S'ils ont la
vanité de suffire à tout, ils se ruinent comme des sots et vont se
faire tuer en Afrique après avoir laissé cent mille francs de dettes
à Paris. Croyez-vous que la femme leur en soit reconnaissante ?
Pas le moins du monde. Au contraire, elle dit qu'elle leur a
sacrifié sa position et que, pendant qu'elle était avec eux, elle
perdait de l'argent. Ah ! vous trouvez tous ces détails honteux,
n'est-ce pas ? Ils sont vrais. Vous êtes un charmant garçon, que
j'aime de tout mon coeur ; je vis depuis vingt ans parmi les
femmes entretenues, je sais ce qu'elles sont et ce qu'elles valent,
et je ne voudrais pas vous voir prendre au sérieux le caprice
qu'une jolie fille a pour vous.
« Puis, outre cela, admettons, continua Prudence, que
Marguerite vous aime assez pour renoncer au comte et au duc,
dans le cas où celui-ci s'apercevrait de votre liaison et lui dirait de
choisir entre vous et lui, le sacrifice qu'elle vous ferait serait
énorme, c'est incontestable. Quel sacrifice égal pourriez-vous lui
faire, vous ? Quand la satiété serait venue, quand vous n'en
voudriez plus enfin, que feriez-vous pour la dédommager de ce
que vous lui auriez fait perdre ? Rien. Vous l'auriez isolée du
monde dans lequel étaient sa fortune et son avenir, elle vous
aurait donné ses plus belles années, et elle serait oubliée. Ou vous
seriez un homme ordinaire, alors, lui jetant son passé à la face,
vous lui diriez qu'en la quittant vous ne faites qu'agir comme ses
autres amants, et vous l'abandonneriez à une misère certaine ; ou
vous seriez un honnête homme, et, vous croyant forcé de la
garder auprès de vous, vous vous livreriez vous-même à un
malheur inévitable, car cette liaison, excusable chez le jeune
homme, ne l'est plus chez l'homme mûr. Elle devient un obstacle
à tout, elle ne permet ni la famille, ni l'ambition, ces secondes et
dernières amours de l'homme. Croyez-m'en donc, mon ami,
prenez les choses pour ce qu'elles valent, les femmes pour ce
qu'elles sont, et ne donnez pas à une fille entretenue le droit de se
dire votre créancière en quoi que ce soit.
C'était sagement raisonné et d'une logique dont j'aurais cru
Prudence incapable. Je ne trouvai rien à lui répondre, sinon
qu'elle avait raison ; je lui donnai la main et la remerciai de ses
conseils.
– Allons, allons, me dit-elle, chassez-moi ces mauvaises
théories, et riez ; la vie est charmante, mon cher, c'est selon le
verre par lequel on la regarde. Tenez, consultez votre ami Gaston,
en voilà un qui me fait l'effet de comprendre l'amour comme je le
comprends. Ce dont il faut que vous soyez convaincu, sans quoi
vous deviendrez un garçon insipide, c'est qu'il y a à côté d'ici une
belle fille qui attend impatiemment que l'homme qui est chez elle
s'en aille, qui pense à vous, qui vous garde sa nuit et qui vous
aime, j'en suis certaine. Maintenant venez vous mettre à la
fenêtre avec moi, et regardons partir le comte qui ne va pas tarder
à nous laisser la place.
Prudence ouvrit une fenêtre, et nous nous accoudâmes à côté
l'un de l'autre sur le balcon.
Elle regardait les rares passants, moi je rêvais.
Tout ce qu'elle m'avait dit me bourdonnait dans la tête, et je
ne pouvais m'empêcher de convenir qu'elle avait raison ; mais
l'amour réel que j'avais pour Marguerite avait peine à
s'accommoder de cette raison-là. Aussi poussais-je de temps en
temps des soupirs qui faisaient retourner Prudence, et lui
faisaient hausser les épaules comme un médecin qui désespère
d'un malade.
« Comme on s'aperçoit que la vie doit être courte, disais-je en
moi-même, par la rapidité des sensations ! Je ne connais
Marguerite que depuis deux jours, elle n'est ma maîtresse que
depuis hier, et elle a déjà tellement envahi ma pensée, mon coeur
et ma vie, que la visite de ce comte de G… est un malheur pour
moi. »
Enfin le comte sortit, remonta dans sa voiture et disparut.
Prudence ferma sa fenêtre.
Au même moment Marguerite nous appelait.
– Venez vite, on met la table, disait-elle, nous allons souper.
Quand j'entrai chez elle, Marguerite courut à moi, me sauta
au cou et m'embrassa de toutes ses forces.
– Sommes-nous toujours maussade ? me dit-elle.
– Non, c'est fini, répondit Prudence, je lui ai fait de la morale,
et il a promis d'être sage.
– À la bonne heure !
Malgré moi, je jetai les yeux sur le lit, il n'était pas défait ;
quant à Marguerite, elle était déjà en peignoir blanc.
On se mit à table.
Charme, douceur, expansion, Marguerite avait tout, et j'étais
bien forcé de temps en temps de reconnaître que je n'avais pas le
droit de lui demander autre chose ; que bien des gens seraient
heureux à ma place, et que, comme le berger de Virgile, je n'avais
qu'à jouir des loisirs qu'un dieu ou plutôt qu'une déesse me
faisait.
J'essayai de mettre en pratique les théories de Prudence et
d'être aussi gai que mes deux compagnes ; mais ce qui chez elles
était nature, chez moi était effort, et le rire nerveux que j'avais, et
auquel elles se trompèrent, touchait de bien près aux larmes.
Enfin le souper cessa, et je restai seul avec Marguerite. Elle
alla, comme elle en avait l'habitude, s'asseoir sur son tapis devant
le feu et regarder d'un air triste la flamme du foyer.
Elle songeait ! À quoi ? Je l'ignore ; moi, je la regardais avec
amour et presque avec terreur en pensant à ce que j'étais prêt à
souffrir pour elle.
– Sais-tu à quoi je pensais ?
– Non.
– À une combinaison que j'ai trouvée.
– Et quelle est cette combinaison ?
– Je ne puis pas encore te la confier, mais je puis te dire ce
qui en résulterait. Il en résulterait que dans un mois d'ici je serais
libre, je ne devrais plus rien, et nous irions passer ensemble l'été à
la campagne.
– Et vous ne pouvez pas me dire par quel moyen ?
– Non, il faut seulement que tu m'aimes comme je t'aime, et
tout réussira.
– Et c'est vous seule qui avez trouvé cette combinaison ?
– Oui.
– Et vous l'exécuterez seule ?
– Moi seule aurai les ennuis, me dit Marguerite avec un
sourire que je n'oublierai jamais, mais nous partagerons les
bénéfices.
Je ne pus m'empêcher de rougir à ce mot de bénéfices ; je me
rappelai Manon Lescaut mangeant avec Desgrieux l'argent de
M. de B…
je répondis d'un ton un peu dur et en me levant :
– Vous me permettrez, ma chère Marguerite, de ne partager
les bénéfices que des entreprises que je conçois et que j'exploite
moi-même.
– Qu'est-ce que cela signifie ?
– Cela signifie que je soupçonne fort M. le comte de G… d'être
votre associé dans cette heureuse combinaison dont je n'accepte
ni les charges ni les bénéfices.
– Vous êtes un enfant. Je croyais que vous m'aimiez, je me
suis trompée, c'est bien.
Et, en même temps, elle se leva, ouvrit son piano et se remit à
jouer l'Invitation à la valse, jusqu'à ce fameux passage en majeur
qui l'arrêtait toujours.
Était-ce par habitude, ou pour me rappeler le jour où nous
nous étions connus ? Tout ce que je sais, c'est qu'avec cette
mélodie les souvenirs me revinrent, et, m'approchant d'elle, je lui
pris la tête entre mes mains et l'embrassai.
– Vous me pardonnez ? Lui dis-je.
– Vous le voyez bien, me répondit-elle ; mais remarquez que
nous n'en sommes qu'au second jour, et que déjà j'ai quelque
chose à vous pardonner. Vous tenez bien mal vos promesses
d'obéissance aveugle.
– Que voulez-vous, Marguerite, je vous aime trop, et je suis
jaloux de la moindre de vos pensées. Ce que vous m'avez proposé
tout à l'heure me rendrait fou de joie, mais le mystère qui précède
l'exécution de ce projet me serre le coeur.
– Voyons, raisonnons un peu, reprit-elle en me prenant les
deux mains et en me regardant avec un charmant sourire auquel
il m'était impossible de résister ; vous m'aimez, n'est-ce pas ? et
vous seriez heureux de passer trois ou quatre mois à la campagne
avec moi seule ; moi aussi, je serais heureuse de cette solitude à
deux, non seulement j'en serais heureuse, mais j'en ai besoin pour
ma santé. Je ne puis quitter Paris pour un si long temps sans
mettre ordre à mes affaires, et les affaires d'une femme comme
moi sont toujours très embrouillées ; eh bien, j'ai trouvé le moyen
de tout concilier, mes affaires et mon amour pour vous, oui, pour
vous, ne riez pas, j'ai la folie de vous aimer ! Et voilà que vous
prenez vos grands airs et me dites des grands mots. Enfant, trois
fois enfant, rappelez-vous seulement que je vous aime, et ne vous
inquiétez de rien. – Est-ce convenu, voyons ?
– Tout ce que vous voulez est convenu, vous le savez bien.
– Alors, avant un mois, nous serons dans quelque village, à
nous promener au bord de l'eau et à boire du lait. Cela vous
semble étrange que je parle ainsi, moi, Marguerite Gautier ; cela
vient, mon ami, de ce que quand cette vie de Paris, qui semble me
rendre si heureuse, ne me brûle pas, elle m'ennuie, et alors j'ai
des aspirations soudaines vers une existence plus calme qui me
rappellerait mon enfance. On a toujours eu une enfance, quoi que
l'on soit devenue. Oh ! soyez tranquille, je ne vais pas vous dire
que je suis la fille d'un colonel en retraite et que j'ai été élevée à
Saint-Denis. Je suis une pauvre fille de la campagne, et je ne
savais pas écrire mon nom il y a six ans. Vous voilà rassuré, n'estce
pas ? Pourquoi est-ce à vous le premier à qui je m'adresse pour
partager la joie du désir qui m'est venu ? Sans doute parce que j'ai
reconnu que vous m'aimiez pour moi et non pour vous, tandis
que les autres ne m'ont jamais aimée que pour eux.
« J'ai été bien souvent à la campagne, mais jamais comme
j'aurais voulu y aller. C'est sur vous que je compte pour ce
bonheur facile, ne soyez donc pas méchant et accordez-le-moi.
Dites-vous ceci : elle ne doit pas vivre vieille, et je me repentirais
un jour de n'avoir pas fait pour elle la première chose qu'elle m'a
demandée, et qu'il était si facile de faire.
Que répondre à de pareilles paroles, surtout avec le souvenir
d'une première nuit d'amour, et dans l'attente d'une seconde ?
Une heure après, je tenais Marguerite dans mes bras, et elle
m'eût demandé de commettre un crime que je lui eusse obéi.
À six heures du matin je partis, et avant de partir je lui dis :
– À ce soir ?
Elle m'embrassa plus fort, mais elle ne me répondit pas.
Dans la journée, je reçus une lettre qui contenait ces mots :
« Cher enfant, je suis un peu souffrante, et le médecin
m'ordonne le repos. Je me coucherai de bonne heure ce soir et ne
vous verrai pas. Mais, pour vous récompenser, je vous attendrai
demain à midi. Je vous aime. »
Mon premier mot fut : « elle me trompe ! »
Une sueur glacée passa sur mon front, car j'aimais déjà trop
cette femme pour que ce soupçon ne me bouleversât point.
Et cependant je devais m'attendre à cet événement presque
tous les jours avec Marguerite, et cela m'était arrivé souvent avec
mes autres maîtresses, sans que je m'en préoccupasse fort. D'où
venait donc l'empire que cette femme prenait sur ma vie ?
Alors je songeai, puisque j'avais la clef de chez elle, à aller la
voir comme de coutume. De cette façon, je saurais bien vite la
vérité, et, si je trouvais un homme, je le souffletterais.
En attendant, j'allai aux Champs-Élysées. J'y restai quatre
heures. Elle ne parut pas. Le soir, j'entrai dans tous les théâtres
où elle avait l'habitude d'aller. Elle n'était dans aucun.
À onze heures, je me rendis rue d'Antin.
Il n'y avait pas de lumière aux fenêtres de Marguerite. Je
sonnai néanmoins. Le portier me demanda où j'allais.
– Chez mademoiselle Gautier, lui dis-je.
– Elle n'est pas rentrée.
– Je vais monter l'attendre.
– Il n'y a personne chez elle.
Évidemment c'était là une consigne que je pouvais forcer
puisque j'avais la clef, mais je craignis un esclandre ridicule, et je
sortis.
Seulement, je ne rentrai pas chez moi, je ne pouvais quitter la
rue, et ne perdais pas des yeux la maison de Marguerite. Il me
semblait que j'avais encore quelque chose à apprendre, ou du
moins que mes soupçons allaient se confirmer.
Vers minuit, un coupé que je connaissais bien s'arrêta vers le
numéro 9.
Le comte de G… en descendit et entra dans la maison, après
avoir congédié sa voiture.
Un moment j'espérai que, comme à moi, on allait lui dire que
Marguerite n'était pas chez elle, et que j'allais le voir sortir ; mais
à quatre heures du matin j'attendais encore.
J'ai bien souffert depuis trois semaines, mais ce n'est rien, je
crois, en comparaison de ce que je souffris cette nuit-là.
Source: http://www.ebooksgratuits.com

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